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« Toro piscine » à Saint-Cyprien : une association questionne l’utilisation des vachettes

« Les animaux ne devraient pas être des objets de divertissement » communique l’association PAZ, Projet Animaux Zoopolis. Ce mercredi 30 juillet 2025, des militants prévoient une mobilisation devant un spectacle « Top à la vachette » à Saint-Cyprien. De leur côté les organisateurs tiennent à rassurer sur le bien-être des bovins.

Amandine Sanvisens est cofondatrice de la PAZ, qui milite pour la sortie de la captivité animale et contre l’utilisation des animaux pour le divertissement. Elle rappelle la prise de position de l’animateur Nagui pour supprimer les vachettes dans l’émission Intervilles.

« Cela montre qu’il y a une évolution dans la société, une prise de conscience sur le sujet. Comme certains cirques ont pu le faire, et qui vont maintenant utiliser des hologrammes pour représenter des éléphants. »

L’élevage qui fournissait les vachettes pour Intervilles

Précisément, les spectacles « Top à la vachette », tous les soirs au Barcarès et à Saint-Cyprien, sont organisés par la famille Labat, qui fournissait les fameuses vaches pour Intervilles. Un élevage qui a popularisé le « toro piscine » dans les années 1980. « Pour nous c’est inacceptable de prendre les animaux pour des jouets » explique Amandine Sanvisens.

« On aimerait que la condition animale soit prise au sérieux et qu’on apprenne à s’amuser autrement qu’en utilisant des animaux qui sont dans le bruit, la foule et où on leur court après. Les vachettes sont des animaux qui sont pacifiques, qui vivent dans des prés, qui sont calmes, et leur faire subir ça pour nous ce n’est pas acceptable, même quand les animaux ne sont pas torturés ou tués. »

« Un business sur le dos des animaux »

Le groupe local PAZ sera présent à l’entrée de l’arène, mais pas de blocage ni d’action violente. « On veut que le débat émerge. Les vachettes ne sont pas consentantes, c’est un amusement qui est fait par les humains pour les humains. En fait rappelons les choses, on est sur un business sur le dos des animaux, ce n’est pas non lucratif. On ne leur dit pas de cesser toute activité commerciale mais de faire évoluer leur spectacle sans animaux. »

Après des actions récentes devant un centre Leclerc de Perpignan, pour protester contre la vente de pièges à colle, ou à Villefranche-de-Conflent contre l’utilisation de rapaces, les militants de PAZ s’attaqueront donc pour la première fois au « toro piscine ».

Action des militants de PAZ
Précédente mobilisation de l’association à Villefranche-de-Conflent © PAZ

Interrogés, les organisateurs du spectacle insistent sur le soin porté aux animaux. « On a des vaches depuis 1941 » explique Teddy Labat, fils du créateur de l’entreprise Jean-Pierre Labat. « Elles passent toute leur vie dans notre élevage, il n’y a pas d’autre destination que les spectacles. On les élève dans les landes juste pour qu’elles soient vues dans des spectacles. »

« C’est leur instinct de jouer »

Pour Teddy Labat, il n’y a aucun dressage ni éducation. « C’est leur instinct de jouer. On ne pourrait pas les contraindre à faire ce qu’elles font. Ce n’est absolument pas comparable avec le cirque. Si une vache n’a pas envie de courir pendant un spectacle, c’est impossible de la forcer. Nous avons un troupeau de 120 vaches, et on en a une dizaine qui n’ont pas envie, qui ne sortent pas en spectacle. Ce sont plutôt les vieilles vaches, nos mamies, qui ne jouent plus. »

Spectacle Top à la vachette
© Top à la vachette

Concrètement, les vachettes pèsent 200 à 300 kg. Elles sont en piste avec une dizaine de participants pour différents jeux. Il peut s’agir de faire traverser la piscine ou un cerceau à l’animal. L’entrée est à 13 euros et les adultes de 18 à 35 ans peuvent participer sur inscription. « Chaque jeu dure quatre minutes ou quatre minutes trente, la vache sort une à deux fois par soir et un à deux soir par semaine. Quand le spectacle est fini, les vaches montent dans le camion. » Elles font ensuite une trentaine de kilomètres pour rejoindre un pré dans une ferme temporaire pour juillet et août, avant de retourner dans les landes.

« Certains font l’amalgame avec les cirques ou la corrida »

« Tout le reste de l’année, c’est forêt et prairie. La dernière fois que des associations sont venues nous voir c’était il y a quinze ans en région parisienne. Ces gens imaginent beaucoup de choses, font l’amalgame avec les cirques ou la corrida. Ils devraient venir voir notre élevage, tous les lundis ont fait des visites pour montrer comment vivent les vaches. »

Le groupe local de l’association PAZ, qu’il convainque ou non les spectateurs, aura à tout le moins ouvert le débat.

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Philippe Becker