En juillet 2025, trois départements d’Occitanie ont connu une surmortalité attribuable à la chaleur : les Pyrénées-Orientales, l’Hérault et le Gard. Dans un contexte de changement climatique, Santé Publique France observe « une accélération et une multiplication des événements météorologiques extrêmes et notamment les canicules. »
« Depuis 2015, les canicules présentent des profils très atypiques et de plus en plus étendus, en termes d’intensité, de répartition géographique et avec un impact sanitaire en termes de mortalité important », souligne Santé Publique France. Toute la population exposée est vulnérable à ces phénomènes de fortes chaleurs, en particulier les personnes âgées. Selon l’Insee, plus d’un habitant sur trois (34,6 %) des Pyrénées-Orientales serait âgé d’au moins 60 ans.
Une hausse de la mortalité liée à la canicule ?
Entre 2014 et 2023, Santé Publique France comptabilisait plus de 37 000 décès attribuables à la chaleur en France, 30% d’entre eux ont été observés pendant la canicule. Des seuils sont fixés pour chaque département correspondant à une augmentation significative du risque chaleur sur la mortalité. Cet indicateur permet d’estimer si la mortalité observée est plus élevée que celle qui est attendue.
Au début de l’été 2025, un épisode de forte chaleur est intervenu sur la quasi-totalité du territoire. Fin juin, près de 200 écoles avaient dû fermer, l’Éducation nationale étant dépassée par la chaleur dans les salles de classe. Selon Santé Publique France, « cet épisode caniculaire est remarquable à la fois par sa précocité mais aussi par sa durée. » Du 19 juin au 6 juillet, 60 départements ont été touchés par ces fortes chaleurs, soit environ les trois quarts de la population hexagonale.
« L‘estimation du nombre de décès sur ces périodes et départements est d’au moins 480 décès supplémentaires, toutes causes confondues« , annonce Santé Publique France. Soit une augmentation de 5,5% de la mortalité. Parmi eux, 410 décès concernent des personnes âgées de plus de 75 ans.
Comment ces données sont-elles calculées ?
Les « excès de mortalité » indiquent une mortalité observée plus élevée qu’attendue pendant les canicules, mais ne permettent pas d’attribuer ces excès à la chaleur. Selon Santé Publique France, d’autres causes concomitantes et non identifiées peuvent contribuer aux excès, ou au contraire diminuer la mortalité. À noter que l’estimation de la mortalité attribuable à la chaleur sera disponible lors du bilan estival, réalisé après la fin de la période de surveillance.
Pour effectuer un suivi de la mortalité, Santé Publique France s’appuie sur les données issues d’un échantillon d’environ 5 000 communes. Ce réseau couvre 84 % de la mortalité nationale. « Le nombre hebdomadaire de décès est comparé à un nombre attendu de décès, estimé à partir du modèle statistique utilisé par 28 pays ou régions en Europe. Ce modèle prend en compte les données historiques sur six années, la tendance générale et les fluctuations saisonnières », précise l’organisme.
« Les vagues de chaleur constituent une menace sérieuse »
Dans un rapport du Grantham Institute, les scientifiques constatent que de nombreuses villes européennes ont été touchées par la canicule. « Ces vagues de chaleur liées à de tels régimes météorologiques deviennent plus fréquentes et plus intenses en raison du changement climatique », confirme l’étude, qui rappelle que les conditions météorologiques propices aux incendies de grande ampleur étaient particulièrement extrêmes pour la saison.
« Les vagues de chaleur constituent une menace sérieuse pour la santé humaine, le bien-être, les activités économiques et les écosystèmes. Ces dernières années, l’Europe a enregistré des milliers de décès supplémentaires dus à la chaleur chaque été », alertent les scientifiques. D’après ce rapport, l’été 2022 a entraîné plus de 60 000 morts sur le continent. « Une étude d’attribution d’impact a montré que plus de 50 % de ces décès étaient liés au changement climatique d’origine humaine. »
Les chercheurs ont tenté de déterminer le nombre de décès liés à la chaleur, entre le 23 juin et le 2 juillet. D’après leurs conclusions, cette vague de chaleur aurait pu causer jusqu’à 2 300 victimes, dont les deux tiers sont directement attribuables au changement climatique. À Paris, l’étude dénombre 373 décès liés à la canicule. D’ici 2050, une part importante de la population européenne devrait être exposée à des chaleurs extrêmes.
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