Article mis à jour le 25 mars 2024 à 13:08
Mercredi 20 mars, le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Pyrénées-Orientales (CAUE) présentait son nouveau guide de formation 2024 à la presse.
Un an après l’obtention de la certification Qualiopi*, ce nouveau programme vise le perfectionnement technique d’artisanat local des professionnels du bâtiment et de l’urbanisme. Les professionnels du bâtiment présents via leur fédération ont rappelé la nécessité de se former à ces matériaux à la fois plus vertueux écologiquement et tout aussi efficaces que les techniques modernes.
Avec la bétonnisation croissante, chantier après chantier, les techniques de constructions artisanales ont du mal à perdurer, voire sont parfois complètement oubliées. À Perpignan, l’avènement du bâtiment et les grandes mutations de nos sociétés ont rendu désuètes les techniques ancestrales basées sur l’utilisation de matériaux et de savoir-faire locaux.
La quête de la modernité troquée pour celle de l’authenticité
Pour Jean-Philippe Jacquemet, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), le bâtiment « n’utilisait pas les bonnes méthodes pour rénover les anciens bâtiments, peut-être pas non plus les bons produits. » Les formations mises en place par le CAUE ont pour objectif de faire progresser les entreprises, dans les techniques de constructions et rénovations historiques. Des besoins locaux ont été identifiés pour répondre à des problématiques ciblées. Par exemple, l’un des matériaux phares du programme est la chaux. Remplacée par le béton dans l’après-guerre, la chaux est moins énergivore et présente de grandes qualités quant à la régulation hydrique des bâtiments. Dans les Pyrénées-Orientales où la crise de l’eau est au centre de l’attention, l’utilisation du béton devient problématique en raison de la quantité d’eau nécessaire à sa fabrication.
Les architectes doivent chaque année suivre des formations. Avant le programme lancé par le CAUE, il fallait aller suivre ces apprentissages à Toulouse, Montpellier ou Paris. Pour Vincent Meyrignac, administrateur de l’association ArchiPLUS, « la possibilité d’avoir des formations locales, est un atout important pour qu’elles puissent être ciblées. Et en termes de développement durable, cela évite les déplacements. »
Le CAUE dans les Pyrénées Orientales
Le projet du CAUE est de « développer un axe de formation avec un programme annuel, élaboré avec les attentes et les besoins du terrain », selon Marie-Pierre Sadourny, présidente du CAUE départemental. L’équipe, composée d’architectes et de paysagistes, a élaboré les cinq formations du catalogue en travaillant sur des méthodes de constructions et de rénovations ancestrales.
Le coût de ces travaux aux méthodes historiques n’est « pas nécessairement plus élevé », insiste le président de la Capeb. « Si les artisans locaux ne sont pas formés, on perd du temps sur un chantier. Sinon, nous devons faire appel à des entreprises extérieures au département. » Inversement, avec une formation adéquate à des techniques plus vertueuses, les artisans de la région vont acquérir de nouvelles compétences et les prix des interventions ne dépasseront pas celui des travaux « modernes ».
En plus des enseignements pratiques qui permettent de toucher la réalité, des enseignements théoriques sont aussi dispensés par les intervenants. « L’intérêt est aussi de comprendre l’histoire du bâtiment, des matériaux et leur utilité d’hier ou d’aujourd’hui » souligne Jean-Philippe Jacquemet.
Pour rappel, le CAUE a pour mission de promouvoir la qualité architecturale, urbaine, paysagère et environnementale dans le département des Pyrénées-Orientales.
*La certification Qualiopi atteste de la qualité du processus mis en œuvre par les prestataires d’actions concourant au développement des compétences et permet une plus grande lisibilité de l’offre de formation auprès des entreprises et des usagers.