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Dermatose bovine : après les Pyrénées-Orientales, l’Ariège touchée à son tour

ELEVAGE VACHES DNC PRATS-DE-MOLLO

Article mis à jour le 10 décembre 2025 à 15:02

Apparue dans les Pyrénées-Orientales au mois d’octobre, la dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) continue de sévir. L’Ariège est désormais le deuxième département d’Occitanie touché. L’Etat a répété sa volonté d’éradiquer la maladie par l’abattage systématique des troupeaux touchés. Dans le monde agricole, incompréhension et colère montent.

L’inquiétude croît. Alors que les Pyrénées-Orientales sont déjà durement touchées par l’épidémie de DNC, la maladie vient désormais de toucher l’Ariège. Un premier foyer a été confirmé, mardi 9 décembre, dans une ferme des Bordes-sur-Arize. La peur des autorités et des agriculteurs est amplifiée par le fait que la commune touchée ne faisait pas partie de la zone réglementée d’un rayon de 50 kilomètres mise en place autour des foyers déclarés dans les Pyrénées-Orientales. Le virus a donc « fait un bond ».

Ce premier élevage ariégeois est situé dans le nord du département, à moins de 20 kilomètres de Montesquieu-Volvestre (Haute-Garonne). Dans la ferme concernée, 208 vaches vont être tuées par les services de l’Etat.

De son côté, la préfecture des Pyrénées-Orientales a également communiqué mardi 9 décembre. Elle a précisé les données pour notre département : « À date, 20 foyers ont fait l’objet d’une mesure de dépeuplement. Soit 497 bovins issus de 21 élevages, sur un cheptel total estimé à plus de 13 000 bêtes ».

A titre de comparaison, l’Ariège compte 72 000 bovins. L’extension de l’épidémie à ce département fait donc redouter une ampleur encore plus grande des abattages.

Colère et manifestations contre la stratégie de l’Etat

Les services de l’État continuent de défendre la stratégie articulée autour de trois axes : dépeuplement des troupeaux touchés, limitation des mouvements dans les zones sous surveillance et vaccination ciblée à ces zones uniquement. Ils mettent en avant l’efficacité de cette stratégie dans l’Ain et en Savoie, deux départements précédemment touchés et qui, aujourd’hui, n’ont plus de cas positifs.

Néanmoins, cette politique questionne les agriculteurs. Car elle ne parvient pas à éviter la circulation du virus et donc la perte de nouveaux troupeaux. En Ariège, ce mercredi 10 décembre, 200 personnes se sont mobilisées contre l’abattage du troupeau dans lequel un cas de DNC avait été détecté. Une mobilisation lancée par la Coordination rurale, selon ICI Occitanie.

Ailleurs en France, aussi, la maladie continue de sévir. Comme dans le Doubs, où l’abattage de 83 vaches sur la commune de Pouilley-Français a dégénéré en de violents affrontements entre 200 à 300 personnes venues s’opposer à l’abattage et les forces de l’ordre largement déployées (175 gendarmes étaient présents).

Ces épisodes et leurs répétitions font monter la colère dans le monde agricole. Les syndicats de La Coordination rurale et de la Confédération paysanne demandent ainsi une gestion de la maladie s’appuyant davantage sur la vaccination et la circulation du virus pour atteindre l’immunité du cheptel. Dans plusieurs départements ruraux en France, les éleveurs demandent également des vaccinations préventives par crainte de voir le virus circuler. Celles-ci sont à l’heure actuelle refusées par l’Etat.

Faut-il étendre la vaccination au risque de bloquer les exportations ? 

Ce cadre strict s’explique par la particularité de la dermatose nodulaire contagieuse bovine, classée en catégorie A dans la réglementation sanitaire européenne. Ce qui signifie que la maladie n’est normalement pas présente dans l’Union. La réglementation stricte vise ainsi à préserver le statut « indemne » du pays entier, condition essentielle pour pouvoir écouler la « production » via le commerce international.

Ainsi, après l’apparition des premiers cas en Savoie, le 29 juin dernier, les exportations françaises avaient été bloquées. La France a donc mis en place des zones de surveillance strictes, dans des rayons de 50km autour des foyers touchés. Depuis le 1er novembre, l’export de bovins non touchés et non vaccinés, s’ils ne sont pas issus des zones sous surveillance, est à nouveau possible.

Vacciner plus largement, comme le demandent beaucoup d’éleveurs, compliquerait à nouveau les exportations. De nombreux pays acheteurs ne souhaitant acquérir que des animaux sains et non-vaccinés. Cet obstacle est néanmoins en passe d’être assoupli. Ce qui tomberait à point, car à l’approche de Noël, la France connaît un pic d’exportation de veaux.

En lien avec l’Union européenne, la France négocie donc avec plusieurs pays la possibilité de vendre des animaux vaccinés. Des discussions sont en cours avec l’Espagne et le principe est déjà acté avec l’Italie et la Suisse. Si le nombre de pays importateurs acceptant les bovins vaccinés continue d’augmenter, cela pourrait changer la donne sur la possibilité d’élargir la vaccination. « Les perspectives pour 2026 sur le déploiement plus large d’une vaccination sont en cours de réflexion », a ainsi expliqué le ministère de l’Agriculture lors d’une conférence de presse, le mardi 9 décembre.

Pour l’heure, sur les 17 millions de bovins français, 1 million d’animaux ont été vaccinés et 3089 ont été abattus (chiffres au 10 décembre 2025).

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Sébastien Leurquin