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Logement social dans les Pyrénées-Orientales : les communes sont-elles dans les clous ?

Logement social dans les Pyrénées-Orientales : les communes sont-elles dans les clous ?

Début janvier 2025, Perpignan Habitat Méditerranée publiait son bilan d’activité sur l’année précédente. L’organisme s’occupe de gérer les démarches pour louer ou acheter un logement social dans les Pyrénées-Orientales. En 2024, Perpignan Habitat Méditerranée a acquis huit nouvelles résidences, soit 232 logements supplémentaires. Aujourd’hui, on compte près de 8 300 logements sociaux à Perpignan, Pia, et dans 21 communes de la communauté urbaine. Photo © Illustration avril 2022, quartier Saint-Mathieu.

« Notre mission, c’est de satisfaire la population et de permettre aux communes et aux services de répondre aux besoins réglementaires au niveau de la loi SRU », affirme Muriel Corréard, directrice de Perpignan Habitat Méditerranée. Les Pyrénées-Orientales comptent 15 000 demandeurs de logements sociaux, dont 10 000 sur le territoire de la communauté urbaine.

Les Pyrénées-Orientales en manque de logements sociaux 

La loi SRU impose à certaines communes de disposer d’un nombre minimal de logements sociaux. Elle s’applique aux communes de plus de 3 500 habitants, appartenant à des agglomérations ou des intercommunalités de plus de 50 000 habitants et comprenant au moins une commune de plus de 15 000 habitants.

Les communes concernées doivent disposer d’au moins 25% de logements sociaux, au sein de leur parc de résidences principales. Pour rappel, les communes de plus de 15 000 habitants, qui connaissent une croissance démographique de plus de 5% et qui justifient d’un effort de production supplémentaire, au vu du fonctionnement de leur marché local de l’habitat, ont l’obligation de proposer au moins 20% de logements sociaux.

« Sur le département, il y a 17 communes SRU sur la communauté urbaine et une commune hors communauté urbaine », précise Muriel Corréard. D’après la directrice de Perpignan Habitat Méditerranée, le département manque à ce jour de 15 à 18 000 logements sociaux. « Il est important de souligner que tous les maires des communes SRU et même ceux qui n’ont pas d’objectif sur la communauté urbaine, ont réalisé au moins un programme de renouvellement urbain. »

Pour rappel, selon une étude du JDD datant de mars 2024, sur la base des chiffres de 2014 à 2022, douze communes ne respectent pas leur quota de logements sociaux et ont payé des pénalités, parfois lourdes.

S’il ne semble pas y avoir de frein du côté des maires pour construire, les difficultés sont plutôt d’ordre technique. Muriel Corréard mentionne une rareté du foncier, des contraintes environnementales, l’évolution des coûts du BTP, notamment depuis l’épidémie du Covid et la guerre en Ukraine. « Les organismes HLM, comme le nôtre, sont en plus confrontés à l’augmentation du livret A, réduisant les capacités d’investissement. » En effet, le taux du Livret A conditionne le niveau d’emprunt des bailleurs sociaux auprès de la Caisse des Dépôts, pour construire du logement social et rénover le parc HLM existant.

Des délais « anormalement longs » pour acquérir un logement social 

« L’offre de logements disponibles est nettement plus faible que le nombre de candidats », assure Habitat Perpignan Méditerranée via son site web. Dans les Pyrénées-Orientales, le délai d’attente pour obtenir un logement social est « anormalement long », nous confirme Muriel Corréard. « Il faut compter deux ans d’attente en moyenne dans notre département. » C’est la commission d’attribution qui s’occupe de l’attribution des logements sociaux.

Hors livraison de nouvelles résidences, Habitat Perpignan Méditerranée a un taux de rotation très faible. « Nous devons remettre 650 à 700 logements à la relocation, sur un parc de 8 300 logements », souligne Muriel Corréard.

Pour prétendre obtenir un logement, il faut dans un premier temps déposer sa demande de logement social (HLM). « En fonction du plafond des ressources et de la situation de la famille, on peut traiter des situations en urgence », nous explique Muriel Corréard, qui doit aussi composer avec les disponibilités du parc immobilier. « ll peut y avoir beaucoup de demandes de personnes isolées, mais peu de T2 au sein de notre offre », regrette-t-elle. Et la réglementation impose par exemple un T2 pour une personne seule.

« Ensuite, on regarde dans le SNE (Système National d’Enregistrement) et on présente, en fonction des situations de chacun et du parc, au minimum trois candidats par logement. » Réservé aux professionnels du logement social, le SNE permet de gérer les demandes et les attributions de logements sociaux.

Un climat anxiogène

Concernant le bilan 2024, Muriel Corréard se dit « fière de ses équipes », qui ont atteint leurs objectifs. « C’est beaucoup d’investissement au niveau des collaborateurs, on a atteint l’objectif de production, on a atteint l’objectif en termes de services, cela nécessite beaucoup de travail. »

Les 155 agents de HPM, dont plus de 40 gardiens dédiés à la qualité de vie des résidents, constatent « un climat actuel anxiogène. » « Nous avons des locataires en difficulté financières, cela a aussi un impact sur les équipes. On constate également une petite minorité de locataires en souffrance psychologique, et pas que dans les quartiers prioritaires », alerte Muriel Corréard.

À ce sujet, la directrice de HPM assure que les gardiens, agents d’entretien, chargés de territoire se rendent régulièrement au domicile des locataires. « Nous avons des travailleurs sociaux, des chargés de clientèle, on a un centre d’appels qui prend les réclamations… Il s’agit de la première ligne pour essayer de rendre le meilleur service. »

En 2025, le bailleur social a pour objectif de livrer 16 nouvelles résidences, soit 359 logements supplémentaires pour un budget de 46,6 millions d’euros.

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Célia Lespinasse