Article mis à jour le 29 novembre 2024 à 19:57
Ce vendredi 29 novembre 2024, plusieurs membres d’Alternatiba 66 étaient réunis au Leclerc Sud de Perpignan pour dénoncer l’évasion fiscale d’Amazon. Devant les lockers du géant de l’e-commerce, la dizaine de militants écologistes a tenté de se faire entendre en posant des rubalises sur les casiers automatiques. Une action rapidement interrompue par les agents de sécurité de la grande-surface.
En France, l’évitement fiscal représenterait entre 80 et 100 millions d’euros, selon le syndicat Solidaires des Finances Publiques. « Le principe de la vente en ligne détruit les commerces locaux. Les consommateurs se précipitent sur ces produits discounts. En 2021, Amazon réalisait 51,3 milliards de chiffre d’affaires sur le sol européen, c’est considérable », nous explique Éric Le Balier, membre fondateur d’Alternatiba 66.
Comment les bénéfices d’Amazon échappent-ils à l’impôt français ?
En déplaçant une grande partie de ses bénéfices à l’étranger, le groupe américain dissimulerait 57% de son chiffre d’affaires réalisé en France. « Les multinationales parviennent souvent à échapper à l’impôt et sont rarement condamnées pour cela. Une de leurs méthodes est connue : déclarer des bénéfices là où les taux d’imposition sont les plus faibles », souligne l’association Attac France.
C’est le cas d’Amazon Europe, qui profiterait de la complaisance du Luxembourg (siège social), pour ne payer quasiment aucun impôt. Une pratique bien rodée que dénonce le mouvement citoyen Alernatiba 66 : « Le groupe justifie sa déclaration fiscale au Luxembourg car beaucoup de ses fournisseurs ne sont pas basés en France. Alors que nous sommes dans une période de restriction budgétaire, Amazon fait de l’optimisation fiscale ! », gronde Éric.
« C’est une injustice sociale. Je pense que c’est révoltant pour tous les citoyens de voir qu’Amazon échappe à cette contribution obligatoire, qui sert pour les services publics, comme les écoles, les hôpitaux, les transports, la rénovation énergétique… L’État s’appauvrit à mesure que le nombre de ces grosses firmes explose », lâche un autre militant.
Alternatiba 66 accuse le géant américain d’impunité environnementale
« Lors du Black Friday, nous sommes bombardés de publicité incitant à la consommation, ce qui nuit à la planète et au climat. » Une concurrence déloyale réalisée par la firme, qui entraîne aussi la précarité de l’emploi. Selon un rapport de l’ONG Les Amis de la Terre, la France a perdu plus de 80 000 emplois entre 2009 et 2018, du fait du développement de l’e-commerce. L’étude démontre que ce sont les commerces de proximité qui sont les plus durement touchés.
Les militants ont à peine le temps de placarder quelques affiches sur les lockers, que celles-ci sont immédiatement retirées par l’agent de sécurité. Banderoles et pancartes en main, ils sont doucement dirigés vers la sortie, où une retraitée les rejoints pour leur délivrer quelques encouragements.
Le géant de l’e-commerce lance une nouvelle offensive contre les librairies
Selon Alternatiba 66, Amazon détourne aussi la loi Darcos sur l’économie du livre. Le géant du commerce en ligne a annoncé la mise en place d’une solution gratuite de livraison des livres, en utilisant ses propres casiers automatisés. « Ils ont contourné la loi en facturant d’un centime les frais de port pour chaque livraison », assure Éric. Pour rappel, la loi Darcos a rendu obligatoires, depuis le 7 octobre 2023, les trois euros de frais de port sur l’envoi des ouvrages neufs.
L’utilisation massive de ces points de retraits, situés dans les galeries commerciales d’hypermarchés, exacerbe encore davantage la concurrence croissante entre librairies physiques et vendeurs en ligne.
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