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Assises de la viticulture : le préfet appelle à « l’union sacrée » pour sauver la filière

Article mis à jour le 4 novembre 2025 à 18:07

Sous l’égide du préfet des Pyrénées-Orientales, les professionnels et les instances étaient réunis ce lundi 27 octobre à Perpignan pour le lancement des assises de la viticulture. Le représentant de l’Etat a qualifié la situation actuelle de « crise profonde » et appelé les différents acteurs à l’esprit collectif pour esquisser un horizon viable.

Sécheresse, rendements catastrophiques, arrachage, changement des modes de consommation… Le secteur de la viticulture locale est confronté à une multitude de défis simultanés. Au vu de la gravité de la situation et afin de trouver des pistes d’amélioration, Pierre Regnault de la Mothe, le préfet des Pyrénées-Orientales, a décrété le lancement d’assises destinées à réunir tous les acteurs autour de la table : viticulteurs, coopératives, organisations professionnelles, collectivités et services de l’Etat. La première réunion s’est tenue ce lundi 27 octobre à l’Université de Perpignan. 

Lors de sa prise de parole, le préfet a expliqué que la filière était à « une période charnière » et qu’elle devait désormais « se réinventer ». Dans cette optique, le représentant de l’Etat a dressé quelques pistes censées, à ses yeux, permettre de répondre à cet objectif. 

Pour sauver le vin catalan, quatre groupes de travail et une feuille de route 

La première concerne la réorganisation des coopératives : le préfet aimerait inciter les acteurs à fusionner pour créer des entités plus importantes. La deuxième concerne la création d’une mission « flash » menée les 17 et 18 novembre par le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAER). Les conclusions seront rendues avant la fin de l’année et proposeront des pistes d’action avec « un regard compétent et extérieur ». Troisième point clé : la question de la gestion de la ressource en eau avec l’accélération des projets prévus par le plan de résilience (notamment sur les questions de réutilisation des eaux usées traitées). Enfin, le préfet a annoncé la création d’un contrat de territoire, un outil qui permettra d’établir des engagements réciproques entre les pouvoirs publics et la profession. En clair, il s’agit d’assouplir les critères d’accès à l’eau, en échange d’une transparence sur les prélèvements de la ressource. 

Afin d’avancer plus concrètement et d’impliquer tous les acteurs, le préfet a créé quatre groupes de travail chargés d’élaborer une feuille de route départementale d’ici au printemps 2026. Ces différents groupes se focaliseront sur : la performance économique des exploitations et des entreprises viticoles (compétitivité, intensification, valorisation, commercialisation) ; l’adaptation au changement climatique (pratiques sobres, gestion de l’eau, résilience, diversification) ; l’aménagement du territoire (foncier, prévention des incendies, paysages, tourisme, biodiversité, cultures alternatives dans les zones où la vigne recule) ; la réglementation et les normes (d’après le préfet « certaines normes nécessitent des adaptations et des assouplissements, notamment en raison de contrôles menés de façon pas toujours comprise par les viticulteurs »). 

Les vignerons des Pyrénées-Orientales satisfaits 

Cette dernière affirmation répondrait à une demande formulée par la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricole (FDSEA) et les Jeunes Agriculteurs (JA). Fin septembre, lors de la journée de mobilisation des agriculteurs, les deux syndicats avaient fait du « manque de solutions phytosanitaires », un enjeu majeur. Ils expliquaient alors que « les producteurs sont privés d’outils adaptés, sans alternatives efficaces proposées ». Reste à savoir comment se matérialisera concrètement cette annonce du préfet et comment elle sera perçue par le reste de la population et notamment par les riverains des zones viticoles et les défenseurs de l’environnement. Pour rappel, l’étude nationale Pestiriv menée par Santé publique France et l’ANSES avait révélé mi-septembre que les riverains des zones viticoles étaient particulièrement exposés aux pesticides. 

Les viticulteurs, eux, se sont montrés satisfaits. « On n’est pas dans une énième réunionite, on sent un préfet qui a envie d’agir et c’est un premier pas », a salué Jean-Christophe Bourquin, le président du Comité Interprofessionnel des Vins du Roussillon. De son côté, Enzo Rodriguez, le président des JA 66, s’est dit ravi : « C’est une super initiative avec de bonnes pistes à explorer. On doit se réinventer, s’adapter au climat et proposer un renouveau. Il y a plein de jeunes agriculteurs qui sont prêts à s’engager dans cette voie et à apporter un vent de fraîcheur ». Le salut du vignoble catalan ne viendra sans doute pas d’un plan miracle, mais d’un sursaut collectif. 

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Sébastien Leurquin