Suite à des attaques de loup sur un troupeau en Cerdagne, un arrêté préfectoral autorise les tirs de défense et huit louvetiers ont été désignés. Une décision qui n’est pas du goût de plusieurs associations qui co-signent un communiqué. Photo d’ouverture : image d’illustration.
« Un loup mort n’apprend pas ! » titrent les signataires, qui demandent des mesures d’effarouchement pour enseigner au loup la peur des sites d’élevage. Les associations dénoncent en effet la disproportion de la mesure autorisant les tirs de défense, qui est une première pour les Pyrénées-orientales. Selon elles, ces tirs seraient contraires aux principes de conservation du site Natura 2000 et du Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes.
Pour les signataires, il y a disproportion entre les tirs pour abattre et le nombre d’attaques de loup
« Depuis son retour avéré en 1999, la population de loups dans notre département s’est stabilisée autour de 3 à 4 individus, fautes de femelles, ce qui empêche la formation de meutes pérenne » communiquent les défenseurs de l’environnement. Pour eux, les dégâts sur les troupeaux restent minimes grâce à une amélioration de la protection des troupeaux. Ils évoquent, sur l’ensemble des dommages constatés, seulement quatre attaques sur sept avec la mention « loup non écarté ». « C’est un niveau de prédation très bas pour justifier la mise à mort d’un animal protégé. » Les défenseurs du loup évoquent moins de 1 % de pertes sur un troupeau de 900 brebis.
André Balent est membre des associations Charles Flahaut et Bien Vivre en Pyrénées Catalanes. Pour lui, les attaques de loup qui demeurent surviendraient surtout sur les troupeaux éparpillés. « Cela arrive quand on ne parvient pas à regrouper les animaux et qu’ils se dispersent. »
Le communiqué pointe en effet des « causes structurelles » sur l’estive de Dorres avec un troupeau à l’effectif en augmentation, difficile à gérer et qui n’était pas conduit en groupe unique. Les associations craignent par ailleurs l’effet global sur la présence du loup dans un département où il est déjà rare. « En tuer un c’est potentiellement faire disparaître 25 % de la population locale. (…) À l’échelle nationale, c’est presque 20 % de la population de loups estimée qui est tuée chaque année. Quelle autre espèce protégée est ainsi ‘gérée’ ? »
Le loup comme super prédateur contre les cerfs qui menacent la forêt
Selon André Balent, le loup est « la pièce manquante des écosystèmes montagnards. » En particulier en tant que super prédateur qui régulerait la population de cerfs introduite depuis les années 1950. « Ces écosystèmes sont déséquilibrés par la prolifération de cervidés. Cette prolifération est néfaste pour la régénération des forêts car ils mangent les jeunes pousses. Et les chasseurs prélèvent peu, ce n’est pas très efficace. »
Le lynx, aperçu aussi sur notre département depuis peu, pourrait être également un prédateur intéressant, même s’il chasse en solitaire quand le loup pourrait devenir plus efficace s’il se constituait en meute. « Un loup solitaire ne va pas s’attaquer à un cerf. »
André Balent comprend néanmoins les difficultés de la bergère touchée par les attaques. « Elle est une victime collatérale. Je me mets à sa place, cela a dû être quelque chose de très difficile à vivre. »
Les associations demandent le retrait de l’arrêté préfectoral et une concertation entre les acteurs pour déterminer des mesures de protections non létales.
Les associations signataires du communiqué opposé au tirs de défense :
Le Groupe Ornithologique du Roussillon
L’association Charles Flahault
Frene66
SOURS
Ligue Pour les Oiseaux Occitanie – Pays Catalan
CerCa Nature
Bien vivre en Pyrénées Catalanes
FERUS
L’ASPAS
France Nature Environnement
Mountain Wilderness
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