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À Perpignan, ces femmes actrices d’une campagne de sensibilisation au harcèlement de rue

À Perpignan, ces femmes lancent une campagne de sensibilisation au harcèlement de rue

Article mis à jour le 18 décembre 2024 à 19:09

Selon un récent sondage de l’Ipsos, en France, 80% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les espaces publics. Encore aujourd’hui, le harcèlement de rue reste difficilement identifiable. Lundi 25 novembre 2024, l’Espace citoyen du Bas-Vernet a été le théâtre du lancement officiel de la campagne « STOP au Harcèlement de Rue, respectez le code de la rue », un projet innovant et collaboratif destiné à lutter contre ce fléau. Photo © Mark Pan4ratte Unsplash.

Éduquer, prévenir et inciter à agir. Initiée en avril 2024, cette campagne portée par Habitat Perpignan Méditerranée*, le CIDFF66** et la ville de Perpignan propose des solutions et encourage l’action. Pour mener à bien ce projet, un groupe de femmes habitant le quartier du Bas-Vernet a activement participé à l’élaboration d’une campagne publicitaire, visible dans le centre-ville dès 2025.

Un parallèle entre le respect du code de la rue et celui de la route

Ces affiches percutantes mettent en scène une série de situations de harcèlement et de comportements tels que les sifflements, gestes obscènes ou commentaires inappropriés. « Nous avons reproduit des diapositives du Code de la route. Les participantes ont trouvé intéressant de faire un parallèle entre le respect du Code de la rue et celui de la route », nous explique Delphine Gaguin-Bouhlel, porteuse du projet au sein d’Habitat Perpignan Méditerranée. « En tant que piéton, on doit se conformer à un code en respectant les droits de chacune et de chacun. »

Dans ce format, chaque situation est illustrée avec une question. « Je trouve une personne attirante, je peux lui mettre la main en fesse sans son consentement, oui ou non ? », lit Delphine. « On rappelle chaque fois la nature du harcèlement, avec une copie de l’article de loi relatif à cette infraction. » Les victimes et les témoins sont incités à réagir avec un QR code qui géolocalise sur une carte les associations pouvant venir en aide aux femmes.

L’objectif, c’est que cette campagne publicitaire occupe l’espace », assure Sandra Hernandez, directrice du CIDFF. Ce QR code, à l’initiative de la préfecture et du droit des femmes, renvoie aussi vers les permanences d’associations intervenant dans le cadre des violences conjugales ou des violences sexistes et sexuelles au travail.

Des habitantes du Bas-Vernet à l’initiative du projet

Pour mener à bien ce projet, Habitat Perpignan Méditerranée s’est appuyé sur ce petit noyau de femmes. « On avait envie de faire une action sur le harcèlement de rue, car nous avions constaté que dans certains quartiers, la problématique était manifeste », souligne Delphine. Les étudiantes de l’école de soins infirmiers du Bas-Vernet ont notamment signalé des faits de harcèlement.

« Il a fallu lutter contre des idées préconçues liées au harcèlement. Chacune mettait en place des stratégies d’évitement, et n’avait pas conscience de ce qu’elle vivait au quotidien », mentionne Delphine. Le fait d’être sifflé ou de ne pas passer à un endroit parce qu’il y a des hommes est trop souvent intériorisé. Les participantes ont pu travailler avec une juriste à définir ce qu’était le harcèlement de rue.

« Le but, c’est d’agir sans se mettre en danger »

« Lorsque l’on est témoin, le but c’est d’agir sans se mettre en danger », affirme Sandra. « Nous avons donc formé ces femmes à la méthode des « cinq D ». » Distraire, Documenter, Diriger, Déléguer et Dialoguer… Cette technique permet d’intervenir en toute sécurité. « Vous pouvez par exemple aider la personne en récoltant des preuves du harcèlement. »

Dans les Pyrénées-Orientales, les restaurateurs estiment aussi qu’ils ont un rôle à jouer. « Si une dame est victime de harcèlement de rue, elle peut « demander Angela » à nos professionnels formés à accueillir les victimes, à les mettre en sécurité et à prévenir les autorités compétentes », nous explique Brice Sannac, président de l’UMIH***. Il y a deux ans, l’UMIH 66 proposait à ses adhérents de rejoindre ce réseau national, afin de s’engager contre le harcèlement de rue. Une initiative lancée en 2020 par le gouvernement.

*Acteur du logement social des Pyrénées-Orientales
**Centre d’Information des Droits de la Femme
***Union des métiers et des industries de l’hôtellerie

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Célia Lespinasse