Pour célébrer son 75e anniversaire, le musée d’art moderne de Céret rend hommage à ses amitiés. Fondé en 1950 grâce aux dons d’artistes emblématiques comme Matisse, Chagall et Picasso, le musée a continué à intégrer de nouvelles générations d’artistes dans sa toile. L’exposition « 75 ans d’amitié, les artistes et le musée » est accessible du 12 avril au 16 novembre 2025.
« On a voulu mettre en avant cette grande notion de l’amitié des artistes et du musée », déclare Jean-Roch Dumont Saint Priest, directeur-conservateur du musée d’art moderne de Céret. L’exposition s’ouvre sur les tableaux fondateurs du musée. Lors de son ouverture en 1950, Pierre Brune, le premier conservateur, demande à son entourage d’artistes de faire don de quelques œuvres. « On a cette pièce qui vient juste d’arriver, de Marc Chagall, offerte par l’artiste en personne pour la création du musée », explique le directeur en pointant l’un des premiers tableaux.
Ces amitiés à l’origine du musée d’art moderne de Céret
À côté, on retrouve des peintures de Pablo Picasso, Henri Matisse, d’autres de Marc Chagall, ou encore Valentine Prax. Ces peintres emblématiques, ayant séjourné à Céret avant même l’ouverture du musée, ont répondu positivement à la demande de Pierre Brune. Cette exposition est un hommage au « grand panorama d’artistes qui ont été le ciment de ces relations, de ces amitiés », déclare Jean-Roch Dumont Saint Priest avant d’ajouter « l’amitié pour nous, c’est aussi le meilleur outil pour répondre à la violence, à l’individualisme, à l’égoïsme, à la vanité ».
Un des tableaux de cette section est réalisé par Valentine Prax. Après un séjour à Collioure, elle décide de faire don de deux tableaux au musée. L’un d’eux est « La mappemonde ». Comme son nom l’indique, on peut apercevoir un globe terrestre avec à son pied un plateau de fruits. Au loin se dessine un paysage avec de l’eau : « On a l’impression de regarder des partitions », commente le directeur.
Pierre Brune n’est pas le seul conservateur du musée à mobiliser les artistes pour agrandir les collections. Ses successeurs gardent le même cap et s’assurent l’amitié de pléthore d’artistes de génération en génération.
Des liens sur le long terme
La visite se poursuit par le passage aux années 80 : le musée est rénové, mais les liens d’amitié restent inchangés. « On a des artistes qui continuent soit à revenir [à Céret], soit à être en lien avec le musée », souligne le directeur. Des expositions sont organisées : « On pense à Miró, qui organise en 1977 une grande exposition de ses œuvres, voulant lui-même présenter son travail », explique Jean-Roch Dumont Saint Priest. Le musée fera par la suite l’achat du tableau « Personnage Oiseau » par ce même artiste, présent dans l’exposition. Avec des lignes noires, le « personnage oiseau » se dessine sur le fond blanc de la toile.
Une complicité se tisse aussi avec les artistes qui viennent en résidence à Céret. C’est notamment le cas de Vincent Bioulès, un artiste montpelliérain. Ayant déjà participé à l’exposition « Impact I » de 1966, il renforce ses liens avec le musée au début des années 2000. « À cette occasion, il donne des pièces extrêmement rares », souligne le directeur en pointant du doigt le tableau « Saint François, La Cantique des Créatures IV ». On y voit un paysage fait de bleu et de jaune dont le directeur souligne les jeux de couleurs.
L’art contemporain du sud de la France et de la Catalogne
La dernière partie de l’exposition met à l’honneur l’art contemporain du sud de la France et de la Catalogne. L’installation « Paysage Intérieur » de Tom Carr en est une parfaite illustration. L’artiste catalan met en scène des projections de photographies de Céret et des villes voisines sur des miroirs. Les visiteurs peuvent se plonger dans les photographies qui défilent sur les murs. « Nous comprenons beaucoup mieux l’espace si nous nous y déplaçons. Ce n’est pas une seule image une fois que l’on s’y promène pour voir les différents points », précise Tom Carr.
Ce ne sont pas seulement les plus anciennes amitiés qui sont soulignées, mais aussi les nouvelles. « On a aussi fait dialoguer des plus jeunes artistes, avec qui on a eu le plaisir de travailler plus récemment », a expliqué le directeur. Ces artistes ont d’ailleurs participé à « La course à vélo » des artistes en septembre 2024. « Ce sont ces amitiés qui ont permis qu’une ville de 8 000 habitants ait une si grande collection », conclut le directeur.
Un nouvel accrochage d’art contemporain
Depuis le 1er mars 2025, un nouvel accrochage d’art contemporain a vu le jour dans une autre partie du musée. Ce renouvellement permet de mettre en lumière d’autres œuvres parmi les archives. « On a, à peu près, 3 700 à 3 800 œuvres dans la collection », estime Aude Marchand, responsable des collections.
Un nouveau parcours pensé par Jean-Roch Dumont Saint Priest et Aude Marchand. Les visiteurs peuvent retrouver des œuvres comme « No hi ha poble sense cultura » de l’artiste Ben ou encore « Volley-ball » de Vincent Bioulès. L’accrochage devrait rester deux à trois ans.
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