Article mis à jour le 11 novembre 2024 à 08:28
Du 10 au 12 octobre 2024, aura lieu la 33e édition de la Fête de la science à l’Université de Perpignan. L’occasion pour le public et les scolaires de rencontrer des scientifiques sur le campus du Moulin à Vent. Cette année, c’est la mer et l’océan qui sont mis à l’honneur avec pour thématique « Océan de savoirs ».
Mélanie Ourgaud, docteure en océanographie au sein du laboratoire CEFREM et François Vernet, enseignant-chercheur à l’UPVD nous dévoilent une partie du programme.
Une trentaine d’ateliers pour la Fête de la science à l’Université de Perpignan
François Vernet effectue ses recherches au laboratoire PROMES (PROcédés Matériaux et Energie Solaire). Physicien-théoricien du solide de formation, les recherches de l’enseignant portent sur l’interaction entre le rayonnement et la matière. « Je m’intéresse aussi aux propriétés électroniques des matériaux », souligne-t-il.
À l’occasion de la fête de la science, François Vernet revêt sa casquette de chargé de mission pour la culture scientifique. « À ce titre, j’organise le village des sciences. » Un événement qui s’inscrit dans l’action nationale portée par le ministère de l’Enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation depuis 1991.
Les chercheurs du laboratoire animeront une trentaine d’ateliers issus des différents laboratoires de l’université de Perpignan. Au programme, le dessalement l’eau de mer grâce au soleil, la pollution des microplastiques dans les océans, ou encore la découverte des cycles de vie de l’anguille…
« Il y aura également des ateliers en dehors de la thématique nationale, mais qui restent de la science. Par exemple, ‘comment les chimistes s’inspirent de la nature pour synthétiser de nouvelles molécules ou des matériaux innovants' », annonce François Vernet. « Ou des ateliers qui porteront plutôt sur la génomique des plantes ou sur l’optique. »
Favoriser le dialogue entre le public et les scientifiques
L’objectif premier de la Fête de la science reste de favoriser le dialogue entre le public et les chercheurs. L’occasion de poser des questions pointues aux scientifiques en face de soi, représentant chacun leur domaine. La quasi-totalité des ateliers s’ouvriront au public scolaire le jeudi et le vendredi. La journée de samedi sera dédiée au grand public.
L’évènement permet aussi de sensibiliser les visiteurs au changement climatique. Au sein de l’atelier intitulé « du climat aux organisations », le rôle de la science de gestion dans l’évolution du climat sera par exemple abordé. « Il y a un atelier qui va porter plus spécifiquement sur le climat dans l’océan Austral », révèle François Vernet. « On va regarder ce qui se passe au niveau du piégeage du CO2 anthropique dans les océans du Sud. »
Une petite expérience avec de l’eau chaude et de l’eau froide colorée en rouge et bleu permettra également d’expliquer aux enfants le système océanique.
Les microplastiques n’auront plus de secret pour vous !
Que sait-on des océans que l’on ignorait il y a des décennies en arrière ? Mélanie Ourgaud est océanographe spécialisée en biologie et écologie marine. « Je suis ingénieure de recherche au CNRS et j’ai rejoint le CEFREM* il y a un an et demi. »
La scientifique a choisi d’étudier les contaminants présents dans les écosystèmes marins. « La pollution, c’est quelque chose qui est invisible, mais grâce aux plastiques, c’est devenu parlant. En effet, les plastiques, se voient ! Alors que les molécules dissoutes sont invisibles. » Mélanie Ourgaud a axé ses recherches sur ce problème sociétal, « j’étudie aussi bien les microplastiques que les additifs organiques, qui sont des perturbateurs endocriniens contenus dans les polymères », nous explique-t-elle.
photo © Naja Bertolt Jensen / Unsplash
Sur le campus de l’UPVD, la scientifique proposera un atelier sur la pollution plastique. « Le but, c’est que les enfants comprennent que lorsqu’on jette un plastique, sur la terre ou en mer, il ne disparaît jamais. » Sous l’action mécanique des vagues, des rayons du soleil ou des bactéries, le plastique se fragmente. Le macro-déchet devient alors de plus en plus petit, jusqu’au microplastique, d’une taille inférieure à 5 millimètres.
Seul 1% des microplastiques présents à la surface des océans sont connus
Tout au long de sa vie, le plastique continue à se morceler, pour se transformer en nanoplastique, invisible à l’œil nu. « Il peut être 100 plus petit que le diamètre d’un cheveu. On dit qu’il peut traverser les barrières biologiques », prévient Mélanie Ourgaud. En mer, un gobelet ou une bouteille fragmentée libère des additifs, qui sont des perturbateurs endocriniens agissant sur la santé de l’Homme. « Cela pose des problèmes sur le système reproducteur et immunitaire », alerte l’océanographe.
Seul 1% des microplastiques présents à la surface des océans sont connus. « C’est à la surface que l’échantillonnage est le plus simple. Le fond des océans est moins visité et moins connu que la surface de la Lune. On y envoie quand même de plus en plus de technologies pour nous permettre de faire des analyses précises. »
La restauration des écosystèmes marins, une nouveauté
Aujourd’hui, beaucoup de travaux sont faits pour restaurer les écosystèmes marins. « Il y a des projets qui sont menés pour donner un coup de pouce à la biodiversité », affirme Mélanie Ourgaud. « On peut placer des objets immergés dans les ports, comme des pochons d’huître par exemple, qui servent de supports pour des larves. »
En effet, avec le réchauffement climatique, des espèces invasives s’invitent en Méditerranée. Dans les Pyrénées-Orientales, c’est le cas du crabe bleu. « C’est une espèce qui n’est pas locale. Sa stratégie est de pulluler pour se faire une place dans la niche écologique et prendre le dessus. » L’écosystème peut alors se déséquilibrer. Vorace, ce crabe consomme des poissons juvéniles et se reproduit à grande vitesse. Méconnu du grand public, il n’est pas encore consommé en France.
*Centre de Formation et de Recherche sur les Environnements Méditerranéens
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