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Passer le Certificat d’études : dans les souliers d’un élève de 1930

Passer le Certificat d'études en 2016 : dans les souliers d'un élève de 1930

Article mis à jour le 8 septembre 2022 à 16:30

Depuis 7 ans, le musée de l’école organise le passage du fameux certificat d’études lors des journées européennes du patrimoine. Pour vous faire vivre ce moment de l’intérieur, notre journaliste s’est prêtée au jeu non sans appréhension. En sa compagnie, une vingtaine de « camarades d’un après midi » aux motivations variées était venue profiter de ce moment pour remonter le temps et revenir à l’école inventée un jour de folie par ce sacré Charlemagne… Un diplôme instauré en 1882 et définitivement supprimé en 1989. Il sanctionnait la fin des études primaires et vérifiait l’acquisition des connaissances de base des élèves entre 11 et 13 ans.


♦ Départ pour 1930…

Carmen, ancienne institutrice, a revêtu la blouse grise qu’elle portait avant sa retraite. Elle commence la dictée, en accentuant exagérément les fins de verbes afin que tous comprennent la conjugaison utilisée dans ce texte de 1930. 

« Pas à pas, vers les grèves de l’aval, Rémi descendait en pêchant. Devant lui, sous le soleil à son déclin, les eaux du fleuve coulaient calmes…. »

La dictée redoutée s’avère sans réelle difficulté, à part peut-être « le Chevesne », poisson peu connu similaire à la truite très répandu dans les rivières d’Europe, et dont l’orthographe a beaucoup interloqué les candidats.

Ouf, j’ai franchi l’obstacle de la dictée qui était pourtant ma bête noire au collège, mais les questions liées à cette dernière me posent plus de difficultés. La nature et la fonction des mots … En voyant les yeux ronds autour de moi, j’imagine ne pas être la seule à « sécher » sur cette question … Mais la rédaction s’avérera par la suite plus aisée.

Jusqu’en 1920, pas plus de 35% des candidats obtenaient le certificat. Après la seconde guerre mondiale, le nombre grandissant d’enfants exemptés du diplôme car poursuivant leurs études au collège, rend l’analyse des chiffres d’obtention plus difficile.

Les « problèmes » d’arithmétique faisaient appel à des règles simples (telle la surface d’un cercle) mais pourtant oubliées comme effacées au chiffon par le temps. Le calcul mental, exercice révolu depuis la démocratisation et la multiplication de l’usage des calculettes, s’est révélé plus difficile que prévu avec une réussite très mitigée.
L’épreuve de science laissa les citadins venus passer le certificat d’études parfois pantois, à l’image de la référence à la culture de la pomme de terre, « ses principaux ennemis » ou la manière de « les butter ». L’histoire, la géographie renvoyaient à des connaissances engourdies mais qui avec un peu de temps et de réflexion sont revenues assez aisément.

♦ Les candidats

Une occasion de partager un moment unique parfois multi-générationnel à l’instar de la famille Bosch, dont la grand-mère, le fils et la petite fille sont venus et ont obtenu le précieux sésame. Mais aussi un père venu avec ses filles jumelles plus aguerries à l’exercice ayant passé leur brevet tout récemment.

De l’ancien instituteur venu avec tout l’équipement, trousse, crayons etc… (alors qu’en mauvaise candidate, votre dévouée n’avait même pas prévu un stylo), aux deux jeunes filles ayant fait le déplacement de l’Ariège pour passer le même diplôme que leur grand-mère afin de pouvoir l’évoquer avec elle à leur retour ; tous ces candidats ont chaudement remercié l’initiative de Robert Piquet, directeur du musée de l’école. La remise des diplômes par un représentant de l’inspecteur d’académie fut un moment émouvant pour beaucoup d’entre nous. Certains recevaient avec fierté ce prix récompensant leur ténacité et la volonté de repasser avec brio le diplôme pour la seconde fois car insatisfaits des notes obtenues lors d’une cession antérieure.

♦ Le Musée et les DDEN

Robert Piquet et toute son équipe de Délégués Départementaux de l’Education Nationale font vivre ce musée chaque jour, grâce à la mission que leur avait confié Christian Bourquin. Un musée qui accueille plus de 4.000 élèves de primaire chaque année dans cette salle de cours reconstituée. Les enfants font la classe, avec leçon de morale, écriture à la plume et port de la blouse de rigueur. « Après l’exercice, les enfants comparent les conditions de travail d’avant et les méthodes d’aujourd’hui, ils sont très surpris»  nous confiait Robert Piquet.

Le musée de l’école, rue de la côte St Sauveur à Perpignan, organise tous les ans le certificat d’études lors des journées du patrimoine. La nuit au musée fin mai est l’occasion pour le musée de présenter une pièce de théâtre joué dans le décor de la classe de Jules Ferry, et gare aux trous de mémoire le bonnet d’âne veille sur la classe.

♦ De retour en 2016

« En tant que récipiendaire du certificat d’études, je ne peux dire si « c’était mieux avant ou pas » toutefois je peux attester de la grande disponibilité et bienveillance de toute l’équipe des DDEN, qui vous renvoie à l’époque des « bonbecs fabuleux qu’on piquait chez l’ marchand, Car-en-sac et Minto, Caramel à un franc, Et les mistrals gagnants » mélancoliquement évoqués par Renaud…. Merci à vous…. »

 

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