Article mis à jour le 30 juin 2025 à 11:55
Le 26 juin 2025, la chambre régionale des comptes Occitanie (CRC) a rendu public son rapport sur la commune d’Amélie-les-Bains-Palalda. Les finances de la ville qui compte 3 600 habitants ont été contrôlées sur la période de 2019 à 2023, à cheval sur deux mandats, celui d’Alexandre Reynal et de Marie Costa.
Les magistrats mettent en lumière de graves dysfonctionnements dans la gestion patrimoniale, financière et des ressources humaines. De son côté, la maire élue depuis 2020, s’insurge contre « des termes exagérément à charge ». Marie Costa explique le ton « comminatoire » par « la nécessité pour la Cour des Comptes, d’énoncer et de répéter le dogme financier imposé par Bruxelles ». L’élue estime également que ses efforts de redressement ont été ignorés.
La « station-reine » d’Amélie-les-Bains-Palalda peine à diversifier ses touristes encore trop axés sur le thermalisme
Du fait des 34 000 curistes et de leurs accompagnants et des 10 000 touristes que la ville accueille chaque année, Amélie-les-Bains-Palalda bénéficie des classements « commune touristique » et « station de tourisme ». Le premier lui permet de déployer un office de tourisme, sans ce statut, la compétence tourisme est dévolue à la communauté de communes. Le second classement permet à Amélie-les-Bains-Palalda de bénéficier d’un surclassement démographique, mais aussi d’une majoration des indemnités des élus, précise la Cour des comptes.
La commune se hisse à la cinquième place des grandes stations de curistes, mais à l’heure où les prescriptions de cures par les médecins affichent une tendance baissière, la CRC reproche un manque de diversification.
Malgré la volonté de diversification et la démarche de labellisation, la dernière en date, la fête « Les grégoires d’Amélie » ont été officiellement reconnus parmi « Les plus belles fêtes de France », la Cour considère que la commune ne valorise pas suffisamment sa richesse patrimoniale.
La CRC reproche à la commune une exploitation irrégulière de la source principale « Gros Escaldadou » et la mise à disposition d’eau à des sociétés privées sans contrepartie suffisante. Elle pointe également la cession pour un euro symbolique d’une partie de l’ancien hôpital thermal militaire au groupe Tempérance, sans garantie claire de bénéfices pour la collectivité. Sur ces deux dossiers, la mairie s’inscrit en faux.
Ressources humaines : une réforme coûteuse mais « nécessaire »
La chambre fustige une réorganisation structurelle coûteuse, sans évaluation de son efficacité, et le versement irrégulier d’indemnités pour heures supplémentaires. Elle recommande l’arrêt de ces pratiques et la mise en place d’un outil de suivi des 1 607 heures légales. La CRC conclu : « la commune d’Amélie-les-Bains-Palalda a donc vraisemblablement sous-estimé, en amont, le coût budgétaire de la restructuration de ses services. »
Affirmation contestée fermement par Marie Costa, pour l’élue, ces remarques seraient « une ode à la pointeuse assez surréaliste qui semble ne pas prendre en compte l’existence de chefs de service capables de gérer des plannings ».
Pour l’élue du Vallespir, cette masse salariale supplémentaire apporterait un réel service à la population. Et notamment, la création de la maison des Améliens, la « microfolie », un service sportif, et le maintien de l’agence postale de Palalda.
Finances : un endettement assumé au nom de l’investissement
Enfin, la CRC alerte sur une situation financière qualifiée de « critique », avec un recours excessif à l’emprunt, une épargne insuffisante, et une absence de programmation pluriannuelle des investissements. Pour les juges de la Cour des comptes, « les choix opérés par la collectivité en matière de gestion patrimoniale, de ressources humaines et de niveau d’endettement ont aggravé sa situation financière, au point de la rendre aujourd’hui critique. »
Sur ce point, Marie Costa assume la nécessité d’investir et précise que 70 % de la dette actuelle ont été contractés sous la précédente mandature, affirmant que sa gestion actuelle s’inscrit dans une logique de redressement. Le niveau d’endettement serait le résultat d’un plan de relance ambitieux visant à compenser les effets de la pandémie et à maintenir les équipements publics. Dans sa réponse, Marie Costa rappelle qu’après son élection en 2020 son équipe s’est retrouvée face à « une ville négligée » et « marquée par l’obsession aux ratios comptables ». La maire rappelle que grâce à ces investissements lancés depuis son élection, son équipe a « réalisé ou entamé la totalité de ses engagements électoraux. »
Pour Marie Costa, « accepter l’analyse financière de la Cour des Comptes et ses préconisations de réduction de la pilotabilité municipale pour éponger les dettes incontrôlables et d’ailleurs incontrôlées de l’Etat, c’est nous mener au déclin, à la mort de notre ville et de notre territoire. »
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