Article mis à jour le 21 décembre 2024 à 12:51
Ce jeudi 5 décembre 2024, la rédaction de Made in Perpignan est partie à la rencontre de Cynthia Guéneau, équithérapeute à la tête de l’association « Équithérapie pour tous ». Direction les écuries de Sébastien Lauret, nichées dans un écrin de verdure, à Saint-André. Un cadre intimiste et propice à la médiation animale.
Chaco et Tito, deux majestueux chevaux blancs, libèrent chaque jour d’un poids les patients venus s’adonner à l’équithérapie. « Le cheval agit comme un médiateur », nous explique Cynthia. Via un ensemble de jeux et d’exercices, les participants revivent des émotions qui font écho à des situations de la vie quotidienne.
L’équithérapie pour dépasser ses difficultés
En plein essor, l’équithérapie compte de plus en plus d’adeptes. De par sa taille et son poids, le cheval incarne une autorité naturelle. « On ne peut pas aller vers lui de manière frontale, on est obligé de développer des qualités et une approche différente », assure Cynthia. « Lorsque j’ai testé l’équithérapie pour la première fois, j’ai pleuré, j’ai crié, j’ai rigolé ! On passe par toutes les émotions », confie-t-elle.
Autrefois assistante sociale, Cynthia a effectué une formation de deux ans pour devenir équithérapeute. « Il n’y a pas de diplôme d’État, nous ne sommes pas médecin », prévient la jeune femme. Il y a un an, cette passionnée du monde équestre créé sa propre association pour venir en aide aux enfants, comme aux adultes, traversant une période de vie difficile ou en quête de bien-être. S’il n’y a pas de profil type, Cynthia compte parmi ses patients des enfants hyperactifs, en décrochage scolaire, des personnes en situation de handicap, des adultes souffrant d’un burn-out ou d’une dépression…
« Chaque personne vient avec des objectifs de travail différents et une situation particulière. Mon job, c’est de mettre en place des exercices durant lesquels la personne va travailler avec le cheval. Le but étant de transcender ses difficultés », souligne Cynthia. Chaco et Tito, respectivement âgés de 12 et 17 ans, ont été éduqués à vivre avec l’Homme. « Ils ne sont ni dressés, ni conditionnés, mais ils connaissent très bien les profils humains. Nous sommes une équipe, c’est à la fois ma famille et mes collègues de boulot », sourit-elle.
Nous nous dirigeons vers les paddocks pour faire connaissance avec nos thérapeutes à quatre pattes. Cynthia nous a concocté une petite série d’exercices. La séance débute par quelques caresses, afin de se familiariser avec Chaco et Tito. À noter que pour les jeunes enfants ou les personnes moins à l’aise avec les chevaux, il est possible de faire la séance avec des poneys ou un double-poney. Direction la carrière pour débuter la médiation.
Le cheval ne juge pas et n’attend rien en retour
Le premier exercice proposé par Cynthia consiste à faire marcher les chevaux au pas, sans contact physique et sans matériel, notamment grâce au langage corporel. Contrairement aux idées reçues, faire avancer des bêtes de 500kg n’est pas si aisée ! Heureusement, l’équithérapeute est là pour nous guider. « Il faut être en accord avec soi-même. Le corps va exprimer quelque chose, si la voix ou la tête ne suit pas, il est impossible de réussir. »
Après plusieurs tentatives, Chaco et Tito finissent enfin par suivre le rythme que je leur impose. Accomplir cette tâche nécessite une certaine concentration, au fur et à mesure de l’exercice, j’en oublie même la présence de Cynthia, qui me propose ensuite de longer le cheval. Les patients peuvent également monter à cheval à cru, pour réaliser des exercices de respiration et de relaxation.
« Au départ, on peut être frustré de ne pas réussir du premier coup, mais mon but, c’est de donner des clés aux participants pour qu’ils prennent petit à petit confiance en eux. L’échec et la frustration sont des émotions que l’on ressent au quotidien dans la société, cet exercice permet de prendre conscience qu’il existe des solutions. » Autre point fort de la thérapie, le cheval ne juge pas et n’attend rien en retour. L’animal apporte un soutien émotionnel et permet de retrouver l’apaisement.
Au fil des séances, une connexion s’établit entre l’animal et le patient
Cynthia reçoit régulièrement des enfants hyperactifs au sein des écuries, « lorsqu’ils arrivent, ils sont souvent très dispersés, ils courent partout. Et au cours de la séance, on ne les entend plus, ils sont apaisés et se concentrent sur le cheval. » En plus des bienfaits mentaux et psychiques, certaines personnes recherchent du réconfort, « en prenant soin du cheval, on prend soin de soi », affirme la professionnelle. Pratiquer l’équithérapie, c’est aussi prendre son temps !
Au fil des séances, une connexion s’établit entre l’animal et le patient. « C’est une communication invisible, le cheval nous lit de l’intérieur et nous décrypte. Ce sont des éponges à émotions », décrit Cynthia, sans cesse surprise et impressionnée par le travail de ses chevaux. L’équithérapeute se remémore sa première séance aux côtés de Rose, une petite fille de quatre ans.
« Elle était atteinte d’une maladie qui faisait qu’elle ne tenait pas longtemps debout. Lorsqu’elle est arrivée avec sa mère et sa grand-mère, elle était en pleine crise de pleurs. » Si la séance débutait mal, au contact du poney, la petite fille s’apaise miraculeusement. « Elle est restée focalisée sur ce qu’elle devait faire avec l’animal. À la fin, elle s’agrippait à son poil, le caressait, c’était vraiment touchant. »
Cela fait quatre ans que Cynthia réalise des séances avec un petit garçon en fauteuil roulant. « Le potentiel de mes chevaux, je le découvre au quotidien », assure-t-elle. L’équithérapeute ne cache pas son admiration pour cet enfant qui a développé une communication particulière avec Chaco et Tito. « Malgré son handicap, il réalise certains exercices avec beaucoup plus de facilité que des personnes valides. C’est magique. »
Des futurs projets dans les Pyrénées-Orientales
Si l’équithérapie a des effets immédiats, Cynthia préconise des séances sur six mois. « Bien souvent, mes patients restent au moins un an, car ils y trouvent vraiment du bien-être. » En moyenne, la séance dure une heure, mais la professionnelle l’adapte toujours au rythme de la personne. Comptez en moyenne entre 45 et 90 euros pour une séance d’équithérapie dans les Pyrénées-Orientales.
Dès l’année prochaine, Cynthia a pour projet de développer l’équithérapie dans le département. « Je souhaiterais proposer des ateliers découvertes, de la médiation équine aux associations qui le souhaitent, gratuitement, pour promouvoir ces bienfaits. La professionnelle espère également visiter plusieurs EHPAD avec des poneys, pour que les résidents oublient leurs maux en compagnie des équidés.
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