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Vendanges précoces au domaine Lafage ce mardi 5 août : du raisin toujours plus tôt ?

Vendanges - La galère du logement pour les travailleurs saisonniers des Pyrénées-Orientales

S’adapter. C’est la clé pour des viticulteurs qui vivent de plein fouet le changement climatique. Notre soleil charge le raisin en sucre et trop attendre joue sur le degré d’alcool. Eliane Lafage nous raconte cette évolution du vignoble, avec une saison qui s’annonce meilleure que les précédentes grâce aux pluies printanières. Photo d’illustration © MiP

On se souvient des récoltes fin août de notre enfance. De nos jours, donner le coup d’envoi des vendanges le 5 août n’a plus rien d’un record. On a même déjà vu les sécateurs danser aux derniers jours de juillet.

« On a plutôt des vignes qui sont en bonne forme cette année, avec un joli feuillage. C’est de bon augure pour la suite. » explique Eliane Lafage, qui lance les vendanges pour la cuvée « Lafabuleuse », qui donnera le « blanc frisant ». « Vendanger plus tôt permet de garder plus de fraîcheur et éviter d’avoir trop d’alcool. »

La tendance est en effet à la baisse du degré. Les rouges à plus de 14° se vendent encore bien mais le succès sur des boissons plus légères, inférieures à 10°, est croissant avec un public à la recherche du désaltérant. Les pluies du printemps et les quelques averses de juillet ont permis des pronostics positifs pour beaucoup de vignobles du département, et surtout un besoin en irrigation quasi nul.

Une tendance de consommation vers la baisse du degré d’alcool

« L’an dernier on avait fait moins 30 % et l’année d’avant on était déjà moins 30 % par rapport à une année normale, donc ça devenait vraiment très faible. » Si les viticulteurs remontent la pente temporairement, Eliane Lafage reste cependant lucide pour l’avenir. La sécheresse frappera encore.

« Une année comme ça, j’aimerais qu’on en ait tous les ans, mais on voit vraiment le changement climatique. Je pense qu’on va plus aller vers une année pluvieuse pour deux ou trois ans secs. »

Le domaine Lafage cherche la résilience et partage ses résultats pour que les expérimentations bénéficient à tous. Il y a d’abord un travail sur les cépages résistant à la chaleur.

« On a planté des cépages d’Espagne, du Portugal, on a commencé à avoir les fruits. » Même sans importer, certains vieux grenaches locaux semblent s’adapter mieux que d’autres au changement.

Pour autant, même les plus résistants ont besoin d’un minimum d’eau. Seules dix % des vignes du domaine sont à ce jour irriguées. « On était arrivé à des zones désertiques ces dernières années. »

« Cultiver l’eau » avec la viticulture régénérative

L’autre axe prometteur, expérimenté depuis quatre ans, est la viticulture régénérative pour essayer de « cultiver l’eau ». Accompagné d’ingénieurs, le domaine travaille avec du compost et du biochar. Ce dernier est une sorte de charbon poreux d’origine organique qui sert à la fois d’amendement et de piège à eau, fonctionnant comme une éponge. On parle de réservoir hydrique et nutritif, capable de rester stable plusieurs années dans le sol.

Les recherches progressent, le changement climatique aussi. Des années de lutte entre les deux s’annoncent, avec des vendanges qui pourraient encore gagner en précocité. En attendant, si la chaleur du mois d’août est raisonnable, « un joli millésime se profile » d’après Eliane Lafage. Restons sur cette note positive.

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