Article mis à jour le 5 septembre 2025 à 19:45
Brice Sannac, président de l’Umih 66*, et Laurent Gauze, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) des Pyrénées-Orientales, ont présenté ce jeudi 4 septembre un premier bilan de la saison estivale 2025. Une photographie contrastée, où les bons taux d’occupation masquent une fragilité persistante de la consommation touristique. Si l’hôtellerie résiste, la restauration tire la sonnette d’alarme. En toile de fond, la nécessité d’une stratégie plus lisible pour faire émerger un tourisme offensif et structuré.
Une saison estivale sous tension mais globalement stable
Si les cris d’alarme ont retenti dès la fin juillet, c’est bien la capacité d’adaptation des professionnels de l’hébergement qui a permis d’éviter un scénario noir dans les Pyrénées-Orientales. En particulier, les hôteliers ont fait preuve d’une gestion tarifaire agile, baissant leurs prix lorsque la demande se montrait hésitante. « On a eu une baisse de 10 € en moyenne sur le prix de la chambre en juillet, toutes gammes confondues », souligne Brice Sannac.
Cette stratégie a permis de maintenir un niveau de fréquentation honorable malgré un contexte économique tendu. Le mois de juillet a donc connu une progression du taux d’occupation, mais principalement sur le moyen et haut de gamme. L’entrée de gamme, elle, a souffert davantage. Au global, l’augmentation est de l’ordre de 2 à 3 %. « L’année dernière était déjà une bonne année. Nous ne sommes toujours pas revenus aux chiffres de 2019 », rappelle Brice Sannac.
C’est surtout le mois d’août qui a tiré son épingle du jeu avec un taux d’occupation moyen de 88,3 %, en hausse de 2,7 points par rapport à août 2024 et de 9,3 points par rapport à 2023. Toutefois, la première semaine d’août a été jugée « décevante », voire « incompréhensiblement mauvaise », selon Brice Sannac.
De son côté, Laurent Gauze insiste sur l’importance de lire ces chiffres à la lumière d’indicateurs consolidés. Il relève une progression du revenu par chambre disponible, preuve que les établissements ont su préserver un équilibre entre fréquentation et rentabilité. « C’est un indicateur intéressant car il combine occupation et prix moyen. On voit que le système tient », souligne-t-il.
Restauration en berne : un secteur plus fragilisé
Contrairement à l’hôtellerie, la restauration a connu un été 2025 plus difficile dans les Pyrénées-Orientales. Selon Brice Sannac, le chiffre d’affaires des établissements de bouche a reculé de 10 à 15 %, dans le sillage d’une tendance nationale. Un repli significatif, qui traduit des arbitrages plus sévères de la part des vacanciers. « Le client d’aujourd’hui choisit d’abord son hébergement, puis adapte ses dépenses annexes. Cela se traduit par une baisse du nombre de repas pris à l’extérieur, ou par des choix plus simples », observe-t-il.
Selon Brice Sannac, « on est face à un consommateur qui consomme mieux, mais pas plus. Il fait ses choix selon son budget, et on le sent dès la prise de contact ». Pour le président de l’Umih, les restaurateurs doivent désormais composer avec une clientèle plus mobile, plus exigeante, mais aussi plus prudente.
Pour Laurent Gauze, il faut « un Monsieur tourisme » pour représenter les Pyrénées-Orientales
Alors qu’il a fait le choix de quitter l’Agence de Développement Touristique, entité chargée de faire la promotion du département, Brice Sannac plaide pour une stratégie qui mette en avant les atouts du territoire sans que le budget soit englouti dans la masse salariale dudit organisme. « Une institution qui passe 70% dans sa masse salariale n’a plus les moyens d’investir », souligne Brice Sannac.
Et pourtant, à l’heure où des communes comme Perpignan ont décidé de reprendre la compétence tourisme en sortant de l’office de tourisme communautaire de Perpignan Méditerranée Métropole, la tendance n’est pas à l’union. Mais Brice Sannac insiste et rappelle l’exemple des Catalans du sud. « Leur communication vise à inciter les gens à venir sur la Costa Brava pour ses plages et ses paysages. C’est seulement quand ils sont là qu’ils adhèrent à la culture, et pas l’inverse. » Pour revenir sur les Pyrénées-Orientales, Brice Sannac se souvient de ces publicités réalisés par un grand publicitaire national.
« Il y a quelques années, il y avait une campagne merveilleuse qui mettait en valeur les sites naturels. Pourquoi ne pas avoir cette audace là ? »
Pour illustrer son propos, Brice Sannac rappelle qu’à l’échelle de la Région Occitanie, le budget total des offices de tourisme s’élève à 250 M€. « On ne peut plus se payer le luxe d’avoir une telle décentralisation de la politique touristique ! » Laurent Gauze enfonce le clou, le président de la CCI serait favorable à un « Monsieur tourisme » qui représenterait l’ensemble du territoire.
Umih : Union des métiers et des industries de l’hôtellerie.
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