Article mis à jour le 7 mars 2023 à 06:57
Le fondateur de Médiapart a répondu présent à l’invitation de l’Atelier du Parti Pris pour présenter son livre « Voyage en terres d’espoirs » (éditions de l’atelier). Selon Edwy Plenel chacun « a rendez-vous avec ses responsabilités ». Le succès de sa conférence semble indiquer qu’ils sont nombreux à s’interroger face à « un moment très compliqué de notre Histoire ».
♦ « Chacun fait ce qu’il peut mais nous avons d’abord rendez-vous avec nous même, avec nos responsabilités »
Edwy Plenel est venu présenter son livre et sa volonté de mettre en avant les vaincus. Car dit-il : « Les vainqueurs n’ont rien à nous apprendre, quand les vaincus laissent des savoirs méconnus ». Un ouvrage dans lequel il a voulu rendre hommage « aux oubliés et aux méconnus qui se sont battus pour l’émancipation et rendre justice » au « Maitron » dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social dirigé par l’historien Jean Maitron, qui reprend sur 76 volumes les 163 084 biographies. Un dictionnaire qui continue chaque année de s’écrire grâce au travail collectif qui met en avant les vaincus, ceux qui ne savent pas ce que leurs idées ont engendrées. « De Spartacus à Guevara, en passant par Babeuf et Jaurès, pour ne prendre que quelques figures, d’autant plus emblématiques qu’elles furent martyres, l’histoire dont il s’agit ici n’est donc pas seulement de longue durée. Elle est éternelle, c’est-à-dire sans début ni terme, sans cesse recommencée, toujours à refaire. Et, par conséquent, définitivement actuelle ».
Par cet hommage, le journaliste aux 40 ans d’expérience enjoint chacun de nous à « prendre ses responsabilités », à l’image de Victor Hugo qui encourageait à ne pas craindre la catastrophe mais à l’affronter. Edwy Plenel pense que « nous sommes dans le monde de ceux qui ne croient en rien d’autre qu’en la victoire, alors que la jeunesse a besoin d’idéal dans un moment où elle est prête à tout risquer. L’engagement conduit au-delà de soi-même ». Illustrant son propos par une citation de Victor Hugo dans les Misérables:
« Tenter, braver, persister, persévérer, s’être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise. »
♦ Un public nombreux inquiet et critique face « au système »
Des critiques nombreuses de la salle, entre autre face à « des édiles qui portent des paroles de haine. Une presse locale affligeante dont la lecture matinale donne parfois la nausée ». Le fondateur de Médiapart a tenu mettre en garde face un discours anti-système. Ce discours qui consiste à « la diabolisation globale des médias », celui d’un Donald Trump, ou d’une Marine Le Pen qui, sous prétexte que certains journaux sont aux mains de magnas du CAC 40, prétendent que l’ensemble des journalistes n’assume pas son rôle qui est celui « d’obliger les lecteurs à penser contre eux même ».
« Il y a ce vieux monde qui s’accroche à ses privilèges et qui tarde à mourir. Il y a tous ces idéaux qui ne trouvent pas d’écoute et un monde qui tarde à naître. C’est dans ces périodes transitoires que naissent les monstruosités politiques ! »
♦ « La lumière ne jaillit que de la discussion »
Pour conclure face aux remarques de la salle, surtout sur le manque de soutien de Mediapart au mouvement de Jean-Luc Mélenchon, La France Insoumise, le journaliste a renvoyé chacun à sa réflexion : « Face à l’urgence de la situation et de sectarisme en sectarisme, au bout d’un moment, je pense que nous devons méditer ce que dit Blanchi et ne pas être dans la division ». Il rappelait en substance son avis : « si on est proche sur le fond, il faut accepter de laisser de côté les menues différences pour permettre d’avoir des dynamiques communes ».
« Proudhoniens et communistes sont ridicules dans leur diatribes réciproques, sa partie à jouer dans le grand drame révolutionnaire, et si cette multiplicité des systèmes vous semblait funeste, vous méconnaîtriez la plus irrécusable des vérités » Auguste Blanchi
♦ L’Atelier du parti pris
Est une boutique qualifiée par ses fondateurs Corinne Duchemin et Kevin Courtois de « militante, citoyenne et gauchiste ». Une SCOP qui dans le cadre de son partenariat avec Mediapart avait déjà organisé en décembre dernier une rencontre avec Laurent Mauduit autour de « la démocratie dans les médias ». Pour cette deuxième conférence avec Mediapart, c’est Tarik Bouafia, étudiant en Sciences Politiques en Argentine qui a fait office d’animateur et qui n’a pas démérité face à l’éloquence et à la culture dont a fait preuve Edwy Plenel.
La prochaine rencontre dans le cadre de ce partenariat est prévue en avril prochain possiblement avec Fabrice Arfi, auteur de « L’affaire Cahuzac en bloc et en détail » (éditions DonQuichotte) qui viendrait parler de la corruption.
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