Il est 6h ce jeudi 1er août quand mon père et moi montons dans notre train au départ de Perpignan. Le lendemain, nous assisterons aux demi-finales de tennis-double au stade Roland-Garros, à l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024. Témoignage de cette épopée parisienne.
Si assister aux JO est un rêve, obtenir des places a été aussi périlleux qu’un parcours du combattant. Une course de longue haleine qui a débuté il y a un an, à l’ouverture de la billetterie 100% numérique. Après notre inscription à l’hiver 2023, il s’agissait de composer nos voeux : escrime, athlétisme, natation, sports équestres… Certaines compétitions nous font plus rêver que d’autres. Quelques mois plus tard, j’apprends que nous avons été tirés au sort pour accéder à un créneau d’achat de quarante-huit heures.
Je me sens chanceuse, avec l’impression d’avoir gagné à la loterie. Ni une ni deux, je me connecte sur Paris 2024 Ticket, et là, c’est la désillusion. Parmi les épreuves sélectionnées, nombre d’entre elles ne sont pas ouvertes à la réservation. D’autres affichent déjà complet. Bien souvent, il ne reste que les places les plus onéreuses, frôlant le millier d’euros.
Notre arrivée dans un Paris hyper-sécurisé
Pas de quoi nous décourager puisque nous trouvons un bon compromis en choisissant le tennis, un sport que nous aimons tous les deux. Autre surprise des Jeux, les places à visibilité réduite. À Roland-Garros, il s’agit de places situées derrière des garde-corps transparents. Si ces billets sont beaucoup plus abordables, on s’interroge sur la vision partielle que le spectateur aura du match. Nous optons finalement pour les tribunes en catégorie A, aux tarifs bien plus élevés (près de 160 euros le billet).
Ce jeudi d’août à 11h, notre train arrive gare de Lyon. Nous débarquons dans un Paris hyper-sécurisé, avec des forces de l’ordre présentes à chaque boulevard. Après 5h de trajet, nous voilà propulsés dans le métro parisien que je trouve bien moins bondé que d’habitude. Dans les wagons, de nombreux supporters aux couleurs de leurs pays se rendent sur les sites des Jeux olympiques.
Si durant cette période, le prix du ticket de métro est fixé à quatre euros, nous avons choisi de débourser 30 euros chacun pour un pass Navigo deux jours, un forfait spécifique aux Jeux olympiques. À l’entrée des bouches de métro ou des RER, on retrouve toute une brigade d’agents employés par la RATP pour guider les visiteurs. À part une poignée de supporteurs étrangers, très peu de personnes se renseignent sur sa destination. Le nez sur leur smartphone, les fans de sports privilégient l’application Paris 2024 Transport Public pour se diriger jusqu’aux sites des compétitions.
Une capitale désertée par les Parisiens ?
Direction notre hôtel situé dans le quartier Montparnasse. La capitale semble désertée par les Parisiens. Peut-être avaient-ils peur du fiasco de l’organisation des JO annoncé par certains ? Sur le trajet, un chauffeur-taxi nous confie qu’il a perdu presque 50% de sa clientèle. Si habituellement, il réalise cinq courses par jour, à l’heure actuelle, il n’en fait que deux ou trois, les jours où « il travaille bien. »Au musée du Louvre, l’affluence est au rendez-vous. Idem sur les terrasses parisiennes qui ne désemplissent pas, surtout le soir à la fin des épreuves sportives. Aux abords des cafés, toutes les discussions tournent autour des Jeux. La ville tout entière semble vibrer pour l’aventure olympique.
À deux pas, au jardin des Tuileries, trône la vasque enflammée par les champions Marie-José Pérec et Teddy Riner. Un ballon gigantesque qui s’élève chaque soir dans les airs à 60 mètres de hauteur. En s’enregistrant à l’avance sur le site officiel des JO, les visiteurs ont la possibilité de s’approcher de la flamme en présentant un QR code. En effet, comme pour les sites des compétitions ou des Fan-zones, il faut montrer patte blanche.
