Les 21 et 22 août 2025, le Petit Festival de la Côte Vermeille revient pour une édition de transition entre deux cycles artistiques. Porté par la Compagnie Objet Direct et la metteuse en scène Razerka Lavant, l’événement s’installe à Collioure et Banyuls-sur-Mer.
Pour sensibiliser aux enjeux de l’environnement, le Petit Festival propose une approche à la fois didactique et poétique, grâce à des rencontres et des conférences inspirées de l’éducation populaire. Pour cette édition, l’historien François Hartog donnera une conférence. En amont, il nous a livré sa vision du temps et du présentisme.
Le Petit Festival de la Côte Vermeille veut « donner de la voix à ceux qu’on n’entend pas »
Depuis sa création, le Petit Festival s’est affirmé comme un espace où l’art rencontre l’engagement citoyen. Dans une démarche fondée sur le partage, la création collective et l’enracinement local, Razerka Lavant conçoit chaque édition comme un terrain d’expérimentation sensible et poétique. « Le territoire est au cœur de la proposition », affirme-t-elle. L’artiste insiste sur le dialogue instauré entre les habitants, les artistes, les chercheurs et les lieux.
Au Petit Festival, la parole de la boulangère se mêle à celle des chercheurs et chercheuses. « Ce sont ceux qui tentent de poursuivre leur activité sans épuiser la planète », confie Razerka.
Depuis 2021, le Petit Festival s’inscrit dans le paysage culturel des Pyrénées-Orientales comme un moment d’éveil artistique et citoyen. Les quatre premières éditions formaient un cycle basé sur les éléments, l’eau en 2021, la terre en 2022, l’air en 2023, et enfin le feu en 2024. Avant de relancer un nouveau cycle de quatre ans dédié au temps, cette nouvelle édition est comme un trait d’union entre deux grands cycles de création.
François Hartog : penser les tensions temporelles de notre époque
Parmi les voix invitées cette année, celle de l’historien François Hartog résonne particulièrement avec l’esprit du festival. Spécialiste du concept de « régimes d’historicité », il propose une lecture lucide et nuancée de notre époque dominée par le « présentisme ».
Selon l’universitaire avant le XVIIIe siècle, le passé était la catégorie dominante. C’était le moment, où, pour agir, on regardait vers le passé pour comprendre le présent. À partir des temps modernes, nos sociétés ont commencé à investir davantage le futur. « Le grand mot de cette époque est le Progrès avec une majuscule. » Avec la révolution industrielle, le progrès politique et technologique porte aussi les perspectives d’émancipation. Puis entre les années 60 et 80, « on a commencé à parler de crises du futur. On n’était plus sûr que les enfants auraient une vie meilleure que celle de leurs parents », confie François Hartog. Ce fut le moment, où le temps présent a supplanté le futur.
S’est alors ouvert la phase du présentisme. « Il s’agit de vivre au présent », détaille l’historien. Ce dernier cite en exemple le slogan de François Hollande lors de la campagne présidentielle de 2012, « le changement c’est maintenant. » Le présent semblait éternel, la seule catégorie.
Mais pour l’historien, nous sommes entrés dans une nouvelle phase de perception du temps. Avec l’accélération des technologies, (internet, les réseaux sociaux…), « nous sommes enserrés dans un réseau de temporalités différentes, conflictuelles et hétérogènes. (…) Désormais, les milliards d’années de la terre et la seconde du tweet de Trump cohabitent. Nous sommes dans une situation inédite. »
Une programmation artistique au service du sensible
La programmation du Petit Festival 2025 se déploiera sur deux journées. Le jeudi 21 août, le Château Royal de Collioure accueillera le vernissage de l’exposition « 1001 bactéries » de Jérôme Gelès, fruit d’un dialogue entre art et recherche scientifique mené avec l’Observatoire de Banyuls. Le lendemain à Banyuls-sur-Mer, la journée débutera par un petit-déjeuner musical, avant une série de conférences et de rencontres, dont celle de François Hartog.
En fin d’après-midi, la création théâtrale « Ida, oiseau de nuit », adaptée d’un texte d’Hélène Bessette, réunira danse flamenco, percussions et lecture scénique. La soirée se clôturera par « La poésie sauvera le monde » de Jean-Pierre Siméon, portée par Denis Lavant, Aurélia Thierrée et Seb Martel. Un couscous musical proposé par Mourad du Petit Monde viendra nourrir corps et âmes.
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