Article mis à jour le 20 mai 2025 à 11:26
Les 9 et 10 mai prochains, la ville de Thuir accueillera la commémoration de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, organisée par la Convention des Afro-Descendants des Pyrénées-Orientales (CAD PO). Son président, Guy Gnakouri, souligne l’importance pour les afro-descendants de s’approprier ces lieux de mémoire.
Le 10 mai a été choisi comme date de commémoration en référence à l’adoption, en 2001, de la loi dite « Taubira », du nom de la députée de Guyane Christiane Taubira, qui reconnaît la traite et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Cette loi a été promulguée le 21 mai 2001 et a institué une journée nationale de commémoration, célébrée pour la première fois le 10 mai 2006.
De la créolité au Gwoka : les afro-descendants à l’honneur
À Thuir, un programme riche et diversifié marquera les deux jours de commémoration. Vendredi à 19 heures, une conférence abordera le thème de la créolité. Le lendemain, samedi, les festivités débuteront dès 10 heures avec l’ouverture de stands culinaires et artisanaux tenus par des associations afro-caraïbéennes du département.
À 16 heures, une cérémonie de dépôt de gerbe se tiendra au mémorial de la déportation. Pour la première fois, une conférence tambourinée sur l’histoire du Gwoka, genre musical guadeloupéen né pendant l’esclavage et inscrit au patrimoine immatériel de la France par l’UNESCO, sera proposée. Cet événement inédit réunira les tambours du groupe Pôle Ka Pété et les jeunes de la MJC.
Guy Gnakouri, l’afro-catalan qui succéda à Pierre Toto
Pierre Toto, décédé pendant la pandémie de Covid-19, a lancé l’événement en 2007 à Thuir. La ville reste aujourd’hui la seule du département à célébrer la date. Cette année, la relève, menée par Guy Gnakouri, veut fédérer une quinzaine d’associations d’afro-descendants « pour marquer le coup ».
D’origine ivoirienne, il vit en France depuis 1993, et rappelle qu’être afro-descendant n’est pas une question de couleur de peau, mais de mémoire. Et la CAD PO a pour but de montrer que la communauté existe, et qu’elle est aussi … catalane.
« Le thème de cette année, c’est la créolisation, pour montrer que notre culture afro-descendante se mélange avec la culture catalane », explique Guy Gnakouri. « Je me suis rendu compte que j’étais catalan lorsque je travaillais à Paris, à me retrouver à parler du Canigou aux parisiens », sourit celui qui se définit comme afro-catalan. « On a ce territoire en commun ». Et de pousser le jeu de mot, « je suis « ici-ssien », je vis ici », dit-il en riant.
De l’esclavage à l’égalité, la lutte n’est pas encore terminée
Si, à travers les actions de la CAD PO, Guy Gnakouri appelle la communauté à se faire connaître et à montrer l’apport des afro-descendants à la société, les chiffres rappellent que le défi reste immense. D’après une enquête de l’Insee publiée en novembre 2024, un quart des immigrés et de leurs descendants disent avoir vécu des discriminations au cours des cinq dernières années.
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