Depuis janvier 2025, plusieurs habitants de la rue « du marché aux bestiaux » à Perpignan dénoncent les nuisances sonores et les comportements des personnes fréquentant ce bar du cœur du centre-ville. Après des dizaines d’appels à la police municipale, près d’une dizaine de plaintes et une fermeture administrative de 15 jours, pour trouble à l’ordre public, la situation reste électrique entre « Le Tinc Set » et ses voisins. Photo d’illustration © Unsplash.
Alors que cet établissement existe depuis de nombreuses années, les nuisances sonores seraient, selon le voisinage, devenues insupportables après le changement de gérant. Depuis janvier 2025, les voisins du bar appellent régulièrement la police municipale pour des nuisances sonores ou du tapage. Le directeur de la police municipale de Perpignan confirme. « J’ai fait 200 interventions auprès de cet établissement ». Philippe Rouch précise qu’à chaque appel, ses équipes se sont déplacées pour constater les faits.
Avec l’arrivée des beaux jours, la situation s’est encore dégradée. « Les soirées bruyantes dans la rue se sont intensifiées du mercredi au dimanche », confie Gabrielle, une des voisines. La musique s’échappe du bar, portes ouvertes, jusque tard dans la nuit. Impossible de dormir, même avec des boules Quies ».
Malgré les appels, rien n’y fait. « Le Tinc Set » baisserait le volume et fermerait ses portes pour réduire les bruits, mais ferait machine arrière dès le départ des agents de police. Situation qui exaspère le voisinage et favorise le sentiment d’impuissance. Du côté de la police municipale, Philippe Rouch confirme que lors de plusieurs passages, il était impossible de constater le tapage. Il assure que l’établissement a été verbalisé à plusieurs reprises dès le mois de janvier. Depuis cette date, le bar n’a plus la possibilité d’installer une terrasse. Et puis finalement, le couperet est tombé, avec une fermeture administrative de 15 jours (du 26 juillet au 10 août) pour trouble à l’ordre public.
Avec les nuisances et les plaintes, la situation s’est envenimée à Perpignan
Avec la chaleur et la clientèle alcoolisée, la situation est allée de mal en pis. Au fil des mois, les plaintes ne se limitent plus aux nuisances sonores. Cherifa, Gabrielle et d’autres riverains dénoncent des faits de harcèlement, des menaces verbales et des propos à caractère raciste et antisémite. Les retranscriptions des dépositions dressent un tableau accablant : « sale arabe », « sale juive ». Entre la mi-juillet et la date de fermeture administrative, chaque soir, comme réponse à la musique trop forte et aux clients en ébriété avancée, les voisins appellent la police.
Si Philippe Rouch encourage systématiquement l’appel à ses agents plutôt que d’intervenir soi-même, dans ce dossier il se dit las de ne pas pouvoir constater le tapage, ni les insultes en flagrant délit. Monsieur Rouch affirme avoir fait « le maximum » en engageant une fermeture administrative de 15 jours. « J’avais demandé deux mois, le préfet a accordé quinze jours », précise-t-il. Par ailleurs, les propos discriminatoires relèvent désormais de la compétence de la police nationale et de la justice.
Contacté, José De Gouveia, gérant du « Tinc Set », reconnaît une seule entorse au règlement : la venue d’un groupe brésilien sans autorisation en mai dernier lors d’une fête portugaise. « Mais 36 passages de la police municipale ont donné lieu à 35 non-lieux », se défend-il, estimant que la fermeture de son établissement est injustifiée. Sur la page Facebook du Tinc Set, les plaignants sont décrits comme n’aimant pas la sociabilité.
Au téléphone, il réfute également les accusations de racisme ou d’antisémitisme, arguant être lui-même d’origine étrangère et ayant une bonne amie parmi la communauté juive. En attendant que les acteurs du dossier soient convoqués par la police ou qu’une nouvelle fermeture administrative soit décidée, les soirées du mercredi au dimanche sont difficiles dans « la rue du marché aux bestiaux » à Perpignan.
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