Article mis à jour le 26 septembre 2025 à 08:26
Suite à un arrêté préfectoral, et pour la première fois dans les Pyrénées-Orientales, huit chasseurs louvetiers viennent d’être désignés et formés pour procéder à des tirs défensifs. Un loup attaque le bétail depuis le mois de juillet au niveau des estives de Dorres.
Jamais le tir contre les loups n’avait été autorisé jusqu’à présent dans notre département. Mais le groupement pastoral de Dorres, en Cerdagne, est à bout. En dépit d’estives déjà protégées avec enclos, bergers et chiens, sept attaques sur les troupeaux de moutons ont été déplorées depuis juillet 2025, dont au moins quatre correspondent à un acte de prédation avéré. Au total, on compte huit ovins tués et six blessés.
Un loup solitaire plutôt qu’une meute
Didier Carponcin, sous-préfet de Prades, évoque la présence permanente d’au moins un loup du côté du Carlit, sur quatre à cinq déjà repérés mais pouvant être de passage. « Il y a des traces, des poils » explique-t-il. « C’est un individu isolé, on n’a pas de meute dans les Pyrénées-Orientales. »
Les attaques sur le bétail ne sont pas nouvelles, mais jamais avec une telle fréquence. « Les attaques ont eu lieu malgré les dispositifs de protection de l’estive, et donc, pour la première fois, il y a un arrêté qui autorise le tir de défense simple. »
De quoi s’agit-il ? Les tireurs, en plus d’avoir un permis de chasse, doivent avoir suivi une formation spécifique au loup, qui vient d’être dispensée par l’Office Français de la Biodiversité. En l’espèce, ce sont des louvetiers, à savoir des chasseurs assermentés par l’Etat, qui ont été désignés. Ils sont plus aguerris aux tirs nocturnes et sont équipés de lunettes à vision de nuit. La défense simple autorise seulement à tirer depuis le site concerné par les attaques et interdit d’aller traquer le loup. « C’est un gage de sécurité que de solliciter des lieutenants de louvèterie. » Par ailleurs, seuls deux chasseurs peuvent être présents à la fois. Les huit louvetiers effectueront donc des rotations.
L’effarouchement ne suffit plus
Le tir de défense simple est le niveau intermédiaire entre le tir d’effarouchement, qui a été déjà tenté en l’espèce et qui n’atteint pas l’animal, et le tir de défense renforcée qui autorise jusqu’à dix chasseurs à être postés en même temps.
« Ils ne pourront pas être là H24, ce n’est pas possible. Les limites humaines vont être vite atteintes. »
Reste à déterminer si l’arrêté permettra de résoudre la difficulté. Pour rappel, plus de 1100 loups sont installés en France. Les plans de sauvegarde depuis les années 1990 ont permis de revenir au seuil de préservation de l’espèce et de sortir du risque d’extinction, d’où des tirs plus facilement autorisés de nos jours. Deux mâles avaient été repérés en 2020 et 2021 près du Carlit. Très mobiles, ces loups pouvaient faire jusqu’à 50 km par jour et les attaques étaient, jusqu’à l’été dernier, inférieures à celles constatées dans d’autres départements.
Les éleveurs pourront être indemnisés pour les pertes, à hauteur d’un peu plus de 300 euros par animal mort, à condition de démontrer que des mesures de protection avaient été mises en place.
Le sous-préfet Didier Carponcin rappelle que le loup ne présente pas de danger pour l’humain. « Il n’y a jamais eu, depuis que le loup s’est réintroduit en provenance d’Italie, d’attaques sur des humains. »
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