Article mis à jour le 4 novembre 2025 à 18:07
Sécheresse, rendements catastrophiques, arrachage, changement des modes de consommation… Les viticulteurs des Pyrénées-Orientales sont confrontés de plein fouet à une conjonction de difficultés. Pour tenter de sauver une filière en péril, le préfet a décidé de lancer des assises de la viticulture à partir du 27 octobre.
Une crise qui dure, un marasme qui s’éternise. Dans les Pyrénées-Orientales, la filière viticole fait face à de sacrés vents contraires. Pour tenter d’endiguer cette crise, le préfet, Pierre Regnault de la Mothe, a annoncé la tenue d’assises. Celles-ci doivent se tenir à partir du 27 octobre, avec l’objectif fixé de « définir une vision pour l’avenir à 10 ans de la viticulture » dans le département. « Notre viticulture est durement éprouvée par les années de sécheresse et par les difficultés structurelles, écrit le préfet dans un communiqué. Nous devons définir une vision et construire l’avenir. Cet avenir existe, car la qualité de nos produits est reconnue. Nous devons le construire ensemble ».
Dans cette déclaration, celui qui représente l’Etat dans le département qualifie la situation de « difficile » et esquisse les points stratégiques à aborder : la ressource en eau ; la commercialisation et le marketing ; l’innovation et les nouveaux produits ; la structuration des coopératives. « Je demande aux acteurs de la coopération de réfléchir dès maintenant à des pistes de rationalisation, de diversification des revenus, de gestion du foncier ».
14% du vignoble arraché
A Made in Perpignan, le préfet précise qu’il entend redonner de l’espoir à une filière qui en a grand besoin : « il ne faut plus que la première préoccupation des vignerons soit le prix d’arrachage ». Et pour cause, 14% du vignoble départemental a disparu en seulement un an ! « C’est colossal, commente Christelle Alengry, chargée de mission viticulture à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. D’autant qu’on parle d’un vignoble qui avait déjà très fortement reculé depuis 30 ans ». Depuis 1990, la surface de production a été divisée par trois.
Le dernier plan d’arrachage avait été lancé par l’Etat en octobre 2024. Il permettait aux vignerons qui le souhaitaient de détruire tout ou partie de leurs exploitations, en échange d’une indemnisation. Le plan prévoyait 4000€ par hectare arraché. Au total, plus de 450 agriculteurs y ont répondu, pour 2 519 hectares concernés. La facture pour l’Etat s’élève à un montant de 9,9 millions d’euros.
Détresse économique et sociale
Sur son site, la Chambre relate la genèse de ces assises et évoque la tournée réalisée par le Préfet durant les vendanges, début septembre. « Les services de l’Etat ont pu constater (sur le terrain) la détresse économique, sociale et familiale que vivent au quotidien nos vignerons ».
Interrogé par Ici Roussillon, le président du syndicat des vignobles de la côte vermeille, Romuald Peronne, a récemment livré un message poignant en ce sens. « On a le coeur gros », a t’il expliqué en appelant les habitants du territoire a défendre les productions locales.
Consommation en baisse
Dans les chiffres, les Pyrénées-Orientales ont battu l’an dernier leur record de la plus mauvaise vendange, avec seulement 327 000 hectolitres récoltés. « Cette chute de la production, qui s’inscrit dans un contexte de sécheresse prolongée et de difficultés économiques, a plongé de nombreux viticulteurs dans une situation critique », écrit la Chambre. D’après elle, les besoins du secteur se résument « autour d’un triptyque : rentabilité (pouvoir vivre de son métier avec une nécessité urgente d’accompagnement financier) ; sécurité (avoir de visibilité économique et réglementaire) ; attractivité (quel avenir pour nos territoires ruraux ?) ».
Cette crise locale s’inscrit dans un contexte international compliqué (production et consommation en baisse). Et elle s’ajoute à un changement durable des habitudes au niveau national : selon une étude de l’office agricole FranceAgriMer, les Français consomment désormais davantage de bière que de vin.
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