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Journée d’hommage, le ressenti des enseignants des Pyrénées-Orientales

Journée d'hommage, le ressenti des enseignants des Pyrénées-Orientales

Article mis à jour le 16 octobre 2024 à 12:22

Ce lundi 14 octobre 2024, les collèges et lycées étaient appelés à observer une minute de silence. La communauté éducative rend hommage à un professeur d’histoire-géographie et un professeur de français, tués lors d’attentats terroristes. Si quatre années se sont écoulées depuis l’assassinat de Samuel Paty et un an après celui de Dominique Bernard, l’émotion reste palpable ; et avec elle, les craintes, et les questions toujours aussi nombreuses. Photo : sensibilisation et temps d’échange avec des élèves de 1ère du lycée Lurçat, le 16/10/2023 © JC Milhet / Hans Lucas.

Une cérémonie commémorative s’est tenue au sein de la DSDEN (Direction des services de l’Éducation Nationale) des Pyrénées Orientales à Perpignan, le 14 octobre.

« C’est toujours un grand moment de recueillement, de tristesse et une grande émotion », confie Isabel Sanchez, co-secrétaire départementale au SNES FSU 66. Cette année, les enseignants du lycée Rosa Luxemburg de Canet se sont recueillis en classe, avec les élèves. La minute de silence en hommage à leurs collègues assassinés est suivie d’un temps de réflexion où les professeurs d’histoire, de langues ou d’enseignement moral et civique sensibilisent les lycéens à la laïcité.

Beaucoup d’enseignants travaillent dans un climat d’insécurité

« Les Académies ont une plaquette pédagogique concernant ce travail sur la laïcité. Ils donnent une série de textes, que l’on peut analyser avec les élèves pour pousser la réflexion », assure Isabel Sanchez. Un guide auquel les enseignants peuvent se référer afin d’aborder ces sujets, parfois sensibles. L’année dernière, la professeure d’espagnol et ses collègues avaient lu dans la cour la lettre, « très poignante », de Jean Jaurès aux instituteurs et institutrices.

Depuis ces attentats qui ont marqué la France, beaucoup d’enseignants travaillent dans un climat d’insécurité. « Nous avons notre liberté pédagogique pour aborder n’importe quel sujet, sauf que parfois, certains réfléchissent à deux fois avant d’entamer une conversation sur ce qui se passe actuellement », reconnaît l’enseignante. Selon plusieurs sources, des professeurs feraient même l’impasse sur certaines parties du programme scolaire, jugées « trop sensibles ». 

Aujourd’hui, les enseignants sont soutenus par les services de l’éducation nationale et leur chef d’établissement. « Il y a une cellule ministérielle et rectorale en lien avec la laïcité, si jamais nous avons une difficulté ou si l’on veut être accompagné », assure Isabel. Un appui pour les professeurs qui appréhendent une séquence d’enseignement ou qui font face à des résistances. « On a le soutien de notre administration et aussi de notre institution. Le thème de la laïcité est important pour eux. »

La laïcité est-elle vraiment appliquée dans les Pyrénées-Orientales ?

Le lundi 7 octobre, à Tourcoing (Nord), une enseignante a été giflée par une élève à qui elle avait demandé de retirer son voile. Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire doit être précédée d’un dialogue avec l’élève.

Pour rappel, l’éducation nationale rend publics mensuellement les chiffres d’atteintes à la laïcité. Au global, en septembre 2023, 1 034 faits d’atteinte au principe de laïcité ont été recensés ; soit une hausse de 40 % par rapport à juin 2023.

Selon le SNES FSU 66, cette problématique existe aussi dans les Pyrénées-Orientales. « Parfois, il faut faire le forcing pour faire respecter cette règle qui est la même partout. Et on voit de plus en plus de violence », déplore Isabel. « C’est un problème qui est réel et qui existe. Dans certains établissements, cela commence même à devenir dangereux. »

Selon l’enseignante, il y a un problème de contournement de la loi. « Lorsque l’on fait les portes ouvertes, certains parents rentrent dans l’établissement et portent le voile, les filles qui les accompagnent le portent aussi. C‘est un samedi, c’est en dehors du temps scolaire, alors on évite les polémiques… »

L’enseignante a passé une formation spécialisée en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail. « On voit de plus en plus d’agressions verbales et physiques de la part des parents concernant la laïcité ou autre. » Isabel constate une montée de la violence chez les adultes, comme chez les élèves. « Cette violence commence à se répandre. Et ça constitue une souffrance au travail. » Sans nous donner plus de précision, elle nous signale qu’une agression a eu lieu récemment dans son lycée.

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Célia Lespinasse