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Davy Kilembe – Paroles du cœur et Musique du partage

Article mis à jour le 3 avril 2017 à 08:11

C’est à l’occasion de la présentation de son 6ème album « Danser les mots » au Médiator que nous avons rencontré Davy Kilembe. Un artiste qui assemble délicieusement les cépages venant du cœur, de ses convictions et du partage dans sa musique. Un parcours qui sillonne le territoire et fait de Davy Kilembe l’enfant du pays !


« Le déclic de la musique est venu quand je suis sorti du ventre de ma mère »
« D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours voulu être guitariste de rock, je suis tombé dans la musique tout petit, pour moi c’était une évidence ». Dès l’âge de 6 ans, Davy a débuté les cours au point d’orgue, rue Jean Payra, juste à côté de l’actuel Médiator. « C’est devenu depuis une boutique de frippes », nous précise-t-il. « Je me suis ensuite inscrit au conservatoire où j’ai suivi des cours de jazz, mais j’avoue que le fonctionnement ne me convenait pas vraiment. Puis j’ai fais du rock avec des copains, une véritable école ! On se produisait en concerts et on commençait à faire des cachets. Cela s’est fait tout seul, progressivement, naturellement. »

« J’ai tout de même eu un parcours normal, malgré l’école buissonnière. On buvait certes de la bière et on fumait quelques joints mais surtout je pratiquai beaucoup la guitare. J’ai obtenu mon bac, puis une fac de psycho, mais le vers était dans le fruit »… rit-il.

« Aujourd’hui en tant que père, je me rend bien compte que je ne me suis jamais posé la question de mon orientation et ça c’est une chance. Celle de savoir où tu veux aller !

Je construis mes chansons pas-à-pas
Avec de grosses influences dans la musique noire américaine et jamaïcaine mais aussi, le blues, le jazz, la soul, le funk, Davy aime jouer la guitare acoustique, « cela laisse plus de place à la compréhension du texte ».
Davy aime écrire des chansons, c’est son métier, rappelle-t-il, « quand je trouve une chanson bien, je la chante. Mais je veux aller plus loin, une fois qu’elle est créée tout le monde peut la chanter. Donc dans l’absolu, toutes mes chansons, je les écris pour les autres, ils n’ont qu’à les chanter c’est tout ! Je trouve dommage qu’aujourd’hui, on associe un chanteur à une chanson. Alors que dans les années 50-60, Brassens écrivait et chantait, Juliette Greco, Les Frères Jacques ou Yves Montant chantaient la même chanson et cela ne posait pas de problème ».

Même si cela fait plus de 10 ans qu’il fait des disques, dans son dernier opus il a choisi des chansons qui ont maximum deux ans. « J’ai senti une évolution dans mon travail au niveau de la musique et les paroles. Mais aujourd’hui encore je chante des chansons de mon deuxième album, car je me retrouve dans les chansons écrites à l’époque, et je pourrai encore m’y retrouver dans 20 ans. Je pourrai les chanter à 60 piges, car, je crois que ça marche pour toutes les générations ».

♦ « Perpignan, une réelle opportunité pour les musiciens ! »
La salle des musiques actuelles, la Casa Musicale, autant d’opportunités pour les artistes du département. Selon Davy qui a fait parti de ceux qui ont connu le projet du Médiator à l’état embryonnaire, « il existe un vrai vivier, il y a une bonne dynamique dans les musiques actuelles à Perpignan ». Davy nous rappelle qu’il existe d’autres salle de musiques actuelles dans la région, mais pas une structure comme celle de la Casa Musicale, « unique en France ». « La casa musicale c’est difficile de trouver un équivalent ailleurs en France, c’est vraiment particulier. Il y a un gros mélange, un croisement, une mixité autour d’une passion commune, la musique. A la casa, se croisent les professionnels aguerris, mais aussi les amateurs. Dans la musique, il existe des amateurs qui sont de très bons musiciens ! Quand on commence, on ne sait jamais ce qui peut en sortir. Ce sont deux structures qui se complètent et qui s’auto-alimentent ».