Malheureusement pour nous, les conditions météo n’étaient pas au rendez-vous. Ce soir-là, le ballon est resté au sol. L’orage finit par éclater et une cohue s’engouffre dans le métro. La pluie torrentielle provoque une véritable scène de chaos. Malgré un concert de klaxons, les piétons traversent la chaussée en courant, sans prendre gare aux feux de circulation. Si la scène a des allures de fin du monde, elle est tout de même assez comique. Nous qui trouvions la capitale désertée, nous voilà piégés dans une foule désorientée. Un peu comme si ces amateurs de sport n’avaient jamais vu un orage auparavant. Une scène lunaire !
Les demi-finales de tennis à Roland-Garros
Le lendemain, c’est le jour J. Le début des épreuves est annoncé à 12h à Roland-Garros. La veille, un SMS nous indiquait de nous rendre sur le site au moins 1h 30 en avance. Après 40 minutes de métro, nous arrivons sur les lieux. Malgré des mois de critiques et d’incertitude, il n’y a rien à dire, l’organisation des JO est très bien menée. Après une petite file d’attente et un passage obligé au portique de sécurité, les bénévoles nous accueillent tout sourire. C’est ma première fois à Roland-Garros et je dois avouer que l’ambiance est au rendez-vous. Âgé d’une cinquantaine d’années, mon père redécouvre ce stade mythique, trente ans après avoir vécu son premier tournoi.
Suite à une petite session photos devant la statue de Rafael Nadal, nous nous dirigeons vers le court Suzanne-Lenglen. Les bénévoles nous guident jusqu’à nos places. À notre arrivée, les joueurs de l’équipe australienne s’entraînent encore. Sur le court, quatre matchs sont au programme cet après-midi. La compétition commence avec le double femme en demi-finale opposant la République Tchèque à l’Italie. Les gradins se remplissent peu à peu dans une atmosphère festive.
Le match débute et sans surprise, les Italiennes Errani et Paolini dominent. Les demi-finales se poursuivent avec le double hommes opposant l’Australie et les USA et le double-femme opposant l’Espagne aux Russes, sous bannière neutre. Dans l’ensemble, nous trouvons que les matchs sont assez déséquilibrés. À chaque fois, une des équipes semble mener le jeu avec un niveau bien supérieur. Lors des JO, tous les matchs se déroulent en 2 sets gagnants avec des tie-breaks dans chaque set. La rencontre Australie-USA, c’était kiff-kiff. Les Australiens Ebden et Peers, aujourd’hui médaillés d’or, ont fait un beau match face aux tennismen américains Fritz et Paul. Enfin, le double mixte pour la médaille de bronze a opposé le Canada aux Pays-Bas.
Le show d’une Parisienne au kilomètre 0
Mon père est assez déçu de ne pas voir les Français Caroline Garcia et Édouard Roger-Vasselin battus d’entrée en double mixte. Installés à côté de nous dans les tribunes, un supporteur hollandais tremble à chaque coup de raquette. Finalement, apprécier le match en étant « neutre » n’est pas si mal… En tout cas, l’ambiance des JO est au rendez-vous, avec un karaoké sur écrans géants à chaque pause et le passage de la mascotte dans les gradins ! Au même moment, Teddy Riner remporte l’or, ce qui lui a valu des applaudissements jusqu’à Roland-Garros.
Samedi, nous assistons au passage des cyclistes, près du kilomètre 0. Le départ réel de la course est dans le Ve arrondissement, la boucle de 18 km s’achève au Trocadéro. Quelques minutes avant l’arrivée des coureurs, partis à 11h de la Tour Eiffel, les supporteurs s’agglutinent de part et d’autres des barrières. Là encore, l’ambiance est bon enfant et festive. Une habitante du quartier sort sur son balcon munie d’un drapeau tricolore pour soutenir les Français. Un show sur le titre Do you remember ? s’improvise depuis l’appartement parisien.
En bas dans la foule, les acclamations des supporteurs se font entendre, les coureurs arrivent. Sur les quatre Français qui participent à la course, deux seront sur le podium. Valentin Madouas remporte l’argent et Christophe Laporte la médaille de bronze. Un joli clap de fin pour notre séjour aux Jeux-olympiques, que nous avons trouvé grandiose de la cérémonie jusqu’à notre départ.
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