Article mis à jour le 1 juillet 2019 à 19:04
Parce que le cinéma est « un média qui tient un discours » selon Michel Cadé, président de l’institut Jean Vigo… Alors, la 55e édition du Festival Confrontation sera dédiée aux femmes rebelles, une évocation, à travers toutes les périodes du cinéma, de la femme qui ne subit pas. Pas moins de 80 films seront projetés du 2 au 7 Avril 2019 au cinéma Castillet de Perpignan. 4 thèmes forts, des focus et des tables rondes, le festival sera même prolongé à partir du 11 Septembre à l’occasion de l’ouverture du nouveau cinéma de Canet-en-Roussillon.
♦ Soirée d’ouverture avec « le dernier Téchiné » tourné dans les Pyrénées-Orientales
« L’Adieu à la nuit » sera projeté en avant-première lors de la soirée d’ouverture du festival le 2 avril. Prévu pour une sortie dans les salles le 24 avril, le dernier long-métrage d’André Téchiné met en scène Catherine Deneuve dans les décors naturels des Pyrénées-Orientales. L’actrice incarne Muriel, grand-mère comblée d’accueillir quelques jours son petit-fils Alex sur le départ pour le Canada. Avant de découvrir que, derrière le masque du mensonge, Alex se prépare à une autre vie.
Pour André Téchiné, « Muriel est à la fois solide dans son métier et vulnérable dans sa relation à son petit-fils. Je voulais être au plus près de ces sentiments-là, mais je me méfiais de la bonne conscience. Il fallait que Muriel soit complètement désarmée, déroutée, désarçonnée. Elle finit par perdre un peu la raison (…), elle ne sait plus comment réagir. Elle ne cesse de se battre et de se débattre. »
♦ Un thème rattrapé par le phénomène #MeToo
Michel Cadé confie que le thème des « femmes rebelles », « celles qui furent et sont victimes sur la longue durée de l’histoire comme dans l’immédiat », est dans les cartons depuis maintenant 3 ans. Un choix qui se télescope avec l’actualité et l’onde de choc #MeToo.
Une thématique que Michel Cadé et son équipe souhaitent explorer et proposer sous plusieurs lectures, tout en abordant l’ensemble de l’histoire du cinéma. Avec Alain Loussouarn, directeur du Festival Confrontation, « nous avons construit ce programme en nous efforçant d’organiser des parcours bâtis à partir de ce que le cinéma a exprimé. Du regard qu’il a porté sur des femmes qui savaient dire non, refusant de s’enfermer dans un rôle comme dans un genre. C’est en tirant ces fils rouges que chacun.e pourra organiser son propre cheminement dans les œuvres proposées à sa sagacité. »
♦ 4 thèmes forts, des focus et des tables rondes
- Les pionnières reviendra sur les premières femmes réalisatrices de films, telles Alice Guy en France ou Elsie Jane Wilson aux États-Unis. Des aventurières, des pionnières et des héroïnes comme seul le cinéma à ses débuts en aura connu. Jacqueline Audry, réalisatrice née en 1908 qui tournera sont premier long métrage pendant la seconde guerre mondiale sera le focus de ce premier thème.
- Le cinéma militant féministe explorera les années 60/70 et l’éclosion des luttes féministes. Tout en restant minoritaires, des femmes cinéastes se sont imposées sur le devant de la scène artistique : Agnès Varda, Diane Kurys, Chantal Akerman ou la comédienne Delphine Seyrig. 27 films projetés et 3 focus sur Lina Wertmüller, Delphine Seyrig, les lesbiennes rebelles en mouvements.
- Les femmes en lutte, 22 films sur celles qui résistent, plaquent tout, qui assument à la place des hommes, incarnent des idéaux politiques et sociaux. Des femmes parfois obligées d’enfiler l’habit masculin pour arriver à leur fin.
- La représentation des femmes au cinéma, 18 films et autant de portraits de femmes dans toutes leurs diversités. Des femmes face à la maladie, aux médias, à l’éveil des sens, à la vie de couple, à la religion. Dans des registres différents, les focus de ce dernier thème seront Jean Grémillon et Kenji Mizoguchi.
♦ Anna Karina ou Ovidie parmi des dizaines d’invités
Ils et elles sont d’horizons et de générations différentes et pourtant tous et toutes invité.e.s à la table du Festival Confrontation. Acteur.rice.s, réalisateur.rice.s, cinéastes, technicien.ne.s du cinéma, historien.ne.s, écrivain.e.s, universitaires, ils et elles débattront, présenteront le fruit de leur réflexion ou de leur travail.
Égérie de la nouvelle vague, Anna Karina a tourné avec les plus grands, de Jean-Luc Godard à Visconti en passant par Fassbinder. À Perpignan le samedi 6 avril, elle évoquera tout d’abord l’un de ses rôles les plus marquants, celui de La Religieuse du film éponyme de Jacques Rivette en 1966. Elle reviendra également en soirée sur son premier long-métrage en tant que réalisatrice tourné en 1973 « Vivre Ensemble ». Ces deux films seront projetés ce jour-là dans le cadre du festival.
Ovidie est réalisatrice et documentariste. Entre 2000 et 2016, elle réalisé une dizaine de fictions pornographiques féministes dites « pro-sexe » pour le compte de la chaîne Canal +. Elle s’est tournée en 2011 vers le reportage avec Rhabillage produit par Jean-Jacques Beneix, puis vers les films documentaires quelle présente au Forum des images. Viendront s’ajouter à ces deux intervenantes d’autres grands noms tels que la réalisatrice espagnole Helena Taberna, Gérard Mordillat, Fronza Woods, Nina Faure ou Sébastien Bailly.
♦ Des temps forts et un « Happening » de clôture
Le festival ne ménage pas ses efforts pour proposer des formats variés tout au long de la semaine. L’organisation a ainsi prévu 3 ciné-concerts avec des séances mises en musique au piano ou à l’accordéon. Une nuit complète du cinéma est prévue le 5 avril de 21h à l’aube ! Cette nuit là, quatre films seront à l’affiche avec également des blind-tests entrecoupés de pause pizzas … Nouveauté 2019, le festival s’ouvrira aux scolaires et accueillera plus d’un milliers d’enfants du primaire au collège.
Le festival se dote également d’un espace dédié ouvert du 3 au 7 avril de 9h à 21h place de la victoire (ancienne Taverne Maître Kanter). Il aura pour vocation d’accueillir les festivaliers et la billeterie, mais aussi de proposer des zones rencontre, librairie et des expos.
La présentation du programme de cette édition 2019 s’est clôturée par un Happening de Jenny Cocotte du Cabaret Futur. Ce « laboratoire cabaristique » a ouvert à Perpignan depuis un an et propose actuellement son spectacle intitulé « Désordre ». Parmi ce collectif artistique, Alix Reig alias Alix Futur qui a eu le plaisir de travailler pour le danseur et chorégraphe Philippe Découflé. Avec ses acolytes, elle aura le plaisir de « performer » et de vous réserver quelques surprises lors de certaines séances du festival.
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