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Des vélociraptors dans les Pyrénées ? Une nouvelle étude s’intéresse aux derniers dinosaures d’Europe

Une étude révèle une grande diversité de dinosaures dans les Pyrénées : le célèbre vélociraptor en fait partie

Une étude menée par des chercheurs de l’Institut Catalan de Paléontologie Miquel Crusafont (ICP-CERCA) et du Musée de la Conca Dellà (MCD) a révélé une grande diversité de dinosaures carnivores dans les actuelles Pyrénées à la fin du Crétacé, peu de temps avant leur extinction dans le monde entier. Photo d’illustration © Unsplash.

La recherche, centrée sur l’analyse de dents fossilisées et trouvées sur le gisement de Molí del Baró-1 (Pallars Jussà en Catalogne), apporte de nouvelles données sur la diversité et l’écologie des derniers dinosaures européens. Il s’agit de l’un des rares endroits en Europe qui conserve des restes fossilisés de dinosaures datés des dernières centaines de milliers d’années avant l’extinction globale – il y a 66 millions d’années – qui a entraîné la disparition des dinosaures non-aviens* sur la Terre.

« Le gisement de Molí del Baró-1 est comme une photographie de l’un des derniers moments des dinosaures européens »

L’une des particularités de ce gisement est qu’il a fourni plusieurs dents de dinosaures théropodes (communément appelés dinosaures carnivores), un groupe encore peu connu sur la péninsule Ibérique et, particulièrement, en Catalogne. Bien que les dinosaures carnivores aient été présents sur presque toute la planète, avec une grande diversité de tailles et de formes, les restes trouvés jusqu’à maintenant dans cette zone étaient rares et n’avaient pas été étudiés en détail.

L’étude, publiée dans la revue Cretaceous Research par une équipe de recherche internationale, a analysé plusieurs dents excavées lors de différentes campagnes de fouilles menées sur ce gisement qui date du Maastrichtien supérieur, il y a un peu plus de 66 millions d’années ; une période extrêmement proche (environ 300 000 ans) du moment de l’extinction des dinosaures dans le monde.

« Le gisement de Molí del Baró-1 est comme une photographie de l’un des derniers moments des dinosaures européens et nous offre une information très précieuse sur la diversité des dinosaures carnivores dans cette zone peu avant qu’ils ne disparaissent pour toujours », nous explique Oscar Castillo, chercheur à l’Institut Catalan de Paléontologie Miquel Crusafont et au Musée de la Conca Dellà, et premier signataire de l’article.

Trois groupes de dinosaures dont les célèbres vélociraptors

Les fossiles analysés révèlent la présence d’au moins trois groupes de dinosaures carnivores différents dans cette zone : vélociraptors, droméosauridés et troodontidés.

Les vélociraptors sont un groupe très divers, généralement de petite taille avec certaines formes plus grandes (mais très éloignées des tailles énormes imaginées par Steven Spielberg dans le très célèbre Jurassic Park). Les caractéristiques des dents identifiées sur le gisement catalan de vélociraptors et de droméosauridés suggèrent un régime carnivore avec un mécanisme d’alimentation connu sous le nom de « piquer et tirer » – qui consisterait à mordre en plantant les dents – suivi d’un mouvement de retrait vers l’arrière, arrachant des morceaux de chair au passage.

Une etude revele une grande diversite de dinosaures dans les Pyrenees 1280

Concernant les Troodontidae  (qui en Catalogne sont représentés par l’espèce Tamarro insperatus décrite à Sant Romà d’Abella en 2021), les caractéristiques de leurs dents suggèrent un régime omnivore, avec une forte proportion de plantes dans leur alimentation, ce qui contraste avec les régimes carnivores des autres théropodes.

Pour finir, un quatrième type de carnivore a été identifié, correspondant à la forme la plus petite trouvée sur le gisement, et qui pourrait appartenir à une lignée que l’on pensait déjà éteinte au cours du Maastrichtien et dont la distribution était pratiquement limitée à la Chine actuelle.

L’écosystème de l’Ibero-Armorique à la fin du Crétacé

« La présence de ces groupes de dinosaures dans la région d’Ibero-Armorique dessine un panorama bien différent de ce que nous connaissions dans d’autres endroits de la planète à cette phase finale du Crétacé », détaille Bernat Vila, chercheur et coauteur de l’étude.

Ibero-Armorique est l’ancienne île géante qui englobait des parties de la péninsule Ibérique et du sud de la France, et qui, selon d’autres études, présente des caractéristiques distinctes du reste du monde en ce qui concerne les faunes de dinosaures. Mais l’étude est allée encore plus loin ; l’analyse des marques d’usure dentaire des fossiles a permis d’inférer l’écologie de cette région.

« Tous les dinosaures de ce gisement étaient de petite taille, mais chacun occupait une niche différente de l’écosystème, de sorte que nous pensons qu’il y avait peu de compétition entre eux », commente Bernat Vila. Bien qu’ils appartiennent à des groupes étroitement apparentés, ils ont développé des régimes et des mécanismes d’alimentation différents.

Les dinosaures des Pyrénées, les derniers d’Europe

La recherche est une preuve supplémentaire de l’exceptionnel registre fossile de dinosaures en Catalogne. Les gisements des Pyrénées contiennent les restes des derniers dinosaures qui ont vécu en Europe, quelques millions et même milliers d’années avant leur extinction globale. Les fossiles qu’ils fournissent sont une ressource clé pour les paléontologues, et aussi une source inépuisable de contenus pour les centres d’interprétation et les musées de la région, qui diffusent ce patrimoine paléontologique unique.

L’intérêt pour les dinosaures pyrénéens tient au fait qu’ils représentent les derniers groupes documentés en Europe, apportant des informations cruciales sur les écosystèmes avant l’extinction massive de la fin du Crétacé. Les découvertes faites dans les gisements des Pyrénées ont permis de décrire plusieurs espèces de dinosaures nouvelles pour la science, comme Pararhabdodon isonensis, Tamarro insperatus ou Abditosaurus kuehnei.

*Dinosaures non-aviens : groupe n’incluant pas les oiseaux.

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MiP via ACN