Dans la petite école de Sahorre, la fin de l’année scolaire a été difficile. Pour rappel, l’ancien instituteur et directeur de l’établissement est accusé de harcèlement par plusieurs familles.
Une quinzaine d’enfants, âgés de 8 à 17 ans, auraient subi des traitements et propos humiliants. Début juin, huit plaintes ont été déposées et les maires des quatre communes dépendantes de l’école ont signé une lettre pour accompagner les familles dans leur démarche.
Une rentrée scolaire sous le signe de l’apaisement à Sahorre
Alors que les vacances scolaires sont bien entamées, les parents d’élèves ont eu la surprise de recevoir un mail de l’enseignant leur annonçant son affectation à l’école élémentaire de Vinça, dont il prendra la direction à la rentrée prochaine. Ceci dit, il reste « titulaire de son poste à l’école de Sahorre et libre, l’année suivante, de le réintégrer ou de le libérer définitivement », précise le fonctionnaire dans son courriel.
Pour les parents qui ont laissé leur enfant scolarisé à Sahorre, le départ du directeur est « un grand soulagement. » D’après Anne-Laure Arino, « cette mutation est une étape incontournable dans le traitement de cette situation, qui reste encore aujourd’hui complexe. La situation est toujours suivie et la direction départementale des services de l’éducation nationale a bien trouvé des enseignants pour la rentrée scolaire », certifie la Dasen. Le retour à l’école s’annonce donc plus apaisé dans ce petit village des Pyrénées-Orientales.
L’article 40 activé par la Dasen
En juin dernier, les parents mobilisés dénonçaient les traitements stigmatisants rapportés par leurs enfants, devant les bureaux de l’inspection académique de Prades. Quelques jours après la mobilisation, une banderole « Soutien à notre directeur, marre de tous ces cassos », ornait l’entrée de l’établissement scolaire. Selon nos informations, ces propos discriminants ont été apposés de manière anonyme.
« Devant la complexité des faits, j’ai dû déposer un article 40 au procureur de Perpignan », affirme Anne-Laure Arino. Pour rappel, « toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur. » À noter que l’enquête mettant en cause le directeur et instituteur de l’école de Sahorre pour des faits de harcèlement est toujours en cours.
« Nous espérions de la part des services académiques une réponse forte, apte à rassurer les parents quant au devenir de leurs enfants à l’école de Sahorre », dénonce le collectif. Si le suivi des enfants par un psychologue a été instauré à l’école, cet espace de parole et d’écoute est une mesure « insuffisante pour les parents. » « Le collectif ne saurait accepter ce dispositif comme l’unique et ultime réponse aux graves dysfonctionnements qui ont eu lieu depuis plusieurs années à l’école de Sahorre. »
D’après le collectif, 13 enfants auraient été retirés de l’école de Sahorre avant la fin de leur primaire, évitant ainsi « qu’ils ne subissent plus les brimades de l’enseignant. » Sept autres nouvelles familles auraient préféré se tourner vers d’autres écoles.De son côté, la Dasen contredit ces informations, selon Anne-Laure Arino, aucune statistique ne démontre à ce jour une fuite de cette école.
« La première action reste la protection de l’enfant »
« Cela fait deux ans et demi que je suis dans le département et j’en ai suspendu des professeurs (…) La première action reste la protection de l’enfant », insiste Anne-Laure Arino. Mais où s’arrête le manquement professionnel et où débute le harcèlement ? La frontière semble floue. « J’ai bien pris conscience de la complexité de cette situation et il me faut aujourd’hui le temps de l’analyse des faits, de l’analyse des preuves pour prendre la bonne décision », déclarait Anne-Laure Arino en juin dernier.
Pour rappel, le procureur adjoint, Nicolas Brignol, affirmait de son côté que l’enquête s’étalerait sur plusieurs mois. L’ensemble des victimes potentielles, et, s’agissant de mineurs, leurs représentants légaux doivent être entendus. Pour l’heure, l’enseignant bénéficie de la présomption d’innocence.
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