Article mis à jour le 26 novembre 2025 à 13:31
Ce 25 novembre 2025, plus de 300 personnes ont marché à Perpignan dans le cadre de la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes. À la fin du cortège, plusieurs membres du collectif des droits des femmes ont nommé une à une les femmes tuées depuis le début de l’année.
En 2025, en France, une femme tuée presque tous les deux jours
Place de la République, à la lueur des flambeaux, Katia Mengo, militante féministe rappelait le triste bilan de l’année. Avec une hausse de 0,4% des violences conjugales, 11% des féminicides et 153 femmes mortes depuis janvier 2025, les chiffres restent élevés. « Parmi les 403 tentatives de féminicide au sein du couple, 47% des victimes avaient signalé cette violence, soit à la police, soit à la gendarmerie et 81% avaient déposé plainte. »
Quant au profil des auteurs de violences, la majorité est de nationalité française et a moins de 49 ans, précise la militante en reprenant les chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur. Au total, les forces de l’ordre comptabilisent 1 283 victimes, soit 3,5 par jour. Un chiffre encore plus éloquent quand on parle de viol ou de tentatives de viol avec une hausse de 9% par rapport à 2024. Concrètement, en France, toutes les deux minutes, une femme est victime de viol ou d’agression sexuelle.

Dans le cortège, Melissa et Marie, 23 ans chacune arborent une pancarte au-dessus de leur tête : « On m’a dit de craindre la rue, mais le danger dormait à côté de moi ». Pour les deux amies, leur présence est importante à la marche. « La lutte est importante. » Sur le viol, les jeunes femmes insistent, il faut permettre à la parole de s’exprimer. « Le viol est surtout conjugal, alors que dans l’esprit collectif, le danger serait tard le soir, et viendrait d’un inconnu », confie Melissa.
« Solidarité avec les femmes du monde entier », « toutes unies contre le patriarcat »
Lors de la marche, les femmes ont entonné des chants pour rappeler la nécessaire solidarité envers toutes les femmes victimes. Monique Hernandez précise qu’à Gaza, au Congo, au Liban, au Soudan, au Yémen, les femmes sont toujours les premières victimes, souvent oubliées.
« Qui parle encore des guerres du Soudan, du Darfour ou du Yémen et leur lot de viols et d’exactions, comme au Congo et au Mali où on ampute encore pour adultère de nos jours ? Qui parle encore des Afghanes disparues de la surface de la planète, obligées de se terrer chez elles mais déployant des trésors d’énergie et de ruses pour exister et apprendre encore ? » La féministe insiste, « ici nous nous rappelons. Cette journée met le focus sur toutes celles qui sont battues, incarcérées, tuées parce que femmes. »
Pour les femmes et les hommes venus marcher dans les rues de Perpignan, il est important de marquer cette journée pour aussi dire aux victimes en France comme ailleurs, qu’il faut être solidaires à leur égard. Ici comme partout dans le monde, la cause de ces malheurs est le patriarcat qui, de tout temps, a fait des femmes des êtres inférieurs et corvéables à merci.
Un « die-in » devant le tribunal de Perpignan
En fin de cortège, à la lecture des prénoms des femmes mortes en 2025, plusieurs manifestants et manifestantes se sont étendus au sol, pour rendre hommage aux victimes et les personnifier. Dans la nuit froide, éclairées par la lueur blafarde des lampadaires, Léa, Camille ou Marie-France ont listé les prénoms des victimes, leur âge et la cause de leur décès.

En toute fin de manifestation, Maya, « survivante », a lu un discours critique à l’égard des institutions et rappelé qu’au-delà des chiffres du ministère de l’Intérieur, l’écrasante majorité des victimes ne parle pas.
« Seulement une femme sur cinq ose dénoncer ce qu’elle vit. Les chiffres ne disent pas tout, ils ne comptent pas celles qui se taisent par peur, par honte, par dépendance, par emprise ou parce qu’elles savent que la justice ne les protégera pas. Combien de plaintes jamais déposées ? Combien de récits étouffés par la peur de représailles, par la culpabilisation, par l’indifférence des institutions ? Ces chiffres officiels sont déjà terribles, mais la réalité est encore plus grave. Elle engloutit dans le silence des milliers de victimes dont la parole n’a jamais été entendue, ni même comptée. Ce sont des vies brisées, des enfances volées, des destins effacés. »
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