Article mis à jour le 20 novembre 2024 à 19:18
Opération d’écopâturage à Salses-le-Château : ce 19 novembre 2024, 200 brebis et leurs agneaux ont fait le trajet entre leur élevage et la forteresse de Salses. Le troupeau, accompagné de ses trois fidèles patous, a parcouru les 5 kilomètres traversant les rues de cette commune des Pyrénées-Orientales pour le plus grand bonheur des passants.
Vers 10 heures ce mardi matin, c’est dans un joyeux tintamarre que les brebis de Capucine Lopez, éleveuse à Salses-le-Château, sont arrivées face à la forteresse de Salses. Entourés de trois patous, agneaux et brebis n’avaient qu’une hâte : pouvoir brouter l’herbe fraîche dans les fossés du bâtiment militaire érigé au début du XVIe siècle et modifié par Vauban.
À Salses, les brebis contribuent à sauvegarder les chauves-souris
Les brebis, qui vont rester sur le site durant une quinzaine de jours, vont brouter l’herbe et produire des excréments qui attireront les insectes dits coprophages. Et ces mouches et autres coléoptères font partie des mets préférés des onze espèces de chauves-souris qui ont élu domicile derrière les hautes murailles de la forteresse. Depuis 2008, la forteresse de Salses est inscrite en Zone spéciale de conservation pour les chauves-souris (chiroptères). Car le lieu, construit de 1497 à 1503, à des fins militaires est un véritable dédale de galeries, de salles, d’escaliers qui offrent un environnement favorable pour ces espèces protégées.
Avec cette opération écopâturage, le monument – situé en zone Natura 2000 – s’inscrit dans une démarche de développement durable. Pour Julien Robert, chargé de mission Natura 2000, il s’agit aussi d’éviter l’usage d’essence pour la tondeuse et de booster la pousse de la prairie qui entoure le monument.
Si les brebis s’occupent de l’herbe des fossés et du glacis, deux chats jouent le rôle de prédateur vis-à-vis des rats qui pullulaient jusque-là dans le château. Les deux chats Miro et Zorro sont aussi de très bons accueillants confie Marie-Françoise, cheffe de pôle billetterie.
Clarisse et Gérald, éleveurs ovins à Salses-le-Château
Si seulement une quinzaine d’agneaux accompagnent le troupeau ce mardi matin, toutes les brebis devraient rapidement mettre bas. La nuit même de la transhumance, deux d’entre elles avaient agnelé ; impossible dès lors de les laisser marcher durant les cinq kilomètres qui séparent l’élevage du château. Il a donc fallu les amener en remorque et les relâcher afin qu’elles rejoignent leurs congénères. Selon Clarisse, quand sera venu le temps de rentrer sur les terres de l’élevage, il devrait y avoir plus d’agneaux. La période d’agnelage s’étale en effet de mi-septembre à fin février, confirme l’éleveuse.
Les brebis de Clarisse et de Gérald se nourrissent exclusivement d’herbe, en hiver en plaine, et en été en montagne. « Les années où c’est un peu plus compliqué et notamment avec la sécheresse, on leur met un peu de foin. Mais sinon, c’est vraiment de l’herbe et on change les parcs à chaque fois. On a des grandes rotations sur les prairies. »
Dans le fossé de la forteresse, les brebis ont accès à un point d’eau et seront jour et nuit sous la surveillance des trois patous. Si une personne cherche à rentrer dans le pré, ou affiche une attitude agressive vis-à-vis des brebis, les patous peuvent se montrer particulièrement protecteurs avec le troupeau, confie Clarisse.
L’écopastoralisme, une occasion de sensibiliser les plus jeunes
À l’occasion de cette cinquième édition, et dans le cadre des démarches de protection des espèces et des espaces initiées, les agents de la forteresse de Salses en collaboration avec le Syndicat mixte Rivage et la société Symbiose ont co-construit un projet pédagogique à destination des scolaires de la ville de Salses-le-Château. Ce projet éducatif permet de découvrir les différents enjeux de conservation et le travail du berger.
Clarisse participe aux animations avec les écoles, souvent avec des tout-petits. « On leur explique les bases du métier. Je présente le troupeau et ils peuvent caresser les animaux. Et à la fin, normalement, ils savent reconnaître un bélier, d’une brebis et d’un agneau », lance Clarisse dans un rire.
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