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Le Département des Pyrénées-Orientales annonce deux collèges « bioclimatiques », késako ? 

Le Conseil départemental des Pyrénées-Orientales est revenu sur la création future des deux collèges à Claira et au Boulou. Ces deux infrastructures sont qualifiées de « bioclimatiques ». Qu’est ce que cela signifie concrètement ? Photo – perspective projet © Espagno et Milani architectes

Allongera-t-il la liste de ces termes que nous lisons à toutes les sauces dans les communications officielles ? Le mot « bioclimatique » rejoindra-t-il bientôt la joyeuse cohorte des « sobriété », « durable », « résilient », « adapté », « naturel » ou encore « multimodal » ? Ou bien s’agit-il d’un véritable objectif déterminant un réel virage dans la conception des bâtiments, notamment scolaires ? 

Dans le numéro du mois de septembre de son journal d’information, le Département des Pyrénées-Orientales consacre une partie de son dossier dédié aux travaux dans les collèges à deux projets spécifiques en cours de lancement : les nouveaux établissements prévus au Boulou et à Claira. Deux collèges qui seront « bioclimatiques » et pour lesquels il est annoncé que « la sobriété énergétique et l’adaptation au changement climatique » seront au cœur des projets (avec un coût d’opération estimé à 55 millions d’euros). Bien, c’est dans l’ère du temps mais à quoi faut-il véritablement s’attendre ? 

Une architecture spécifique, des cours de récréation végétalisées 

D’après la définition officielle reprise par le Pays Pyrénées Méditerrannée, « l’architecture bioclimatique consiste à concevoir un édifice en adéquation avec les spécificités de son site d’implantation (géographie, orientation du terrain, microclimat..) afin de réduire au maximum les besoins en énergie de ses futurs occupants, tout en améliorant leur confort ». Il est précisé que « pour atteindre ces objectifs, on utilise des solutions techniques telles que la capture du rayonnement solaire pour chauffer en hiver et la ventilation naturelle en été ». Le but étant de « maintenir une température agréable, jour et nuit, sans dépendre de systèmes énergivores comme la climatisation ou le chauffage électrique ». La végétalisation des espaces extérieurs est également au cœur de ces projets. Et il est précisé qu’un « mur végétal permet un abaissement de la température de près de sept 7°C à l’intérieur d’un bâtiment ». Ou encore que « l’orientation peut réduire de 10% à 30% la consommation d’énergie pour le chauffage et l’éclairage ». 

Qu’en est-il donc pour les deux projets évoqués ? Contacté, le Conseil départemental donne davantage de détails. Il précise que l’appellation de bâtiment « bioclimatique » se traduira via l’obtention du label Bâtiment Durable Occitanie, niveau argent. Ce label s’obtient après un processus d’évaluation du projet, de sa réalisation et de son exploitation, basé sur sept critères : adaptation ou territoire et au site, matériaux éco-performants, économies d’énergie, gestion et récupération d’eau, confort d’hiver et d’été, gestion de projet. 

Concrètement, cela revient pour chacun des deux collèges à un « choix de mode de production de chaleur basé sur des énergies bas carbone (chaufferies bois ou autres solutions type géothermie) ; la présence de panneaux photovoltaïque ; des techniques d’isolation renforcées des bâtiments conformément à la RE 2020 (nouvelle réglementation énergétique et environnementale, NDLR) ; une orientation des bâtiments calculée pour traiter les questions de confort d’été et confort d’hiver (avec présence de brise-soleil) ; le choix de matériaux biosourcés à faible émission de carbone ; des cours de récréation au maximum désimperméabilisées pour gérer le cycle de l’eau au sein de l’établissement et végétalisées avec des îlots de fraîcheur ». 

