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À Pollestres, ces cultures exotiques défient l’hiver catalan et le gel

Près de Perpignan, ces cultures exotiques souffrent du gel

Article mis à jour le 26 février 2025 à 09:41

Très présente aux Antilles, la culture de la banane prend racine dans les Pyrénées-Orientales, où la production s’est développée avec le changement climatique. À Pollestres, Didier Salgado est producteur bio de tomates, aubergines, courgettes et concombres. Il y a quelques années, le maraîcher a fait le choix de la diversification. Photo illustration © Unsplash.

Aujourd’hui, sous les serres de Didier, 300 plants de bananiers produisent chaque année 30 régimes de bananes. Mais il a suffi de quelques nuits consécutives aux températures négatives pour amputer la production.

Il y a trente ans, Didier a repris l’exploitation agricole familiale. Sur les six hectares de la ferme La Devèze poussent, dans une première serre, des agrumes, avec des rotations de tomates, courgettes, et aubergines. Sous un deuxième abri, le maraîcher cultive des avocats avec des rotations d’oignons et d’ail. Derrière ces lignes de légumes sont installés des bananiers. Le maraîcher a choisi la Cavendish, la variété la plus connue, et qui a l’avantage de pousser toute l’année, sans égard pour les saisons.

Une serre aux allures tropicales dans les Pyrénées-Orientales

Didier l’avoue, c’est un peu par hasard qu’il a débuté la production. C’est une culture qui présente plusieurs avantages dans le contexte climatique des Pyrénées-Orientales, d’autant plus que cet arbre ne demande pas un gros investissement pour les agriculteurs. Les bananiers plantés dans le département ne visent pas une production de masse, mais plutôt une production de qualité, orientée vers des marchés de niche. Quant aux besoins en eau, ils ne sont pas plus importants que pour d’autres espèces.

Pour entretenir ses cultures biologiques, l’agriculteur emploie une technique bien à lui, prenant en compte la protection de l’environnement et la santé du consommateur. Chez le maraîcher, pas de pesticides mais « une musique spéciale qui aide les plantes à se défendre contre les parasites et maladies », nous révèle Didier. Installés le long des parois de verre, des haut-parleurs diffusent chaque jour une mélodie méticuleusement sélectionnée, un quart d’heure le matin et un quart d’heure l’après-midi.

L’agriculteur utilise également des insectes pollinisateurs, qui remplacent naturellement les hormones et donnent des fruits plus gros. Des insectes prédateurs permettent de lutter efficacement contre différents ravageurs responsables de la destruction des produits.

« Avec le gel, je ne cueille que 30 régimes sur 300 arbres »

Seule ombre au tableau, la banane s’arrête de pousser en dessous de 12 degrés. Pour le maraîcher, ce type de diversification n’est pas reproductible à grande échelle dans les Pyrénées-Orientales, qui compte pour l’heure trois producteurs. « Il ne faut pas tout miser sur la banane, c’est trop risqué avec le gel », assure Didier, qui perd 90% de sa production chaque hiver. « Sur 300 arbres, je ne cueille que 30 régimes ! »

Cette saison, lorsque la température est tombée à -7 degrés, les bananiers de Didier ont stoppé leur production. Mais l’avantage, c’est qu’en coupant les feuilles, la plante repartira d’elle-même, et les fleurs ressortiront naturellement dès le mois d’avril. « Finalement, l’inconvénient c’est que la production est stoppée », nous explique Didier, qui attend patiemment le retour de la fleur. Le fruit ne peut être récolté qu’au bout de quatre mois de maturation, si le froid ne vient pas perturber sa croissance.

Si chaque hiver, ce sont des régimes entiers qui gèlent, Didier souhaite continuer la production : « Cela ne me prend pas beaucoup de places, et cela a un côté plaisant de produire quelque chose qu’il n’y avait pas dans le département ». Le maraîcher s’essaye aujourd’hui à la culture d’ananas. « Cela ne met pas l’exploitation en danger car je continue à faire mes autres cultures. » Côté prix, comptez environ trois euros le kilo pour ces bananes produites dans les Pyrénées-Orientales.

Une clientèle friande de fruits exotiques 

À deux pas de l’exploitation, Didier vend ses fruits et légumes sur un stand. « Nos clients sont très demandeurs de fruits exotiques. Bien souvent, en hiver, il y a moins de choix. C’est aussi pour cela que j’ai voulu me diversifier », raconte le maraîcher qui propose à ses clients des avocats, des oranges, des clémentines, des citrons, pour faire venir du monde. « D’autant plus que nous avons une clientèle qui souhaite manger local. Et quand on sort de l’abricot, de la pêche ou de la figue, c’est limité », souligne le producteur qui livre également des revendeurs et travaille avec le SYM (Syndicat mixte pour la Restauration collective Perpignan-Méditerranée.)

Le 7 mai prochain, Didier Salgado participera au challenge culinaire des Mini Toques, organisé par le SYM, les Toques Blanches et la CCI (Chambre de commerce et d’industrie). Le maraîcher, qui parraine l’évènement aux côtés d’un restaurateur, plantera avec les enfants 4 000 semis de courgettes.

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Célia Lespinasse