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Bernard Cazeneuve à Perpignan – La « part de vérité » du dernier Premier Ministre de François Hollande

Article mis à jour le 17 septembre 2022 à 10:18

Bernard Cazeneuve s’est, depuis son départ, de Matignon lancé dans l’écriture. Vendredi 12 janvier, il était à Perpignan répondant à l’invitation de la secrétaire de la fédération catalane du parti socialiste Ségolène Neuville qui fut également ministre de son gouvernement, et d’Hermeline Malherbe, présidente du conseil départemental des Pyrénées Orientales. C’est face à plus de 150 personnes que l’auteur de « Chaque jour compte » aux éditions Stock, confiait qu’un deuxième ouvrage était en préparation. Un titre qui traiterait cette fois des 32 mois passés en tant que Ministre de l’intérieur, une période durant laquelle la France a été frappée en son sol par les attentats terroristes. Il confiait également avec plus de légèreté son intention d’écrire des romans et même des pièces de théâtre.

Un livre sous forme de journal sur les « 150 jours sous tension à Matignon »
Avec élégance, et humour face à une salle qui buvait littéralement ses paroles, celui qu’ils sont nombreux à qualifier « d’homme d’État » est revenu sur sa nomination, sur la confidence faite par François Hollande le 25 novembre 2016. Quelques jours avant que ce dernier ne rende publique « sa décision irrévocable de ne pas se représenter ».

Bernard Cazeneuve, se rappelle son déplacement à Rennes le 1er décembre 2016. Il est attendu pour inaugurer un centre de secours et tenir une réunion publique devant plusieurs centaines de personnes :

Quelques minutes avant le meeting de campagne, l’ex-Ministre de l’Intérieur assiste médusé à la déclaration du Président de la République : « Je regarde François Hollande annoncer aux Français son choix de ne pas se représenter à l’élection présidentielle. À mesure qu’il prononce son allocution, et que vient le moment de l’annonce attendue, je sens l’émotion s’emparer de moi. Dans la pièce où nous sommes, tout semble figé, y compris les regards des autres témoins de cet instant si particulier. Chacun fixe l’écran de la télévision, comme hypnotisé ».

Quelques minutes après cette annonce, Bernard Cazeneuve « retrouve l’ambiance des rassemblements de campagne. Avec le brouhaha et les applaudissements », des militants, des orateurs qui se succèdent à la tribune pour chauffer la salle avec des paroles « comme si rien ne s’était produit »; il comprend alors que les participants « ne savent rien de ce qui vient de se produire ». Avec le recul, il évoque cette soirée « comme une parenthèse incongrue dans un contexte qui n’augure rien de bon, ni pour les institutions de la Ve République, ni pour la gauche ». 

Plus tard, le Président lui avouera « son émotion » et « avoir éprouvé une forme de soulagement » lors de l’annonce de sa décision aux Français. François Hollande évoquera, lors de cette conversation téléphonique la possibilité de sa nomination à Matignon, lui demandant d’y réfléchir.

« La part de vérité » de Bernard Cazeneuve 
En préambule de son intervention, Bernard Cazeneuve souhaitait rassurer l’assistance. « Je n’ai pas passé 6 mois à Matignon à écrire un livre, je n’en avais pas le temps. Mais au gré de mes déplacements, je passais 15 à 20 minutes par jour à coucher sur un carnet de notes des paroles entendues dans la journée, des schémas, ou des dépêches AFP. Un carnet que j’ai rouvert le soir même de la passation de pouvoir  [NDLR le 15 mai 2017] pour retranscrire ces notes de façon plus littéraire. En préface de son ouvrage, il rappelle qu’il s’était « interdit de jeter un regard rétrospectif sur cette chronique en corrigeant des sentiments exprimés sur le vif, pour en préserver l’authenticité ».

« À propos de l’avènement d’un nouveau monde après l’élection présidentielle ? »
Interrogé par André Bonnet, président du Centre Méditerranéen de Littérature, Bernard Cazeneuve prenait de nombreuses précautions oratoires. Il déclarait à propos de ce soit-disant nouveau monde : « Il s’agit d’un nouveau monde qui veut inventer une 6ème république avec les méthodes de la 4ème, mais sans les talents. J’ai constaté le même opportunisme, le même égotisme que celui de l’ancien monde. Ce monde nouveau n’est pas un monde neuf« .

Tout en souhaitant, pour son pays le succès de cette nouvelle mandature, il revenait sur l’avènement d’Emmanuel Macron, ancien ministre de l’économie de François Hollande : « Je continue de penser que le minimum de loyauté est ce qui fait la cohésion d’une équipe et le respect de l’État. Ils sont nombreux à me dire que dans l’histoire politique, il y a eu de nombreux traîtres, ce n’est pas une raison pour faire de la trahison une vertu ! »

Alors que s’ouvre la campagne pour l’élection du nouveau premier secrétaire du parti socialiste, celui qui se dit un socialiste « violemment modéré, y compris dans [sa] façon d’être de gauche » rappelait les propos de François Mitterand : « quand quelqu’un vous dit que le clivage droit-gauche est dépassé, c’est rarement qu’il est de gauche ». Bernard Cazeneuve, déclarait sous le regard approbateur de Ségolène Neuville, « Moi je suis de gauche et je pense que ce clivage réapparaîtra, car la politique d’aujourd’hui fait creuser les injustices, on reviendra à des choses plus classiques ».

Après la table ronde et les questions du public, Bernard Cazeneuve s’est prêté avec bienveillance à une séance de dédicaces avant de promettre de revenir pour « monter en haut de cette montagne magique ». Ségolène Neuville, qui disait tout le bien de l’homme et de sa force de travail, avait débuté la soirée en le remerciant de sa présence et d’avoir répondu favorablement à son invitation.

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Maïté Torres