« 11 heures de chanson non stop à écrire » : Le futur challenge de Davy
« J’ai un ami qui voyage  régulièrement entre Namur (Belgique) et Cases de Pène où il fait du vin avec Lucien Salani au Domaine des Balmettes. Il m’a mis au défi, il m’a demandé de pouvoir faire le trajet en écoutant mes chansons sans réécouter une seule de mes chansons ! Il y a quand même 11 heures de route, et j’en suis pour le moment à 4 heures, cela représente environ 70 chansons. Il me reste encore 7 heures de chanson à écrire, dans 10 ans ce sera fait ! » dit-il avec un sourire.

Une cuvée pour chaque album
« Lucien Salani est mon ami, mon frérot, mon pot’. Il fait du vin comme je fais des chansons, on a la même philosophie. C’est du vin nature vinifié avec du raisin bio. Moi, je fais de la chanson sans ajout, je n’utilise pas d’artifice de type ordinateur dans ma musique, lui c’est pareil avec le vin. C’est tout naturellement qu’on a mêlé nos énergies, pour chaque album, on choisi un vin dont le caractère correspond, ensuite on travaille un visuel commun. Pour « Danser les Mots », on a choisi un vin spécial, il s’appelle « l’herbe rouge », 90% de grenache 10% de syrah ».

« La tramontane, une épreuve à franchir dans la vie, pédaler contre le vent ! »
Je voulais parler d’une image, un parallèle, entre le cycliste qui galère comme tout un chacun. Et puis dans les épreuves, la tramontane c’est un clin d’œil. « Les caravanes, les klaxons, au bord de la route, il faut lutter contre la tramontane et les concurrents qui se shootent ». C’est une épreuve dans la vie à franchir, pédaler contre le vent. Et puis Le mistral ne rime pas avec caravane. Et c’est aussi une référence à Brassens qui cite la tramontane dans une supplique pour être enterré sur la plage de Sète. »

« La France en 2017, c’est quand même la trime »
Davy regrette le contexte, « je fais partie du français moyen économiquement parlant, et c’est quand même c’est la trime. Et pas que dans le monde de la musique, il n’est que le reflet du monde et de la société d’aujourd’hui. Un monde où les écarts se creusent, les petits sont de plus en plus petits, les gros, de plus en plus gros. Au milieu le trou est de plus en plus béant. Deux mondes qui cohabitent, celui de la grosse industrialisation. Tu prends l’électricité, la plomberie, tu vois des mecs avec leur petit camion et puis tu as les gros réseaux de distribution… En parallèle des réseaux se créent à échelle humaine, le système D, le troc, les musiciens qui jouent dans leur jardin… Je le prends avec le sourire, mais je trouve que quand même ça pourrait être confortable. Je ne voudrai pas faire dans la démagogie, mais de la thune il y en a, et elle va toute dans les mêmes poches. On connaît le discours, mais je crois qu’il existe des solutions ».

« Des respirations qui viennent se faufiler entre deux morceaux »
Interrogé plus particulièrement sur le morceau de 30 secondes « Pas d’omelette », c’est un morceau à deux niveaux de lecture. Un déclinaison du « On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs ». « on est en plein dedans, (faisant référence à l’affaire sur les événements survenus en région parisienne qui ont conduit à la mise en examen de trois policiers suite à un contrôle de police qui a dégénéré).

« J’ai été témoin de comment se déroule un contrôle de police en banlieue. Il y a deux ans, je suivais une formation en région parisienne et franchement,  je peux comprendre que ça peut être difficile pour les jeunes policiers qui sortent de l’école et qui sont confrontés à des situations difficiles. Mais je crois qu’on a des valeurs et que surtout en France, le dernier des enculés, des meurtriers, mérite le respect ! J’ai vu comment devant 50 ou 100 personnes, ils choppent un jeune en scooter et ils le contrôlent devant tout le monde, ils le tutoient… Je caricature un peu mais, si ces policiers devaient vivre dans des cages à poule, qu’ils devaient prendre je ne sais pas combien de transports pour accéder au monde réel et civilisé, et qu’ils se faisaient systématiquement refouler en allant boire un coup, au bout d’une moment, tu es frustré, et t’as envie de brûler des bagnoles quoi ! Alors je ne cautionne pas mais je peux comprendre la colère qui les anime ».

 

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