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Front’hier et aujourd’hui : Une journée pour vulgariser les savoirs scientifiques à l’Université de Perpignan

Front'hier et aujourd'hui : Une journée pour vulgariser les savoirs scientifiques à l'Université de Perpignan

Article mis à jour le 23 mai 2025 à 11:39

Mardi 27 mai 2025, les étudiants du Master 2 histoire et sociologie « Civilisations, cultures et sociétés » organisent à l’université de Perpignan une Journée d’études. L’occasion pour les futurs chercheurs de communiquer scientifiquement sur leurs travaux. Cette quatrième édition aura pour thème les rencontres plurielles autour des frontières.

Frontière sociale, symbolique, professionnelle ou géographique… Durant cette journée, les étudiants prendront à rebours la question. Ils présenteront leurs recherches et leurs résultats et les discuteront collectivement autour de trois panels thématiques et d’une table ronde, ainsi qu’une exposition de posters scientifiques. « Le but de cette journée, c’est aussi de créer du lien. Et montrer qu’à l’université, on fait des choses qui peuvent intéresser un public en dehors des murs », assure Mathilde Pette, maîtresse de conférences à l’université de Perpignan. L’enjeu est de vulgariser l’information scientifique, notamment grâce à différents supports.

« On ne veut pas que nos mémoires reposent sur une étagère »

Cette année, ils ont rédigé des billets scientifiques afin de mettre en valeur des extraits de leur mémoire de recherche. « Le but, c’est de faire connaître nos travaux », lance Jeanne. « On ne veut pas que nos mémoires reposent sur une étagère, mais qu’ils participent au monde social. » Des posters scientifiques, réalisés par les étudiants, seront également exposés à l’occasion de cette journée. « L’idée c’est d’avoir l’écriture du manuscrit, une forme scientifique classique, celle du billet, pour vulgariser la recherche, et ce poster scientifique avec des enjeux de graphisme et des informations concises », souligne Mathilde Pette.

Alors que certains étudiants présenteront leurs travaux, d’autres animeront le débat. Flora étudie l’ancrage du corps dans le social : « Je travaille au sein d’une association dite New Age – qui promeut le développement personnel et un retour à la nature avec une approche spiritualiste – j’ai mené des entretiens auprès des participants et des acteurs de ce milieu », nous explique la jeune femme.

Florent, lui, travaille sur le phénomène de cabanisation, notamment les terrains communaux de Saint-Hippolyte. Une bande de 130 hectares, qui compte des milliers de parcelles, aux abords de l’étang de Salses-le-Château. « Il y a des personnes qui vivent en cabane à l’année, d’autres qui vivent à la saison, d’autres qui en font leur jardin. Ce que j’essaie de comprendre, c’est le parcours de vie de ces personnes, ce que cela révèle d’un phénomène central, souvent pointé du doigt, notamment par la charte anti-cabanisation. »

« Chacun évoque une forme de frontière dans son sujet », confie Jeanne, qui dévoilera ses recherches sur la contrebande de sel. Dans le cadre de cette journée, l’étudiante exposera les frontières sociales existant entre le faux saunier, contrebandier du sel, et les acteurs de la justice.

Des rencontres plurielles autour des frontières

Jossly a choisi d’étudier les dynamiques d’accompagnement entre les bénévoles, les salariés du secteur social et les personnes en situation de migration. « Ce qui m’intéresse, c’est la perception des accompagnants sur les limites institutionnelles, juridiques, économiques, sociales et le ressenti au contact des personnes migrantes. »

Pour mener à bien ses recherches, l’étudiant a visité plusieurs associations basées dans le département, à Toulouse ou à Montpellier. « Cela pouvait être des structures d’accueil de premier niveau, qui reçoivent des personnes sans visa de travail, par exemple. Ces personnes sont dans une précarité certaine et cherchent une protection internationale », décrit-il.

Au tour de Guillaume de prendre la parole. Le jeune homme travaille sur l’histoire sociale et culturelle des héros de l’aviation durant l’Entre-deux-Guerres. « Je vais traiter les frontières symboliques et plus précisément celle de l’image du héros, en particulier des pilotes », nous explique-t-il. Un hommage à son arrière-grand-père, lui-même aviateur-mécanicien. Si les noms de Saint Exupéry ou de Jean Mermoz vous disent certainement quelque chose, Guillaume ravive la mémoire de parfaits inconnus, des pilotes ou des personnels d’aéronautique oubliés, invisibilisés par l’Histoire.

« Si on ne parle à personne, ces connaissances resteront dans un cercle fermé »

Anaïs étudie le trafic d’armes dans les Pyrénées-Orientales, durant la guerre civile espagnole. « L’objectif, c’est de montrer à travers différentes catégories d’acteurs, impliqués de près ou de loin dans le trafic, qu’un écart se creuse entre la norme et la loi », révèle la jeune femme. En effet, si la République française n’avait pas le droit d’envoyer des armes à l’Espagne, les contrebandiers, aidés des armuriers ou de la presse, ont transgressé cette loi en envoyant clandestinement des armes de l’autre côté de la frontière.

De son côté, Thierry s’est penché sur l’Histoire de Perpignan. Et notamment le métier de tailleur d’habit. « Il se trouve qu’au XVIIe siècle, il y avait une confrérie ! Mon sujet d’étude porte sur les relations qu’elle entretenait avec la ville, les autorités politiques et religieuses de l’époque », sourit le chercheur. Thierry a choisi de parler de la réglementation autour de la confrérie qui, pour lui, représente une frontière professionnelle. Loin d’être de simples artisans, les tailleurs d’habits avaient aussi une fonction politique.

Enfin, Pierre-Antoine travaille sur le quartier de la gare de Perpignan, entre 1830 et 1914. « Je me suis concentré sur l’aspect urbanistique, pourquoi ce quartier est ici et pas ailleurs et comment il a pu se transformer. » À l’époque, la ville de Perpignan voulait être connectée au chemin de fer. « Jusqu’en 1910, la ville était entourée de rempart pour prévenir l’invasion espagnole. Donc, ils ont installé la gare à un kilomètre, au niveau du Haut Vernet. Petit à petit, les gens se sont installés là, des rues tortueuses se sont formées », décrit le jeune homme, qui tentera d’expliquer comment cette ancienne zone agricole est-elle devenue totalement intégrée à la ville.

À l’heure où certains puissants cherchent à déconstruire le discours scientifique, la diffusion des savoirs a une résonance toute particulière. « Si on ne parle à personne, ces connaissances resteront dans un cercle fermé », affirment ces étudiants, tous passionnés par leur sujet de recherche.

Tout le programme de la journée à retrouver ici.

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