Pour Le Boulou, le concours de maîtrise d’œuvre est en cours 

Pour le collège du Boulou, qui accueillera 720 élèves ainsi qu’une SEGPA (64 élèves) et une classe ULIS (12 élèves), le concours de maîtrise d’oeuvre est en cours et le lauréat sera choisi avant la fin de l’année. Les plans concrets du bâtiment pourront alors être dévoilés. En attendant, précise le Département, « tous les candidats retenus ont reçu cet été le programme technique détaillé qui reprend les éléments fonctionnels demandés. Ils sont à pied d’œuvre actuellement pour la réalisation de leurs projets architecturaux qui seront étudiés par le jury de sélection » à partir de novembre 2025. Les travaux devraient démarrer en 2027.

Pour Claira, des « parcelles compensatoires » et « un plan de gestion sur 50 ans »

Le collège de Claira en est lui à un stade plus avancé et l’objectif fixé est une ouverture à la rentrée 2027. L’établissement sera dimensionné pour accueillir 28 classes et deux unités pédagogiques adaptées (ULIS et SEGPA) – soit 700 à 840 élèves. 

De nombreux collèges font face à des températures étouffantes, comme ici à la rentrée 2024, au collège Albert Camus de Perpignan.

Le projet a pris du retard en raison des procédures d’autorisations environnementales engagées pendant plus de deux ans avec la DREAL Occitanie, lesquelles ont conduit à de multiples dispositions visant à réduire au maximum l’impact sur la biodiversité locale. Un certain impact inévitable du projet sur des espèces protégées a impliqué la mise en place de mesures compensatoires sur des parcelles identifiées par le Département en partenariat avec le Conservatoire des Espaces Naturels et validées par la DREAL Occitanie. « Toutes ces mesures ont été détaillées dans un arrêté pris par le Préfet avec un plan de gestion sur 50 ans, sur des parcelles préservées dont la surface dépasse largement celle des parcelles mobilisées pour le projet de construction du collège. Ces mesures compensatoires impliquent donc une remise en état des parcelles avec chaque année des études menées par des écologues pour évaluer notamment l’habitat et le développement des populations d’espèces protégées », explique le Département.

Des projets en concertation avec les usagers

Enfin, le Conseil départemental précise que les usagers des deux futurs collèges seront au cœur des considérations et de la réflexion des équipes de maîtrise d’œuvre. Une affirmation que semble confirmer le syndicat SNES-FSU qui explique être convié « à une rencontre avec le conseil départemental le 16 octobre prochain sur ces questions précises ». Le syndicat espère être « consulté et entendu ».

Du côté des parents d’élèves et de la FCPE 66, le président Rémi Landri, explique que sa fédération a déjà pu échanger, « essentiellement sur la question des espaces parents et sur la question de la carte scolaire de Claira pour le moment, afin de répondre au mieux à la mixité sociale et scolaire pour garantir l’égalité des chances des élèves ». « En outre, nous avons apporté notre réflexion sur les questions du bâti scolaire en lien avec les thématiques environnementales et de réchauffement climatique ».

Les parents d’élèves saluent une bonne direction 

L’association de parents d’élèves se félicite également d’annonces qui vont dans le bon sens et qui répondent aux inquiétudes des familles concernant l’environnement d’apprentissage des enfants. 

« La notion de ‘collège bioclimatique’ répond à la nécessité d’adapter les nouveaux bâtis scolaires au réchauffement climatique avec les enjeux environnementaux dans un contexte où on a des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, précoces et intenses. En effet, les températures extrêmes ont un impact négatif sur la santé des enfants et sur leurs capacités d’apprentissage ». 

La FCPE rappelle que, chaque année en juin, « la même problématique se pose, à savoir que certaines salles de classe affichent des températures à plus de 30° avec des conditions pour enseigner et apprendre quasi-invivables ». Pour l’association, « il est essentiel de créer de nouveaux établissements qui minimisent l’impact environnemental comme c’est le cas à Claira et au Boulou ». Reste un autre défi de taille (voire colossal) : adapter le bâti scolaire existant.

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Sébastien Leurquin