Article mis à jour le 11 juillet 2025 à 15:00
Un espace dédié à l’art du tissage a ouvert ses portes à Argelès-sur-Mer. Lucile Martin, a fondé Origines Tissages et confectionne des tissus localement, alliant savoir-faire ancestral et fabrication contemporaine. Photo d’illustration © Origines Tissages.
L’ouverture de l’atelier Origines Tissages est le résultat de quatre ans de travail. Lucile Martin, tisserande formée au centre de formation Lainamac dans la Creuse, est venue implanter son savoir-faire dans les Pyrénées-Orientales. Aujourd’hui installée à Argelès-sur-Mer, elle s’appuie sur des ressources locales et privilégie des circuits courts.
Des tissus français et des collaborations locales
Du lin, au coton, en passant par le mérinos : Lucile propose des tissus d’origine 100% française. Elle est l’une des 180 derniers tisserands de France. Son travail repose sur plusieurs étapes. Un passage à l’ourdissoir, un tambour qui permet d’enrouler les fils de la chaîne en plusieurs sections et définir la longueur d’un projet. Ensuite, le travail au métier à tisser industriel. Et enfin la dernière étape, l’ennoblissement.
« Cette étape-là en France, il n’y en a vraiment plus beaucoup qui le font. Ils ne sont que deux, et on a la chance d’en avoir un dans le Tarn, Monsieur Ferrier. Il réalise tout le travail de foulage, de grattage, et de lavage ».
Désormais, Lucile peut proposer ses tissus aux designers et maisons de couture. L’artisane développe également sa propre collection, la commercialise en ligne, et signe des collaborations avec d’autres acteurs du textile. Elle a par exemple créé une paire d’espadrilles avec la marque cerdane Création Catalane. Loin des entreprises qui produisent en quantité illimitée, Lucile a la volonté d’enraciner ses projets dans une pratique de « slow fashion ».
Récolter la matière première auprès des éleveurs locaux
Pour fabriquer ses tissus, Lucile se fournit directement auprès d’éleveurs et agriculteurs. « Ils veulent valoriser leur laine et font appel à des savoir-faire comme le mien. J’avoue que dans mon projet, ce sont eux qui me font vivre. Ils m’envoient leur fil, me le confient, et moi je le transforme », explique-t-elle.
Cependant, la matière première doit d’abord être propre, sans paille ou plastique qui traîne. « Une fois qu’on a une matière à peu près lavée, on va la peigner puis faire du fil », confie la tisserande.
Utiliser la laine des éleveurs est un geste à la fois économique et écologique. Cela permet de revaloriser une matière longtemps délaissée et participer à la reconstruction d’une filière durable. C’est aussi le moyen de valoriser le savoir-faire des éleveurs et de leur redonner une place essentielle dans l’économie.
Origines Tissages s’est d’ailleurs inscrit dans la filière laine française, aujourd’hui en pleine redynamisation grâce à l’association Atelier Laines d’Europe. Cet organisme met en lumière « les qualités exceptionnelles de la laine en tant que fibre naturelle, locale et vertueuse, au service d’une mode plus éthique et écoresponsable ».
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