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Sécheresse : le parc Aqualand de Saint-Cyprien se tourne vers une solution inédite

Près de Perpignan, Aqualand réutilise de l'eau destinée à être rejetée

Article mis à jour le 13 juin 2024 à 20:13

Face à la sécheresse qui frappe toujours le département, la Communauté de communes Sud Roussillon mène une expérimentation inédite dans les Pyrénées-Orientales. Ce jeudi 13 juin 2024, un des bassins du parc Aqualand a été rempli avec de l’eau issue de réservoirs du château d’eau de Saint-Cyprien, une ressource précieuse rejetée à la mer les années précédentes.

À partir de la citerne Eco l’eau de Sud Roussillon, près de 15 m3 d’eau réutilisables ont été acheminés de l’ouvrage hydraulique jusqu’au parc aquatique, qui ouvrira ses portes le 22 juin prochain.

Un bassin du parc Aqualand rempli avec de l’eau réutilisable

Le bassin destiné aux enfants se remplit doucement via la pompe de la citerne. Mais d’où vient cette eau qui alimente aujourd’hui le parc aquatique ? « C’est de l’eau potable issue de deux bâches semi-enterrées au château d’eau de Saint-Cyprien. Cette eau est traitée, mais elle a été stockée pendant 7 mois dans ces réservoirs. Donc même si elle est potable, on est obligé de vidanger complètement les bâches », détaille Nicolas Bataille, ingénieur Eau et Assainissement à Sud Roussillon. En effet, l’Agence Régionale de la Santé interdit de redistribuer cette ressource, destinée habituellement au réseau d’eaux pluviales.

Chaque été, à Saint-Cyprien et Latour-Bas-Elne, la distribution de l’eau potable est assurée par un mode de fonctionnement saisonnier dépendant du flux de population. Ces grandes bâches d’une capacité de 10 000 m3, soit l’équivalent de quatre piscines olympiques, uniquement utilisées durant la saison estivale. À l’inverse, en hiver, ces cuves restent inactives mais sont toujours remplies par mesure de sécurité, en cas de panne de forage. Avant chaque saison, ce sont donc 10 000 m3 d’eau potable qui sont évacués. Dans les semaines à venir, ces deux bâches seront à nouveau remplies après la vidange complète.

« Nous avons deux mois et demi pour redistribuer l’eau », assure le maire de la commune, Thierry Del Poso. Une opération en cours depuis quelques semaines déjà. « Nous avons l’interdiction de redistribuer cette eau dans le système d’eau potable. Avec le feu vert de l’ARS, nous avons donc décidé de la mettre à disposition des pompiers, des syndics pour remplir les piscines, de la mairie pour faire l’arrosage des espaces verts ou des professionnels du tourisme. »

Le camion-citerne a déjà effectué une trentaine de voyages, notamment sur les espaces verts installés sur le cordon dunaire. Si avant l’été la citerne fera de nombreuses rotations chez ces différents destinataires, en hiver, l’équipement sera mis à disposition de la piscine intercommunale Espace Aquasud, à Saint-Cyprien. Les eaux de contre-lavage serviront à l’irrigation du golf de la station balnéaire.

« La finalité sera d’alimenter l’ensemble de la Communauté de communes avec de l’eau potabilisable »

L’été dernier, la Ville de Saint-Cyprien avait déjà déployé des moyens importants pour économiser l’eau. Chaque jour, plus de 2 000 M3 d’eau réutilisable sortent de la station d’épuration Sud Roussillon, destinés aux agriculteurs ou aux pompiers. Après traitement biologique, et décantation, l’eau est assainie via une série de filtres à ultraviolets et à sable. « La finalité sera d’alimenter l’ensemble de la communauté de communes avec de l’eau potabilisable », lance Thierry Del Poso. « On s’oriente sur un système de purification beaucoup plus extrême. »

Selon la mairie, près d’un million de mètres cubes d’eau pourraient être réutilisés chaque année, avec un besoin plus centralisé sur la période estivale. « L’ensemble des stations d’épuration va s’orienter vers de la réutilisation, nous, nous souhaitons de l’eau potabilisable. Il faut que les usagers, que ce soit les pompiers ou les agriculteurs, n’engendre aucun risque sanitaire au moment de l’utilisation de l’eau. »

Le maire rappelle que tous ces travaux ont été financés sur fonds propres de l’intercommunalité. Le conseil départemental devrait prochainement financer ce projet à hauteur de 650 000 euros.

De l’eau disponible pour les pompiers des Pyrénées-Orientales

Il y a un an, le préfet des Pyrénées-Orientales, Rodrigue Furcy, listait les engagements pris par les parcs aquatiques, dans l’hypothèse où ils resteraient ouverts au public. Ces derniers s’engageaient notamment à mettre à disposition 50% de l’eau sortant des bassins à destination d’autres usagers, comme le SDIS 66. Selon Walter Synold, directeur du parc Aqualand à Saint-Cyprien, c’est encore d’actualité cette année.

Pour remplir son parc aquatique, Walter Synold a besoin de 2 607 m3 d’eau. Alimenter tous les bassins en eau potable représente un coût de 2,53 euros par mètre cube. « Nous travaillons en circuit fermé avec un système de pompe », précise-t-il. Ces 15 000 litres d’eau distribués aujourd’hui sont une première pierre à l’édifice. « Nous essayons d’être le plus vertueux possible, s’il y a une possibilité d’étendre ce dispositif aux autres bassins nous le ferons. » Pour preuve, le directeur d’Aqualand Saint-Cyprien a préféré débourser aujourd’hui 130 euros pour acheminer l’eau du château d’eau jusqu’à son parc aquatique.

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Célia Lespinasse