Article mis à jour le 22 février 2024 à 19:39
Vendredi 23 février 2024, le Campus et le Parti animaliste 66 organisent un rassemblement devant la mairie de Perpignan. À 16h, ils protesteront contre l’arrivée du cirque Venise. À l’origine du mécontentement, la présence d’animaux sauvages dans les numéros mis en scène sous le chapiteau. Photo © Charles Bury / Hans Lucas.
Une loi a été votée en 2021 pour interdire les animaux sauvages dans les cirques. Le texte ne sera effectif qu’en 2028, un délai de sept ans qui permet aux circassiens de se reconvertir et de chercher des sanctuaires pour les tigres, lions ou éléphants, souvent considérés comme le clou du spectacle.
Un cirque avec des animaux sauvages à Perpignan
Si de nombreuses villes interdisent déjà ces spectacles avec animaux, ce n’est pas le cas de Perpignan, qui malgré une délégation de protection animale, soutient l’arrivée du cirque Venise : « Chaque printemps, nous accueillons le cirque de Venise. J’ai pu constater qu’ils aimaient et respectaient leurs animaux. Ils sont bien traités et bien nourris. Les enfants adorent ça et tant que les animaux ne sont pas maltraités et que la loi n’est pas encore entrée en vigueur, pourquoi les interdirait-on ? », assurait Frédéric Guillaumon, adjoint au maire en charge du commerce.
« Une délégation de protection animale qui accueille des cirques avec animaux, ce n’est pas sérieux », tacle en retour Hugo Bidault, référent du campus animaliste. Placardées dans toute la ville et même hors agglomération, certaines affiches du cirque sont même à l’effigie des animaux. Le cirque Venise compte de nombreuses espèces exotiques comme des chameaux, des lamas, des zèbres, des autruches, des tigres du Bengale, et même un tigre blanc. Selon l’association Quatre pattes, en 2023, 530 animaux sauvages étaient encore détenus dans les cirques itinérants, dont 308 fauves.
Une vague de mécontentement sous un post de la Mairie de Perpignan
« En 2019, la Fédération vétérinaire européenne demandait très clairement à ce qu’on interdise les animaux sauvages dans les cirques itinérants, compte tenu de l’impossibilité absolue de répondre de façon adéquate à leurs besoins physiologiques, mentaux et sociaux », rappelle le référent du campus animaliste. L’ordre des vétérinaires confirme que ces animaux ne sont pas placés dans un environnement conforme à leurs besoins et à leur épanouissement.
Les Perpignanais n’ont d’ailleurs pas tardé à manifester leur mécontentement sur les réseaux sociaux : « À boycotter ! Les animaux n’ont rien à faire dans des cages !! », « Il y a de nos jours, des spectacles de cirque magnifiques sans aucun animal. Il faut privilégier ces spectacles-là », « Nous connaissons désormais les véritables conditions (déplacement, traitement, dressage) des animaux dans ces cirques, les choses évoluent, il est temps de se mettre à jour et d’arrêter de cautionner cette maltraitance animalière (…) », peut-on lire sous l’un des posts Facebook de la Mairie de Perpignan.
Des alternatives sans cruauté animale
Alors que de plus en plus de professionnels proposent des représentations sans cruauté animale, selon l’IFOP, 72% des Français interrogés se disent favorables à l’interdiction pure et simple des animaux sauvages dans les cirques en 2021. Ils étaient 67% en 2019 et seulement 20% en 1993. « De plus en plus de Français sont contre ces représentations, alors pourquoi continuer alors que des alternatives existent ! », gronde Hugo Bidault, qui mentionne par exemple un cirque en Allemagne qui s’est reconverti en faisant des hologrammes d’animaux.
Selon le référent du Campus animaliste, depuis le vendredi 1er décembre 2023, les naissances de lionceaux ne devraient plus avoir lieu au sein des cirques. La reproduction et l’acquisition de ces animaux sont formellement interdites. « C’est l’une des étapes de l’interdiction de la détention et des spectacles d’animaux sauvages dans les cirques itinérants d’ici au 1er décembre 2028 », mentionne-t-il.
« Le risque est que les circassiens se sédentarisent », alerte Hugo Bidault. En effet, la loi votée en 2021 ne s’adresse pour le moment qu’aux cirques itinérants. Lors du rassemblement prévu demain devant l’Hôtel de Ville, les membres du Campus et du Parti animaliste espèrent interpeller la municipalité sur le choix d’accueillir un cirque avec animaux sauvages.
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