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François Thomas – Photojournaliste héritier de Fabrice Thomas et Philippe Lobjois

Article mis à jour le 3 novembre 2017 à 14:32

À seulement 23 ans, alors que tant d’autres se cherchent, François Thomas a trouvé sa vocation, celle pour le journalisme restitué sur pellicule. Fils du journaliste fondateur de Terres Catalanes et natif de la capitale du photojournalisme, il est naturellement venu à cette discipline. Par goût de l’aventure ou par passion de dévoiler les informations qui ne font pas la une des journaux, François Thomas a choisi de s’engager auprès de l’ONG SOS Chrétiens d’Orient pour se rendre sur son premier théâtre d’opérations. Il revient de cette mission de 9 mois en Syrie avec des images plein son boîtier. Dès le mois d’octobre, il repart sur le terrain aux côtés du reporter de guerre expérimenté Philippe Lobjois. Ce dernier nous confiait à propos de François « Il a un bon œil et il a la gnaque… Je me revois en lui quand j’étais le seul à pouvoir rendre compte de la situation en Birmanie en 1988 ». Une sorte de « passage de témoin » selon lui.

♦ Prochainement en Syrie avec Philippe Lobjois reporter de guerre
Le journaliste de guerre, qui a longtemps collaboré pour le quotidien Libération, a rencontré François Thomas à Alep. « Nous nous sommes rencontrés à la fin du siège d’Alep en décembre 2016 ». François réalisait des images pour « Le Journal de Myriam » (édition Fayard), Cet ouvrage retranscrit le journal intime que la jeune Myriam a tenu de novembre 2011 à décembre 2016. Cette jeune fille de 13 ans a grandi dans un des quartiers d’Alep et a été le témoin privilégié de l’inquiétude de ses parents, « des rues qui se vident et les commerces qui ferment. Puis au fil des mois, les tirs, les bombes, les « hommes en noir » qui forcent sa famille à fuir. Un récit universel et bouleversant, témoignage unique d’une enfance brisée ».

La situation sur le terrain – « C’est jamais très safe mais tu relativises »
En Syrie, la première chose qui a choqué François est la multiplication les « checkpoints » et surtout le contraste, à quelques centaines de mètres près, qu’il existe, entre une zone totalement détruite par les snipers ou les obus, et une zone où la vie reprend.

« La première fois que je suis allé à Alep, la ville n’était pas libérée, on entendait les bombardements sur la partie ouest de la ville, alors que nous nous rendions dans un restaurant musulman qui avait mis un sapin et des petits anges pour Noël ! Les femmes voilées fumaient la chicha, alors que la ligne de front était à moins de 500 mètres ».

François a consacré un reportage à l’extradition des islamistes d’Al Nostra
Il nous relate ce reportage : « Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il s’agit d’un conflit en peau de léopard. Il y a des poches de combattants partout, d’islamistes ou gouvernementales. Au fur et à mesure, quand les forces gouvernementales appréhendent des islamistes, ils les extradent vers des zones où il n’y a pas d’islamistes. L’objectif est de protéger les populations civiles. Mon exposition montre des islamistes d’Al Nostra, branche syrienne d’Al Quaida qui montent dans des bus affrétés par le gouvernement avec les armes légères, flingues et kalachnikov et leur famille, femmes et enfants. 

« Un contrat avec les islamistes pour libérer Homs »
Ils les envoient en dehors de la zone civile. J’étais à Homs, le gouvernement prenait beaucoup de terrain sur les islamistes mais ne pouvait pas attaquer massivement car il y avait encore 10.000 civiles dans la 3ème ville de Syrie.
Les armées gouvernementales ont proposé aux combattants islamistes un contrat qu’ils ont accepté. Ils les ont envoyés dans la province d’Idlib, au nord ouest du pays, une zone totalement fermée et frontalière avec la Turquie. C’est grâce à cela que la ville de Homs a pu être libéré. En janvier ou février, c’était la première fois depuis six ans que la ville n’abritait plus d’islamistes ! »

La fabuleuse adaptabilité des peuples en temps de guerre
« Ce qui m’a le plus marqué en Syrie, c’est l’adaptabilité des gens dans un contexte de guerre. Les gens vivent sous les bombes avec des combats à quelques centaines de mètres chez eux, mais continuent de vivre presque comme si de rien n’était. Des gens qui vivaient la guerre, sans pour autant en perdre leur sens de l’hospitalité, j’ai toujours été bien reçu même dans les familles les plus pauvres. Des habitants qui n’hésitaient pas à se confier, il y a un réel désir de parler »

Sur le terrain malgré les consignes du Quai d’Orsay
Le jeune photo reporter s’est toujours « senti à sa place malgré les avertissements du gouvernement français ».

Le Quai d’Orsay « déconseille formellement tout déplacement en Syrie ». Les services de l’Etat français les « risques particulièrement élevés d’attentats terroristes et d’enlèvement à des fins politiques ou crapuleuses. Ils peuvent également faire l’objet d’arrestation et de détention sans que les autorités syriennes ne le signalent à la France »

« Je ne sais pas s’ils seraient venus nous chercher, car depuis 2013, ils ont clairement stipulé aux ressortissants français de ne pas se rendre en Syrie. Mais c’est un choix de la part de l’ONG comme de moi même. C’est un conflit dont on entend parler mais pas assez, et le meilleur moyen pour transmettre l’information c’est de se rendre sur place. Il y a plein de scènes auxquelles j’ai assisté dont on n’entend pas parler dans les médias, tout simplement car ils ne sont plus là ! »

Information confirmée par Philippe Lobjois qui nous confiait l’état d’esprit des journalistes de guerre « Sur le siège d’Alep c’est clairement de la non-information », s’insurgeait le journaliste qui couvre des conflits depuis plus de 25 ans. « Sur le terrain, il n’y a que des aidés du régime (de Bachar El Assad) ou qui disent que c’est terrible mais qui ne sont pas là pour rendre compte de la situation ! Cela me rappelle Grosnie, vous êtes face à un moment historique et il n’y a personne. »

Son sentiment sur la situation avec le gouvernement de Bachar El Assad ?
« J’ai eu l’occasion de parler avec des centaines de personnes, à l’heure actuelle la majorité des gens que j’ai rencontré m’on dit « il faut que Bachar reste au pouvoir. Ils sont derrière le Président ! »

François cite des syriens « moi je suis communiste, ou je fais partie de l’opposition, ou je n’ai jamais soutenu les Assad, mais maintenant nous sommes obligés de le garder. S’il quitte le pouvoir, on est tous morts ! »

Le photographe précise, qu’avant la guerre le pays comptait 20 ou 21 millions de personnes, aujourd’hui ils sont encore 19 millions, dont 17,5 vivent dans les zones tenues par les armées gouvernementales et seulement 2 millions dans les zones tenues par les islamistes.

François Thomas vise le festival Visa pour l’image 2018
En 2017, François a réalisé 5 reportages exposés durant le début du mois de septembre. Il souhaite néanmoins pour la 30ème édition de festival international de photojournalisme « réaliser un reportage de fond complet et avec un angle nouveau ». 

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Maïté Torres