Article mis à jour le 30 mai 2025 à 12:24
Depuis février 2025, la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette (FUB) a lancé la 4e édition de « la plus grande enquête citoyenne » sur la place octroyée au vélo dans l’espace urbain.
Objectif : évaluer la qualité des services liés au vélo dans les communes. À l’approche des élections municipales, ce baromètre est l’occasion pour les acteurs publics de se saisir du sujet des mobilités douces.
Quelle participation citoyenne et politiques publiques dédiés au vélo à Perpignan ?
Depuis 2002, l’association Vélo en Têt milite pour renforcer la place du vélo dans les Pyrénées-Orientales. À ce titre, l’association relaie l’appel à participation au baromètre du vélo 2025. Cet outil permet de faire le constat de la place accordé, ou pas, aux vélos par les mairies et autres collectivités. Les résultats, qui seront dévoilés en septembre, révéleront les points d’ombre, les leviers d’amélioration ou les progrès réalisés depuis 2017, date du premier baromètre réalisé par la FUB. Pour le militant de Vélo en Têt, Rémi Soulié, ce baromètre est aussi l’occasion “d’interpeller les politiques et décisionnaires”.
À quelques jours de la clôture du baromètre, 331 personnes, soit 0,3% des Perpignanais et Perpignanaises ont apporté leur contribution. Pour mémoire, en 2021, la FUB avait collecté 276 avis sur Perpignan. Pour que le baromètre soit significatif, à minima, 50 avis doivent être recueillis pour toute commune de plus de 5 000 habitants. Dans les Pyrénées-Orientales, comme nous le confirme Rémi Soulié, Canet-en-Roussillon, 12 000 habitants, n’a collecté que 45 avis et a le statut de « presque qualifié. » « Dépité », Rémi Soulié enjoint les communes à communiquer plus autour de ce baromètre.
15 villes de la ceinture de Perpignan ont jusqu’à présent recueilli suffisamment d’avis pour intégrer l’enquête. Vélo en Têt espère encore pouvoir convaincre suffisamment d’adeptes du vélo de répondre à l’enquête et ainsi amener cinq communes de plus des Pyrénées-Orientales. Pour Rémi Soulié, un plus grand nombre de participants permettrait de peser un peu plus sur la place dédiée au vélo dans l’espace public. À l’échelle nationale, le baromètre 2021 avait intégré 1 625 villes.
Les futurs candidats aux municipales questionnés sur leur politique vélo
Le baromètre est, selon Rémi Soulié, l’occasion d’une “remontée citoyenne” afin d’orienter la politique cyclable locale. Les résultats du baromètre seront d’autant plus scrutés dans le contexte des élections municipales à l’approche en mars 2026.
Rémi Soulié confirme que les résultats seront soumis aux candidats municipaux par l’association Vélo en Têt pour en débattre. Pour rappel, Perpignan avait été classée « F » par Parlons.velo dans le baromètre 2021, soit comme l’une des pires grandes villes de France. « Une locomotive à la traîne dans une situation affligeante” selon Rémi Soulié.
Le constat 2021 affiche 12% de pistes cyclables à Perpignan contre 59% à Grenoble, ville numéro en France.
Repenser l’organisation pour éviter de “pseudo-aménagements ridicules”
Les résultats du baromètre permettraient de lancer une nouvelle dynamique, recentrer le territoire « autour d’un nouveau schéma de mobilité et d’organisation, centré autour du vélo » , confie Rémi Soulié.
Le baromètre devient donc également un outil de mesure de l’évolution des politiques publiques. Mais Rémi Soulié soulève un paradoxe : le baromètre est pris en compte par les autorités locales, mais les progrès demeurent marginaux. Les décisionnaires ne semblent “pas comprendre la demande citoyenne, pour de nouvelles lignes, le stationnement, la sécurité”.
Le militant associatif dresse par ailleurs un panel de problématiques en suspens. Et notamment l’absence d’axes structurants reliant les voies cyclables, ou un dialogue inexistant entre les différentes collectivités. Le tout conduisant à des “pseudo-aménagements ridicules”.
Velo en Têt appelle donc à la mobilisation, pour donner du crédit et la meilleure couverture possible à ce baromètre auprès de l’action publique.
L’intérêt de ce baromètre est d’apporter des outils statistiques et pratiques pour repenser l’espace urbain autour d’un “système vélo” contre “l’idéologie autour de la voiture” selon Velo en Têt.
Quelle perspective pour la métropole de Perpignan et son plan Climat Air Energie ?
Évaluer l’action publique en faveur du vélo revêt un caractère hautement politique. Le plan intercommunal Climat Air Energie, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 s’attaque aussi aux transports, premier foyer d’émissions. Ce plan qui comprend un panel dédié aux mobilités insiste sur « le fort potentiel de développement du vélo ». Car seuls 23% des trajets intercommunaux se font à l’aide de mobilités douces, contre 77% en voiture.
Le vélo devient ainsi un levier majeur pour repenser l’espace urbain et les modes de déplacement. D’où la nécessité affichée de financer des aménagements pour les mobilités actives, de développer le maillage cyclable ainsi que la sécurité de ces axes.
Rémi Soulié insiste, il faut structurer « un schéma directeur entre villes » pour amorcer un « changement dans la société » autour du vélo ainsi que dans le cadre de la lutte contre les pollutions.
D’où l’intérêt de participer à cette enquête pour dresser des constats citoyens. Rémi Soulié rappelle que les déplacements des usagers en vélo se développeraient avec un meilleur maillage cyclable. L’évaluation locale des aménagements est donc le premier pas vers une place plus grande accordée à la mobilité douce. Là réside donc tout l’enjeu de ce baromètre d’opinion 2025, disponible en libre accès jusqu’au 2 juin.
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