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Qui sont ces derniers restaurateurs de livres des Pyrénées-Orientales ?

Qui sont les derniers restaurateurs de livres des Pyrénées-Orientales ?

Installés au coeur de la ville historique d’Elne, Valérie et Romain sont les seuls artisans des Pyrénées-Orientales à perpétuer la restauration de livres. Dans leur atelier-boutique « Le moulin des papiers anciens », le couple offre une seconde vie aux ouvrages qui subissent les outrages du temps. Photos © Célia Lespinasse.

Valérie a toujours été passionnée par les livres. Petite, elle baignait déjà dans cet univers. « J’ai grandi entourée de bibliothèques, de vieux livres et de gravures anciennes », sourit la restauratrice. C’est lors d’un séjour Erasmus, dans la ville de León en Espagne, que Valérie et Romain vont faire une rencontre déterminante. Les deux étudiants en histoire de l’art se lient d’amitié avec un relieur espagnol. L’artisan leur enseigne son savoir-faire pendant près d’une année. C’est le coup de foudre et de retour en France, le couple décide d’en faire son métier. 

Une plongée dans l’histoire du livre

Aujourd’hui, cela fait presque 20 ans qu’ils proposent leurs services en matière de reliure, dorure et encadrement d’art. Les artisans restaurent, entre autres, les livres des administrations comme les registres d’état civil ou les documents produits par les mairies. « Nous faisons aussi beaucoup de reliures d’ouvrages récents et de manuscrits », explique Valérie.

Romain travaille sur le cousoir, utilisé en reliure pour maintenir les ficelles pendant que le relieur coud les cahiers qui formeront le livre.

La restauratrice a déjà œuvré sur de nombreux livres anciens, datant du 16e et du 17e siècle, ou sur des livres numérotés, faisant partie d’un tirage limité. Ces ouvrages rares et précieux appartiennent généralement à des particuliers. « Ce que j’apprécie le plus dans mon travail, c’est la rencontre avec la personne cachée derrière chaque livre et le lien qui les unit à cet objet. » 

De nombreux outils traditionnels servent à la restauration des livres.

L’odeur du bois provenant des outils, mêlée à celle du papier, du cuir et du parchemin embaument l’ensemble de l’atelier. Une magnifique presse à percussion trône au milieu de la pièce. Dispersés d’un bout à l’autre, le cousoir, l’imposante presse à endosser et les étaux en bois plongent le visiteur dans l’histoire des manuscrits. Ces outils traditionnels sont indispensables à Valérie et Romain qui peuvent passer des centaines d’heures de travail sur un même ouvrage.

Une technique artisanale en voie de disparition

Le livre est examiné sous toutes les coutures. La première étape est le nettoyage de l’ouvrage, il faut ensuite le découdre entièrement pour pouvoir procéder aux restaurations nécessaires. Ensuite vient la couture, avec la pose des pages de garde. Une fois le livre relié, il est passé à la presse à endosser qui façonne la courbure du dos. La dernière étape est la pose des cartons de couverture, ceux-ci sont ensuite recouverts de toile ou de cuir, selon la volonté du client. Un travail minutieux, peu importe la qualité du livre. 

La presse à percussion permet de chasser l’air des cahiers lors de la réalisation d’un livre.

Comme beaucoup de métiers liés à l’artisanat, les restaurateurs de livres sont confrontés à l’évolution du temps. « Notre difficulté c’est de nous adapter à la clientèle, il y a de moins en moins de collectionneurs de livres », regrette Valérie, qui s’est tournée vers les administrations pour avoir des commandes plus régulières. « Autrefois, le métier de relieur était indépendant de celui du doreur. Aujourd’hui, le relieur doit savoir tout faire parce que ce savoir-faire est en train de se perdre. » Valérie reste convaincue que le livre ne disparaîtra jamais. « C’est un support très important qui a un réel intérêt. Les livres sont une mémoire. » 

Dans les Pyrénées-Orientales, les savoirs d’autrefois se perpétuent

Le métier, que beaucoup pensent dépassé avec l’arrivée du numérique, a encore de beaux jours devant lui. Preuve à l’appui, le carnet de commandes de Valérie et Romain ne désemplit pas. En France, de nombreuses écoles forment les jeunes aux métiers de l’artisanat, c’est le cas de l’école Estienne, à Paris. Dans les Pyrénées-Orientales, Valérie organise des ateliers d’initiation à la reliure, aux archives départementales. Une jolie manière de transmettre sa passion auprès de différents publics, afin de sauvegarder ce patrimoine écrit.

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Célia Lespinasse