Article mis à jour le 12 novembre 2024 à 16:54
Le 19 octobre 2024 avait lieu la cérémonie de remise du prix Samuel Paty à la Sorbonne. À Perpignan, deux classes de l’école Pasteur-Lamartine remportaient la 2e et 3e place du concours, récompensant le travail des élèves sur la laïcité. Vacances scolaires oblige, ce n’est que le jour de la rentrée que la directrice du rectorat des Pyrénées-Orientales s’est rendue à l’école située dans un quartier prioritaire pour féliciter l’ensemble des participants.
Quatre ans après la mort de Samuel Paty, l’éducation nationale continue d’honorer la mémoire du professeur d’histoire-géographie. « Ce prix valorise le travail accompli par des élèves dans le cadre d’un projet de classe afin de favoriser la coopération pédagogique, la réflexion collective, la démarche de questionnement et d’esprit critique », souligne l’APHG (Association des professeurs d’histoire-géographie). Ainsi, le prix récompense les travaux centrés sur les principes et valeurs démocratiques, en lien avec le programme d’éducation morale et civique.
Une pièce de théâtre pour parler de la laïcité
Alors que s’ouvrait début novembre le second procès de l’assassinat de Samuel Paty, les 36 participants de l’école Pasteur-Lamartine étaient fiers de présenter à la ministre de l’éducation nationale et aux sénateurs leurs projets. Cette année, c’est la première fois que le concours s’ouvre aux écoles primaires. Les élèves de CM1 et CM2, scolarisés dans les classes de Madame Audrey Govi et de Madame Sylvie Castillo, ont respectivement remporté le deuxième et le troisième prix.
Le second prix Samuel Paty récompense une pièce de théâtre inspirée du livre de Gilles Rapaport, « Un homme ». « Très vite, nous avons décidé de partir de ce livre pour créer une pièce. Mais le sujet et les mots employés étaient si forts et si durs qu’il fallait y mettre un peu de légèreté, d’où l’idée d’inclure des saynètes improvisées par les élèves qui traitaient de l’esclavage, des monstres, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité », nous explique Audrey Govi.
Un travail au long cours qui a permis une mise en voix de textes littéraires et d’articles de loi comme le Code noir ou le décret du 27 avril 1848, sur l’abolition de l’esclavage. « Pour donner plus de profondeur, nous avons ajouté des percussions corporelles. Enfin, comme nous avons dans la classe deux élèves atteints de troubles de la fonction auditive, nous avons signé une partie du spectacle », souligne l’enseignante. Les élèves ont joué cette pièce devant leurs parents à l’école, mais aussi dans un théâtre et au Mémorial de Rivesaltes, lors des rencontres de la laïcité. « Il paraissait évident de l’envoyer au prix Samuel Paty », affirme Audrey Govi.
Si la créativité des élèves a été récompensée, tous ressortent avec le sentiment d’avoir accompli quelque chose d’important. « On a surtout mieux compris ce que voulaient dire les trois mots de la devise française « liberté, égalité, fraternité », lance un élève. « La liberté, c’est aussi de pouvoir penser et dire ce que l’on veut tant que ça ne fait pas de mal aux autres bien sûr », rapporte un camarade. « À travers ce projet on a découvert à quel point certains hommes peuvent être méchants entre eux, mais heureusement il y a toujours de l’espoir avec des gens comme Victor Schoelcher qui a aboli l’esclavage ou Nelson Mandela qui a aboli l’apartheid », conclut un autre élève.
« Nous sommes tous enracinés les uns aux autres, sur les mêmes valeurs »
La 3e place du concours prime un arbre de la laïcité réalisé par les élèves de Madame Castillo. « Nous avons mené une réflexion collective sur la distinction entre le savoir et la croyance », nous apprend-elle. Après une étude attentive des articles de la Charte, l’enseignante leur propose de concevoir leur propre arbre de la laïcité, symbole d’enracinement et de longévité. Les enfants ont ainsi réalisé les feuilles des branches et y ont inscrit ce que représente cette idée à leurs yeux.
« Nous sommes tous enracinés les uns aux autres par les mêmes valeurs », atteste la directrice de l’établissement, Katia Karpoff. Aujourd’hui, l’œuvre collective est affichée dans l’enceinte de l’école. Quotidiennement, en entrant dans leur salle de classe, les élèves se remémorent que chacun est libre de croire ou de ne pas croire, de se respecter et de se tolérer mutuellement.
« Je ne peux que me féliciter de l’engagement de mes équipes pédagogiques pour transmettre les valeurs de la République à nos élèves. La laïcité, principe cardinal de l’École, occupe une place centrale dans notre projet d’établissement », revendique Katia Karpoff, qui souhaite multiplier ces expériences enrichissantes. « Afin de former des citoyens de demain, fiers de leurs différences et unis dans le respect mutuel. »
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