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« Des effectifs de CRS choisis pour leur instinct de chasseur » : À Perpignan, l’État attaque le narcotrafic à la racine

À Perpignan, l'État attaque le narcotrafic à la racine

Article mis à jour le 17 novembre 2025 à 15:55

Le 13 novembre 2025, les autorités ont lancé une opération de lutte contre le trafic de stupéfiants au Champ de Mars, quartier à la triste réputation de Perpignan. Sur place, le préfet Pierre Regnault de la Mothe et le procureur Jérôme Bourrier ont affirmé leur volonté de « prendre le mal à la racine ». Une offensive coordonnée qui s’inscrit dans une stratégie de harcèlement durable des réseaux de deal, dans un département où le cannabis et la cocaïne irriguent les cités depuis des années.

Il est 18 heures lorsque plusieurs dizaines de membres des forces de l’ordre, policiers, CRS, brigade anti-criminalité, investissent le terrain. La cité du Champ de Mars est coincée entre une gendarmerie et un lycée, et abrite depuis plusieurs années le point de deal le plus actif de Perpignan. Selon une source, il générerait entre 30 et 50 000 euros chaque jour grâce à la vente de résine de cannabis, d’herbe et plus récemment de cocaïne. En quelques minutes, les guetteurs fuient, abandonnant au sol leur matériel.

CONTROLE NARCOTRAFIC STUPEFIANTS CHAMPS DE MARS PERPIGNAN

Alors que l’opération était encore en cours, la commissaire en charge montrait la quinzaine de pochons de drogues déjà retrouvés sur le terrain. « On deale ici de tout, du cannabis bien sûr, mais de plus en plus de cocaïne », résume-t-elle. Une évolution marquante selon les autorités : « Il y a quelques années, la cocaïne restait marginale, elle devient désormais l’un des produits les plus présents sur les points de deal », indique le procureur.

« On va avoir des effectifs de CRS choisis pour leur instinct de chasseur »

Si les opérations policières se succèdent à la cité du Champs de mars à Perpignan, cette fois-ci, le préfet l’assure, « je ne peux pas me satisfaire d’un point de deal qui dure, qui se cristallise, qui s’enkyste. » Afin de permettre un effet pérenne sur la lutte anti-stupéfiants, le préfet a demandé le soutien des CRS.

« Pour poursuivre le harcèlement quotidien des forces de police, on va avoir des effectifs de CRS choisis pour leur instinct de chasseur ». Selon le représentant de l’État dans le département, ces effectifs resteront sur place le temps qu’il faudra pour avoir un effet durable sur le trafic de stupéfiants dans cette zone.

Selon un membre des forces de l’ordre sur place, ce four est le plus important de la ville depuis le démantèlement de celui de Betriu à Saint Jacques. Le préfet et le procureur martèlent, il ne s’agit pas d’un énième coup d’épée dans l’eau. Cette fois, ils s’attaquent à la racine du mal avec tous les moyens de l’État et de la justice. « Il y a une chaîne qui va du producteur au consommateur en passant par le dealer et la tête de réseau. Ici on va s’attaquer aussi au consommateur », affirme le procureur. « Parce qu’évidemment sans consommateur, il n’y a pas de trafic, concède Jérôme Bourrier.

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Le préfet Pierre Regnault de la Mothe et le procureur Jérôme Bourrier

En attendant la venue des renforts, ce 13 novembre fut le théâtre du démantèlement, face aux journalistes, d’un point de deal dissimulé sous une bâche bleue. Mais pas seulement, les agents sur le terrain ont fouillé l’ensemble des parties communes de cette cité coincée entre une gendarmerie et un lycée. Aire de jeu pour enfants, corbeilles, caves, boites aux lettres ou bas de caisses, les coins et recoins sont autant de cachettes pour les produits à la vente

733 amendes délictuelles dressées aux consommateurs de drogue dans les Pyrénées-Orientales

Clairement, le préfet et le procureur prônent une très grande fermeté contre le narcotrafic dans les Pyrénées-Orientales. Et si Jérôme Bourrier affiche fièrement l’interpellation d’une dizaine d’individus la veille, le préfet dévoile une hausse de 116% du nombre d’amendes forfaitaires dressées aux consommateurs de cannabis.

Pour le procureur, « il faut muscler la répression à l’égard des consommateurs. »

Depuis début 2025, les forces de l’ordre ont dressé 733 amendes pour usage de stupéfiants à des consommateurs. Si pour le moment le pourcentage de recouvrement n’est pas encore connu, le procureur précise que l’amende forfaitaire de 200 euros n’est pas la seule réponse à sa disposition. En effet lors de sa précédente affectation au parquet de Bayonne, le procureur a expérimenté la saisie du téléphone portable des consommateurs, dès lors que l’appareil aurait un lien avec l’achat de substances. « Pour certains profils et notamment les plus jeunes, la saisie et la confiscation définitive du smartphone et de ce qu’il contient est de nature à les contrarier. »

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