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Dans les Pyrénées-Orientales, les hôteliers et les restaurateurs manquent toujours de bras

Dans les Pyrénées-Orientales, les hôteliers et les restaurateurs manquent toujours de bras

Article mis à jour le 27 mai 2025 à 10:39

Chaque été, entre 25 000 et 30 000 saisonniers sont attendus dans les Pyrénées-Orientales pour assurer l’activité saisonnière. Malgré une offre qui ne faiblit pas, les employeurs ont de plus en plus de mal à recruter. Brice Sannac, président de l’UMIH 66, nous explique à quelles difficultés sont confrontés les recruteurs

Chaque année, les professionnels du tourisme doivent compléter leurs effectifs avant le grand rush de l’été. Un challenge de taille pour les hôteliers et restaurateurs catalans, qui peinent toujours à recruter. « Aujourd’hui, nous avons 20 000 offres d’emploi non pourvues, et 78 000 demandeurs d’emploi », déplore celui qui est désormais co-président de l’UMIH Occitanie. « Nous n’arrivons pas à sortir de l’impasse du chômage. » Pour combler le manque d’effectif, les professionnels du tourisme n’hésitent pas à faire appel à des saisonniers étrangers au département.

Recrutement saisonnier : un casse-tête estival pour les employeurs

« Cette année, nous avons lancé les recrutements plus tôt. La grande problématique, c’est l’hébergement et le transport », nous explique Brice Sannac. « Nous travaillons pour essayer de proposer des solutions d’hébergement aux saisonniers, pour mieux les recevoir. » 

Pour le président de l’UMIH 66, la difficulté reste de construire de grandes maisons saisonnières à Collioure, Banyuls-sur-Mer, Argelès-sur-Mer ou Canet. « Mais si nous voulons construire des maisons saisonnières, un peu plus loin de ces points névralgiques, il nous faut des transports », nuance-t-il. Une difficulté supplémentaire dans ce département où de nombreuses personnes ne possèdent pas le permis ou un véhicule.

Également vice-président national UMIH Hôtellerie, Brice Sannac dénonce aussi la difficulté des hôteliers à loger les saisonniers qui viennent travailler dans les Pyrénées-Orientales. « Ils n’ont pas les moyens de se loger car les appartements sont devenus trop chers pour être loués. Airbnb nuit au territoire. » Aux côtés de la maison du saisonnier, le président de l’UMIH 66 travaille à co-construire des solutions et des hébergements avec d’autres branches professionnelles. « Nous avons signé une convention avec la préfecture et ces communes pour référencer les appartements laissés vides pendant la saison. » 

Une convention pour encourager l’emploi des personnes réfugiées dans les Pyrénées-Orientales

En décembre 2024, l’UMIH 66 signait une convention avec l’ACAL (Association catalane d’actions et de liaisons) pour encourager l’emploi pérenne des réfugiés dans les établissements des Pyrénées-Orientales. « C’est un partenariat majeur, qui aura un impact positif sur le recrutement dans notre secteur », affirme Brice Sannac, président de l’UMIH 66.

En clair, il s’agit d’un dispositif inédit qui a pour but de faciliter le recrutement des réfugiés, une démarche loin du discours politique ambiant. L’asile est la protection accordée par un État à un étranger qui est ou risque d’être persécuté dans son pays. Le statut de réfugié est attribué pour dix ans, par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).

Selon le président de l’UMIH 66, le département compterait 250 réfugiés. « Le but, c’est de les accompagner, de leur permettre d’être recrutés par nos chefs d’entreprise pour s’insérer dans la vie de notre territoire », affirme Brice Sannac. « Ils ne souhaitent pas être biberonnés aux aides, ils cherchent à se lever le matin pour aller travailler et donner un nouveau sens à leur vie. »

Si les hôteliers et restaurateurs catalans peinent toujours à recruter, ce partenariat pourrait bien être une aubaine. Même si une hausse significative des salaires et un renforcement du contrôle du temps de travail a rendu le recrutement moins difficile, certifie Brice Sannac.

Métiers en tension : un soulagement administratif pour les professionnels

Si l’UMIH 66 souhaite encourager l’emploi des personnes réfugiées, c’est aussi par vocation sociale. « Il y a une âme familiale dans nos restaurants. Cela nous paraît tout naturel de tendre la main et d’accompagner aussi des personnels motivés et sélectionnés par l’ACAL avant d’être présentés à nos entreprises. » Ces futurs salariés occuperont de façon durable leur emploi, prévient Brice Sannac. En effet, l’idée n’est pas de combler le déficit de personnel en saison.

« C’est une solution parmi tant d’autres », nuance Brice Sannac. « Nous sommes plutôt satisfaits des premiers résultats. Il y a de très belles histoires », confie l’hôtelier. Pour l’heure, plus de 50 personnes ont été embauchées grâce à ce dispositif. 

Pour rappel, la liste des métiers en tension, permettant de régulariser les travailleurs étrangers a été actualisée par le gouvernement la semaine dernière. Dans les Pyrénées-Orientales, les employés de l’hôtellerie, les serveurs de café, de restaurant et les chefs cuisiniers sont concernés. «  On est très satisfait d’avoir été entendus. Cela va nous faciliter la vie au niveau des démarches administratives », reconnaît Brice Sannac.

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