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EHPAD des Pyrénées-Orientales – Entre haute surveillance et incroyable chaîne de solidarité

Dépendance et seniors dans les Pyrénées-Orientales

Article mis à jour le 6 avril 2020 à 10:28

Alors que les Pyrénées-Orientales comptent 52 EHPAD*, la prudence est de mise dans ces établissements ; 4.287** personnes âgées placées sous haute surveillance. Polypathologies, dépendance, les « maisons de retraite » accueillent des publics particulièrement vulnérables face au Coronavirus.

Yves Barbe, directeur général de l’association Joseph Sauvy, et Hugues Aumaître, responsable du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Perpignan, nous ont apporté des éclaircissements sur le dispositif ; ainsi que leurs témoignages sur l’incroyable mobilisation de tous les personnels.

♦ « Une chaîne de solidarité extraordinaire » selon l’association Joseph Sauvy

L’association Joseph Sauvy gère 6 établissements dédiés aux personnes âgées dans les Pyrénées-Orientales. Son responsable, Yves Barbe, est particulièrement impressionné par la chaîne de solidarité qui s’est mise en place. « Tous les personnels ont mis la main à la pâte. Tous, y compris la direction, ont œuvré, par exemple, dans les cuisines pour que les repas soient assurés ».

Des bénévoles sont également venus spontanément proposer leur aide. « Certains de nos professionnels sont hébergés gratuitement par l’Hôtel Planes » insiste Yves Barbe.

« Certains salariés ont été confrontés à la maladie ; et ils se sont dit, pas maintenant, il faut continuer à soutenir les résidents. Certains de nos personnels soignants allaient même aider les autres établissements sur leur temps de repos. Mais nous avons dû leur demander de se ménager. L’objectif est vraiment de tenir sur la durée ».

♦ Le même engagement total de tous les personnels à l’hôpital et à domicile

Vincent Rouvet, directeur de l’Hôpital de Perpignan était également confronté à cette problématique. « Tous nos personnels sont très engagés et volontaires. Nous avons du mal à leur faire comprendre qu’il est nécessaire d’avoir des temps de repos ; et ce pour qu’ils soient disponibles au moment où aura besoin d’eux ». Car confirmait-il, « nous devons maintenir cette mobilisation sur la durée ; surtout si cela dure dans le temps comme on nous l’annonce » .

Localement des personnels ont souhaité rester confinés avec leurs résidents ; et ce afin d’éviter d’importer le virus depuis l’extérieur. Ce que confirme Yves Barbe : « certains salariés ont souhaité rester dans leur établissement, et ils le peuvent s’ils le souhaitent. Mais, là encore, il faut qu’ils puissent souffler, voir leur famille ».

L’engagement est aussi particulièrement fort quand il s’agit de l’accompagnement à domicile. Via le Centre Communal d’Action Sociale de Perpignan, nous avons recueilli le témoignage de Clarisse, 56 ans aide à domicile depuis 2006. Elle intervient 4 fois par jour chez Jeanne 114 ans. Depuis l’apparition du Covid-19***, Clarisse est inquiète du risque de transmission de la maladie à Jeanne. Pour éviter la contamination, elle a choisi de reste chez Jeanne entre deux interventions ; au lieu de rentrer chez elle. Ainsi, elle évite des allées venues et minimise les risques d’introduire la maladie au domicile de Jeanne.

La responsable du pôle Sénior autonomie du CCAS confie penser très fort à « Clarisse qui passe sa journée chez Jeanne au lieu d’être avec sa famille ; et à Jeanne qui a vécu les 2 guerres et ne pensait pas en vivre une troisième ».

♦ Un dispositif d’ampleur pour le suivi des EHPAD des Pyrénées-Orientales

Yves Barbe nous confiait n’avoir eu aucun décès à déplorer lié au Covid-19 au niveau de l’association. « Beaucoup de choses sont mises en place en coordination avec l’hôpital. Dès que l’un de nos médecins suspecte un cas, il téléphone immédiatement pour savoir s’il y a lieu de tester ».

Le directeur de l’hôpital de Perpignan, expliquait le dispositif spécifique mis en place pour les résidences de personnes âgées.

« Les médecins de gériatrie de l’hôpital ont ouvert une hotline ; une ligne téléphonique sur laquelle ils restent joignables jour et nuit par les EHPAD. Ils ont également organisé une équipe qui pouvait, sur demande des EHPAD, se rendre sur place. Une gestion en collaboration avec l’équipe professionnelle d’hygiène. Et ce afin d’évaluer la situation, faire des prélèvements, ou voir les mesures d’isolement qui peuvent être prises. Nous aidons aussi les médecins coordonnateurs des EHPAD à prendre les décisions en fonction du diagnostic que l’on pouvait porter, en fonction de l’état de santé des patients et des capacités de l’établissement à répondre à des mesures d’isolement ».

Les équipes médicales de l’hôpital réfléchissent également à l’opportunité d’ouvrir des lits spécifiques pour recevoir les patients des EHPAD potentiellement touchées par le Coronavirus ; une décision qui devrait être débattue en collégialité dès le lundi 6 avril.

Pour le moment, nous confie Yves Barbe, le plus compliqué à vivre pour les résidents est l’isolement en chambre ; et surtout pour les personnes qui ont tendance à déambuler. Présentant des troubles cognitifs importants, ces personnes ne comprennent ni la situation, ni pourquoi ils ne peuvent plus se déplacer dans l’établissement comme auparavant.

♦ Quelle est la véracité des chiffres de mortalité dans les EHPAD

Lors de la canicule de 2003, la surmortalité dans les maisons de retraite n’avait pas été comptabilisée dans un premier temps. Dans la crise sanitaire actuelle, les chiffres fournis quotidiennement par les Agences Régionales de Santé ne comptabilisent les décès liés au coronavirus que des personnes hospitalisées.

Pour Yves Barbe, il est très compliqué de savoir si un résident est décédé du Covid-19 ; sauf à réaliser des tests post-mortem. Car selon lui, certains symptômes peuvent être liés au COVID-19, mais pas seulement. « Une fausse route est-elle liée au Coronavirus ? On ne sait pas, et pourtant des décès pour fausses routes arrivent chez les personnes âgées dépendantes ».

Pour le moment, les chiffres de décès dans les EHPAD sont annoncés au niveau national. Le 4 avril, les Pyrénées-Orientales déplorent 1 décès imputable au Covid-19. Le 3 avril, le directeur général de la santé avançait un chiffre de 884 décès dans les EHPAD en France ; rappelant prudemment que ce chiffre était « provisoire » et « non consolidé ».

*EHPAD : Établissement d’Hébergement de Personnes Agées Dépendantes.
**Source INSEE, chiffres au 31 décembre 2017.
*** Les spécialistes de la langue seraient plus pour un usage du féminin. En effet, ils arguent du fait qu’il s’agit de la maladie nommée Covid-19 et donc maladie étant féminin, le féminin serait plus adaptée.

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Maïté Torres