Article mis à jour le 24 mars 2025 à 12:00
Ce vendredi 21 mars 2025, c’est l’heure du bilan de mi-saison pour le Théâtre de l’Archipel, scène iconique de Perpignan et du département. L’occasion pour la directrice Jackie Surjus-Collet de remettre l’accent sur l’importance de la collaboration entre entités culturelles à Perpignan, et le mouvement Debout pour la culture.
La (mi-)saison de tous les records
« Comme on gère de l’argent public, c’est important que vous soyez au courant de ce qu’on en fait et comment on avance », sourit Jackie Surjus-Collet. Dans la salle de conférences colorée de l’Archipel, café fumant dans une main et bilan de l’année dans l’autre, le public prend des notes sur les chiffres énoncés par la directrice du théâtre : 94% de taux de remplissage sur la saison, près de 3 000 abonnements, plus de 70 000 places vendues…
La direction revendique la nécessaire adaptation de sa programmation à son public, qui privilégie les représentations en semaine par rapport aux week-ends. La création du Pass solidaire est annoncée comme un succès, une pièce de théâtre revenant « un peu moins cher qu’une place de cinéma ».
L’Archipel a également « baissé le nombre de rendez-vous d’environ 20%, mais [a] rallongé le temps de diffusion, parce que c’est important de soutenir les artistes. Il faut que les spectacles aient le temps de vivre, d’exister, de rencontrer le public », explique la directrice. Moins de spectacles, mais plus remplis.
Le développement de l’Archipel Nomade a enthousiasmé les territoires
« Il n’y a pas de transport public le soir. Tout le monde n’a pas de voiture. Alors nous sommes allés vers les gens, et l’accueil a été phénoménal », sourit la directrice du théâtre iconique. Représentations à Pia, Estagel, Prades, Ille-sur-Têt… le chapiteau de l’Archipel s’est déplacé, ou se déplacera, dans plus de 10 communes et villes du département. « Ce que l’on crée, ce sont des conversations, où on accueille la personne, qui qu’elle soit, quelles que soient ses convictions politiques, sa religion, son niveau social, son âge ».
« Il ne s’agit pas d’attendre que les gens viennent dans ce magnifique équipement dessiné par Jean Nouvel », explique Jackie Surjus-Collet en englobant la salle d’un geste de main. « Beaucoup de gens ne s’autorisent pas [à venir au théâtre]. Il faut déconstruire ce mythe, cette barrière sociale qui permet à certains d’avoir accès à certaines choses, et pas d’autres ».
L’Archipel et El Mediator sont « Debout » pour la culture
L’Archipel a participé au dernier appel du mouvement Debout pour la culture, le jeudi 20 mars. Cette mobilisation nationale, initiée en janvier 2025, par des milliers de professionnels du secteur culturel, sert de catalyseur pour la colère contre les coupes budgétaires drastiques affectant le service public de l’art et de la culture.
« On retrouve des discours un peu rances, qui disent que la culture est un accessoire, que nous sommes élitistes, que c’est de l’entre-soi. Je pensais personnellement que ces discours étaient datés, mais non », constate Jackie Surjus-Collet.
Et la directrice de rappeler les actions invisibles de l’Archipel : 16 000 jeunes touchés, de la maternelle au lycée, et plus de 3 000 hors cadre scolaire, 262 heures d’ateliers de pratique artistique… « Il faut que la sociologie du public que nous avons dans nos salles soit en adéquation avec la sociologie des personnes qui vivent sur ce territoire », martèle la directrice.
Une autre corde à leur arc : Construire des ponts artistiques et émotionnels
Quel est le point commun entre l’Archipel, la Casa Musicale, Jazzèbre, El Mediator, et l’Institut Jean Vigo ? « On est cinq femmes à diriger des structures, c’est quand même à noter », sourit Jackie Surjus-Collet. Les collaborations entre ces institutions de la culture sur le territoire se multiplient. « On imagine des projets. On se questionne sur comment parler au public, comment faire nos actions culturelles ».
Au programme de cette suite de saison, la Semaine de la marionnette du 16 au 23 mars, « On danse à l’Archipel » en collaboration avec El Mediator, du 20 au 27 avril, et « L’Archipel fait son cirque », du 25 avril au 9 mai.
« Aller sur le territoire, partager nos savoir-faire et notre outil, être dans le collaboratif et la coopération avec les autres acteurs culturels, en plus de la programmation, c’est la couleur de l’Archipel », sourit la directrice. « Je fais souvent la comparaison avec le sport. À quel endroit, aujourd’hui, nous restent ces moments de réunion où l’on peut parler à son voisin, sa voisine qu’on ne connaît pas, mais avec qui on a vécu un moment, et vers qui on a envie de se retourner et presque de s’embrasser ? Je pique une phrase à Thomas Jolly [coordinateur des cérémonies d’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques] : Ces moments, ce sont des concentrés d’humanité ».
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