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Suppression du chenal au Racou : La voile sera-t-elle interdite cet été ?

Suppression du chenal au Racou : La voile sera-t-elle interdite cet été ?

En juillet dernier, la mairie d’Argelès-sur-Mer évoquait la suppression du chenal, profitant du renouvellement de la concession des plages. Depuis, les adeptes de la voile ont perdu leur accès à la mer, malgré une enquête publique reconnaissant la possibilité de maintenir l’activité en toute sécurité.

Aujourd’hui, les habitants déplorent le manque de considération des services de la mairie et de la préfecture. Pour rappel, l’usage et la délimitation des littoraux français sont revus régulièrement entre les collectivités et l’État.

« Cet été, nous allons nous retrouver sur une baie où il n’y a plus de voile »

Le rapport, disponible en ligne, traite de divers aspects : impacts environnementaux, sécurité des usagers ou encore gestion des activités de plage. L’avis du commissaire enquêteur, bien que consultatif, pouvait jouer un rôle crucial dans la décision finale qui revient au préfet.

« Ce qui est triste, c’est d’envisager que dès cet été, nous allons nous retrouver sur une baie où il n’y a plus de voile », lance Philippe Langlois. L‘année dernière, cet habitant du Racou lançait une pétition en ligne contre la suppression du chenal. Parmi les raisons avancées, l’existence de cette voie depuis 40 ans offrant une pratique nautique sécurisée sans aucun impact dommageable sur le site. Pour l’heure, près de 3 000 signataires se sont montrés favorables au maintien des planches à voile sur la plage.

« Le rapport du commissaire enquêteur allait tout à fait dans le sens de ce que l’on demandait », confirme Philippe Langlois. « Mais il n’a peut-être pas été pris en considération par les services de la mairie et la Préfecture. » Aujourd’hui, les habitants de la baie ont le sentiment de ne pas avoir été entendus. 

Pour le maire, Antoine Parra, les embarcations pourraient très bien prendre la mer sur l’un des trois autres chenaux situés au nord du port. Mais pour les adeptes de la voile, la baie du Racou reste la plus sécurisée. « Nous pouvons commencer l’activité très près du bord. De plus, la configuration générale de la baie permet, par temps de vent, ne pas être poussés vers le large, ce qui est le cas au nord d’Argelès-sur-Mer », déplore Philippe Langlois. 

Des alternatives balayées par la municipalité

D’après lui, le véritable enjeu réside dans la présence d’embarcations sur la plage du Racou. « En interdisant l’accès à la zone des 300 mètres, de facto on se retrouve avec des embarcations sur la plage qui ne peuvent pas traverser la zone de baignade. » Depuis une cinquantaine d’années, la présence de ces embarcations légères fait la particularité de cette plage. « C’était toléré, tout en étant illégal », concède le Racounien. « La plage est un domaine public. S’il y a le moindre accident, c’est la responsabilité de la mairie qui pourrait être mise en cause. »

L’alternative aurait pu être d’aménager une zone de stockage sécurisée. « Sur la zone sud de la Franqui, il y a toute une zone sur laquelle des embarcations légères et des petits bateaux pour les pêcheurs sont stockés. La mairie a noué un partenariat avec une association d’usagers qui gère le site, des containers permettent aux pratiquants de laisser leur matériel. On identifie clairement où poser les bateaux… Mais la mairie n’a rien voulu entendre. » Contactée, la Ville n’a pas souhaité faire de commentaires.

Mais pourquoi supprimer le chenal du Racou ?

En juillet 2024, lors d’un conseil municipal, le maire de la commune pointait du doigt le manque de sécurité : « pour les baigneurs à qui un enfant échappe et qui va directement dans le chenal, ce sont les maîtres-nageurs qui doivent intervenir. » Le chenal partagé entre les usagers de la mer et le zodiac ralentirait l’intervention des secouristes. L’élu pointe aussi du doigt la longueur du chenal, « 50 mètres », une zone interdite aux baigneurs et réservée aux voiles légères. « L’idée de la mairie est de redonner ces mètres carrés-là de sable et d’eau au public », souligne Philippe Langlois. 

Les habitants du Racou vont-ils s’exprimer lors des prochaines élections municipales ? « Aujourd’hui, il y a un nombre relativement conséquent d’habitants du Racou qui ne votaient pas à Argelès-sur-Mer, car ils pouvaient être domiciliés dans d’autres communes du département, par exemple. Beaucoup s’inscrivent sur les listes électorales », nous explique Philippe Langlois. 

Des opérations de communication et de sensibilisation auprès des usagers de la plage sont également dans les cartons. Une association des usagers de la voile sur le Racou est à l’étude. Les habitants de la baie souhaitent avant tout, qu’à l’avenir « la municipalité considère ce patrimoine marginal et cette pratique de la voile comme une chance. »  

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