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Indifférence, indignations, craintes – le combat des catalans du sud impacte la vie perpignanaise

Article mis à jour le 24 septembre 2017 à 20:52

De plus en plus de voix dans les Pyrénées Orientales s’élèvent « pour défendre la démocratie » suite à ce que de nombreux observateurs qualifient de « coup d’état contre la démocratie, indigne d’un pays européen ». Parmi eux, le Président de l’Université de Perpignan, la Présidente du Conseil Général ou encore Brice Lafontaine, Virginie Barre, Michel Pinell ou Olivier Amiel. Les élus de la ville de Perpignan, pourtant divisés sur le fond de l’indépendance Catalane, dénoncent tous « ce déni de démocratie ». Pour le moment, pas de réaction du côté des quatre députés ou du Maire de Perpignan.

Rappel de la situation en Catalogne : Ce mercredi 20 septembre marque sans doute un tournant dans le processus d’autodétermination catalan et dans le bras de fer qui oppose le gouvernement Catalan et le gouvernement Espagnol. Mariano Rajoy, chef de l’état Espagnol n’a pas hésité à faire intervenir la guardia civil, police nationale espagnole, s’appuyant sur l’autorité judiciaire qui a reconnu  la démarche du gouvernement autonome catalan anticonstitutionnelle.

Une intervention qui a conduit de nombreux citoyens à descendre pacifiquement dans la rue scandant des « Nous voterons ».

Car le noeud du problème est bien là, le débat s’est déplacé. L’on ne parle presque plus de l’indépendance des Catalans, mais du simple fait de pouvoir voter, exprimer le choix du peuple dans les urnes. Un droit fondamental dans toute démocratie. La manière forte qu’a choisi le pouvoir central ne fait que renforcer la détermination des Catalans à vouloir s’exprimer. Les opinions publiques étrangères n’hésitent plus à assimiler cette fermeté à « un coup d’état contre la démocratie, indigne d’un pays européen ».

Les rares politiques locaux qui s’expriment sont unanimement « inquiets » « indignés » ou « choqués »
Virginie Barre Girbaut
, fille du chanteur et interprète Jordi Barre et élue de la liste de la majorité de Jean Marc Pujol, Maire de Perpignan, déclarait sur les réseaux sociaux être « profondément choquée qu’en 2017, en Europe, dans ce si beau pays qu’est l’Espagne, on puisse agir de la sorte. Quand l’Ecosse a voulu son référendum il s’est fait dans le respect et la dignité, le non l’a emporté et la vie a continué toujours dans le respect des urnes. Que l’on puisse en 2017… traiter ainsi les électeurs, avec une telle violence, une telle rage. Je suis profondément choquée ».

Michel Pinell, adjoint à la culture de la mairie de Perpignan déplore que « le gouvernement espagnol semble avoir pris la responsabilité de s’y prendre de la pire des manières qui soit. Et cela ne réglera rien. Bien au contraire ».

Hermeline Malherbe, Présidente du Conseil Départemental et Sénatrice qui brigue un deuxième mandat au Palais du Luxembourg, déclarait sur les réseaux sociaux son indignation. « Sans ingérence sur le fond, la méthode de l’état espagnol, normalement garant des libertés et de la sécurité publique peut tous nous interroger et nous révolter »

Brice Lafontaine, ancien adjoint à la catalanité, démi de ses fonctions lors des dernières élections législatives, a sollicité en début de conseil municipal le dépôt d’une motion afin de pouvoir débattre des évènements de l’autre côté des Pyrénées. Une demande refusée à laquelle Jean Marc Pujol a rétorqué que le débat se ferait en fin de séance. Selon nos informations, de cet échange est ressorti que « les élus sont inquiets de la situation », même s’ils « n’utilisent pas les événements politiquement comme le fait Brice (Lafontaine)« . Les élus sont libres « de prendre la position qu’ils souhaitent sur les événements qui se déroulent au sud ». 

Brice Lafontaine ancien président du Parti catalaniste Unitat Catalana a choisi de s’engager en rédigeant deux courriers. L’un au gouvernement espagnol et l’autre qu’il a déposé à la Préfecture des Pyrénées Orientales, destiné à Philippe Vignes. Le jeune élu alerte le Préfet « de graves événements qui ont cours aux portes de notre territoire », rappelant l’histoire du peuple catalan sous le régime dictatorial de Franco. « L’histoire se répète au sud des Pyrénées. À l’époque, la France avait fermé les yeux jusqu’à être concernée par un exode massif de républicains. Ne reproduisons pas les mêmes erreurs ». Brice Lafontaine enjoignait le Préfet des PO à « saisir les instances utiles afin que la France porte à ses frontières les valeurs qu’elle défend de par le monde ».

Olivier Amiel, adjoint à la rénovation urbaine de Perpignan se disait quant à lui « très inquiet » et « en colère » de ce qu’il qualifie de « gâchis lié à une surenchère des intransigeances des deux cotés ». Il reste persuadé, comme nombre d’observateurs, que « tout aurait pu être réglé en lâchant du leste sur des questions fiscales depuis 2010 ». Il rappelait toutefois son « attachement au principe de non ingérence ». 

Une partie du monde culturel et intellectuel prend position pour la défense du droit d’expression
Une soixantaine de signataires, dont Joan Peytavi Deixona, enseignant et historien à l’Université de Perpignan ou Raph Dumas plus connu dans le monde de la musique électronique, ont réclamé le référendum, « seul un vote démocratique peut permettre de dénouer cette crise ».

Fabrice Lorente en tant qu’universitaire et Président de l’Université de Perpignan dénonçait les « tentatives de privation de la liberté d’expression, qui plus est dans un pays membre de l’Union Européenne », sans vouloir toutefois s’exprimer sur « la question de fond liée à l’indépendance de la Catalogne ». Il appelait , dans un communiqué de presse diffusé ce jour, « chacun à respecter les valeurs fondamentales des droits de l’homme et à aller dans la voie du dialogue et du débat d’idée plutôt que vers la violence et la privation d’expression ».

Rassemblement devant le Consulat d’Espagne à Perpignan
Dès le 20 septembre près de 400 personnes se sont rendues devant les grilles de la représentation de l’État Espagnol dans les PO. Certains d’entre eux ont ensuite convergé pour demander une prise du positon commune des élus locaux sans succès.

Une nouvelle manifestation à l’appel de différents groupes et partis politique a réuni près de 200 personnes devant ce jour à 12h30.

 

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