Article mis à jour le 23 novembre 2025 à 09:04
Depuis plus d’un an, l’éboulement qui a coupé la route menant au hameau du Mas Pagris dans le Vallespir (Pyrénées-Orientales) bouleverse le quotidien des habitants, contraints à des détours interminables voire de déménager. Ce 21 novembre, élus et services de l’État ont tenté d’apporter des réponses à un dossier aussi urgent que complexe, notamment via une piste « tout véhicule » qui pourrait être opérationnelle avant Noël.
Pour rappel, suite à un éboulement sur l’unique route RD53B qui permet l’accès à leur hameau, une vingtaine d’habitants d’Amélie-les-Bains s’est retrouvée (presque) isolée. Un terme que réfute totalement Marie Costa la maire de la commune. « Non, ils ne sont pas coupés du monde ! » martèle la maire dans le van qui mène la délégation préfectorale sur les lieux de l’éboulement. Et pour cause, il existe bien une piste forestière, un « itinéraire bis » qui occasionne un long détour à l’aller et au retour selon Philippe Triha, habitant du hameau. La sous-préfète Clara Thomas enfonce le clou, « les habitants du Mas Pagris ne sont pas enclavés, ils n’ont jamais été enclavés, mais c’est vrai que la piste, à certains endroits, a quelques trous, mais c’est carrossable ».
En cette matinée enneigée, le préfet Pierre Regnault de la Mothe, a souhaité se rendre compte par lui-même de l’étendue des dégâts. Les habitants du hameau qui militent pour que la RD53 soit reconstruite à l’identique obtiendront-ils gain de cause ? Le coût et surtout les risques d’un nouvel effondrement font hésiter les pouvoirs publics.
La nouvelle piste « tout véhicule » pourrait être livrée avant Noël
Depuis quelques semaines et sous la pression du nouveau préfet, l’État a mis en place une déclaration d’intérêt d’urgence qui permet d’acter les responsabilités et la prise en charge financière des parties en présence. En l’occurrence pour refaire la piste forestière d’une dizaine de kilomètres, il fallait la signature de tous les propriétaires, dont les communes de Saint-Laurent-de-Cerdan et d’Amélie-les-Bains.
C’est désormais chose faite, une convention, également signée par Daniel Baux, président du réseau Communes forestières, promet d’améliorer l’accessibilité de cette piste devenue communale en 1962. Si les travaux ne visent pas à goudronner cet accès, selon l’avis des autorités, n’importe quel de véhicule pourra l’emprunter.

L’enveloppe de 120 000 euros sera financée par les communes d’Amélie-les-Bains, (70%) et Saint-Laurent-de-Cerdan (30%). Dans le détail, il s’agit de débroussailler les 10 kilomètres de piste, et d’installer des dispositifs qui éviteront que les matériaux ne soient emportés sous l’effet du ravinement et du passage des véhicules. Quant à l’entretien, il sera assuré par la Communauté de communes du Haut Vallespir.
En attendant l’étude, élus et pouvoirs publics unanimes sur le devenir de la RD53B
La route du Mas Pagris est étroite et sinueuse, mais goudronnée et balisée. La RD53B, en partie départementale et communale, longe une falaise de schiste et un à-pic de 180 mètres. Or, selon les premiers spécialistes, la paroi rocheuse aurait été fragilisée par des fortes variations de température. Plus d’un an après l’éboulement, les autorités lancent enfin une étude de faisabilité financée par l’État. Les experts doivent se prononcer sur les coûts et les enjeux techniques pour refaire la route. Mais aussi sur les risques d’un nouvel éboulement à moyen ou long terme.
L’attente des habitants est forte autour de la réfection de la route. Mais selon le préfet, il faut raison garder face à un dossier extrêmement complexe et coûteux au regard de l’usage qui en sera fait. Accéder à cette demande entraînerait le doublement des impôts locaux pour 25 ans sur Amélie-les-Bains estime Marie Costa.
La galère des habitants du Mas Pagris depuis l’effondrement de leur route
En octobre dernier, nous avions rencontré Philippe Triha un des habitants et membre du collectif « sauvons la route ». « Pour rejoindre Amélie-les-Bains, on doit soit partir à pied, en crapahutant à flanc de montagne, pour redescendre plus bas et récupérer une voiture de l’autre côté de l’éboulement, explique Philippe Trilha. Soit on doit faire un long détour en voiture par une piste forestière cabossée jusqu’à Saint-Laurent de Cerdans, puis reprendre la route vers Arles-sur-Tech et Amélie. C’est un détour de 38 km dont 12 par une piste de montagne. On perd 1h30 à l’aller et pareil au retour ». Dans ce contexte, la vie quotidienne est forcément bouleversée. « Faire les courses devient une mission : on en a pour une demi-journée au minimum ! », déplore Philippe.

Marie Costa l’assure, elle aurait tout fait pour faciliter le quotidien des habitants. « J’ai mis une bâche de 120 000 litres d’eau pour les pompiers, fait installer un défibrillateur, et une drop zone. En plus, on leur a payé l’installation de Starlink pour qu’ils ne soient pas isolés. À notre niveau, on ne peut pas faire mieux ». « Tous les hameaux du département n’ont pas ces prestations, quand même », commente la sous-préfète.
Le collectif « sauvons la route » multiplie les actions pour ne pas se faire oublier des pouvoirs publics. Ce qui n’a manqué d’attirer l’attention de la presse locale comme nationale. Une médiatisation du dossier qui a le chic d’agacer les élus. Toutefois la question se pose, un an après l’éboulement, les choses n’ont avancé qu’après la publication de certains articles.
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