Article mis à jour le 17 décembre 2025 à 12:31
À quelques jours de Noël, éleveurs et citoyens manifestaient sous les fenêtres du Préfet des Pyrénées-Orientales. Équipés des cloches de leurs vaches abattues, et de sifflets, plusieurs éleveurs qui ont vu leur troupeau « dépeuplé » ont exprimé leur colère face à une gestion de la dermatose nodulaire bovine qu’ils considèrent comme mortifère.
Une drôle d’ambiance s’est emparée du centre-ville de Perpignan quand les manifestants se sont dirigés vers le Castillet paré aux couleurs de Noël. Sifflets et cloches de vache couvraient les musiques de saison. Les drapeaux, banderoles et autres panneaux de revendications faisaient concurrence aux scintillements féeriques des décorations.
La stratégie de l’abattage total toujours contestée
Victor, éleveur de 60 bovins à Mosset n’a pas a été touché par la maladie, aujourd’hui toutes ses bêtes sont vaccinées. « Moi je suis là pour dire stop au maintien des abattages totaux. À partir du moment où un cas est détecté, c’est tout le troupeau qui est abattu. » Le jeune éleveur exige la fin de l’abattage des animaux. « Nous voulons que seulement les bêtes contaminées soient abattues ».
Même revendication du côté des syndicalistes qui se succèdent au micro. « Nous voulons un réel traitement sanitaire et non administratif de la maladie », lance Bruno de la Confédération paysanne. En clair, ils réclament la fin de l’abattage systématique de l’ensemble des animaux d’un groupe en cas de découverte d’un bovin positif. Compte tenu du consensus scientifique sur l’abattage total, la ministre de l’agriculture reste inflexible. Annie Genevard a cependant fait un pas sur l’étendue des zones de vaccination.

Une fois n’est pas coutume, la Confédération paysanne et la Coordination rurale font cause commune face à la stratégie de « dépeuplement » déployée par l’État. Face au rouleau compresseur des normes et de la signature imminente du Mercosur, les griefs s’accumulent. « On ne sait pas quoi faire », s’emporte Valentin, éleveur de cochons à Néfiach.
Parmi les manifestants, Guillaume a vu le 12 novembre dernier, à Nyer, 18 de ses 46 vaches tuées par les vétérinaires mandatés par la Direction département de la protection publique. Un mois plus tard, il est toujours amer et manifeste avec les colliers et les cloches de ses vaches abattues. « Nous, éleveurs, on est régulièrement touchés par des maladies. La FCO*, la MHE**, mais c’est la première fois qu’on applique cette règle de l’abattage total. »
Pour rappel, dans les Pyrénées-Orientales, depuis la découverte du premier cas, sur les 13 000 bovins, plus de 500 animaux ont été abattus.
Pour les éleveurs touchés, le temps de l’indemnisation est venu…
Ce 18 décembre, les éleveurs impactés par la DNC dans les Pyrénées-Orientales ont rendez-vous avec les services de l’État. Une réunion imporante puisqu’on va parler d’argent. Pour le moment, chaque agriculteur a reçu ou va recevoir une avance de 2100 euros par animal tué. Ensuite, les experts devront chiffrer au plus juste la valeur vénale de chacun des animaux, selon leur caractéristiques : veau, taureau, race…
À ce jour, Guillaume est en attente de cette réunion d’information. Les éleveurs qui ont vu leurs bêtes euthanasiées, ont, pour la plupart, déjà reçu cette avance de trésorerie. Reste désormais à étudier, grâce aux experts, la valeur réelle de chacun des bovins.

Par voix de communiqué de presse, le premier ministre déclare : « le Gouvernement a décidé d’activer un fonds de soutien de plus de 10 millions d’euros destiné à assurer un soutien direct aux petits élevages des zones touchées. » Les indemnisations seront défiscalisées et désocialisées, et doivent prendre également en compte les pertes d’exploitation.
… ainsi que celui du repeuplement
Après l’indemnisation, le temps du repeuplement viendra. Il faudra alors reconstituer les troupeaux pour repartir avec de nouvelles bêtes. Pour Guillaume, la question se pose, où acquérir de nouvelles vaches Gasconnes des Pyrénées en sachant que leur territoire de prédilection se trouve en pleine zone de contamination ? Si en Savoir et Haute-Savoie, plusieurs troupeaux ont déjà été reconstitués, dans les Pyrénées-Orientales, il faudra, au moins, attendre fin janvier, soit 45 jours après la date à laquelle le dernier abattage a eu lieu.
Afin de faciliter ce repeuplement, le gouvernement annonce mobiliser les chambres d’agriculture. « Les petits élevages auront accès en priorité à des animaux sélectionnés, notamment aux meilleures génisses de haute valeur génétique, leur permettant de reformer un troupeau. » Le sujet de la DNC ne sera pas éclipsé par la trêve des confiseurs.
*La Fièvre catarrhale ovine est une maladie virale qui touche les ruminants (ovins, caprins, bovins)
** La maladie hémorragique épizootique
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