Article mis à jour le 10 octobre 2025 à 11:53
Ce samedi 11 octobre 2025, le batteur Gautier Garrigue se produit à Perpignan, au sein de « Gautier Garrigue quartet » et dans le cadre du festival Jazzèbre. Ce jeune musicien de 38 ans à la réputation internationale est devenu cette année révélation des Victoires du Jazz. Mais il a une particularité qui résonne au local : il a grandi à Ille-sur-Têt et fait son conservatoire à Perpignan. Photos © Jean-Baptiste Millot
Difficile de parler de déclic pour ce jeune Catalan. Il s’agit plutôt d’une trajectoire, car il a littéralement baigné dans la musique. « Mes parents ont toujours apprécié le jazz, on avait des vinyles à la maison. » En plus d’être mélomane, son père est guitariste amateur. A la maison, une pièce dédiée à la musique permet à Gautier de s’essayer à divers instruments, et il optera rapidement pour guitare et batterie.
Élève à l’école de musique d’Ille-sur-Têt, il ne se met pas tout de suite au jazz, mais sait déjà que la musique façonnera sa vie. « J’écoutais plutôt du rock, Jimi Hendrix, Nirvana… Je reprenais les riffs de guitare. »
Quand le professeur joue avec ses élèves
Le virage est pris au collège. Il opte pour une classe CHAM à Perpignan avec des horaires aménagés pour suivre le conservatoire. « Je dois beaucoup à mes parents. » Deux après-midi par semaine, il se forme à la batterie et aux ateliers jazz. « Les profs André Mallau et Serge Lazarevitch ont été de super pédagogues. Quand on est jeune, en batterie, il faut pousser le côté technique. Ça peut être rébarbatif pour un enfant mais ça s’avère important à la fin. Dans les ateliers jazz, Serge Lazarevitch jouait avec les élèves et ça change tout. »
Diplômé du conservatoire, notre Catalan débarque à Paris où il faut exister. Pas toujours simple en tant que provincial. Il participe à des jam sessions, multiplie les rencontres. « Il faut faire ses preuves quand on débarque dans une ville, tout jeune. »
Il a vingt ans à peine quand son groupe Flash Pig se forme. Une formation qui existe toujours et multiplie les concerts au national comme à l’étranger. Flash Pig a décroché le prix du Disque Français de l’Année de l’Académie du Jazz. « Le groupe a évolué, aujourd’hui on a toute une équipe derrière, une attachée de presse etc. »
En parallèle, Gautier Garrigue joue dans beaucoup d’autres groupes en tant que « sideman », collabore avec des figures prestigieuses comme Henri Texier, Michel Portal, Seamus Blake… avant de fonder « La Traversée » en tant que leader et compositeur.
Consécration à la capitale
Gautier Garrigue est distingué par Jazz Magazine et puis devient révélation de l’année aux Victoires du Jazz 2025. « C’est un bon moyen d’être identifié par les gens, les programmateurs etc. »
Quel secret pour un tel parcours d’exception ? « Il n’y a pas une recette magique. C’est ça qui est chouette en jazz, chacun a sa manière de jouer. Chacun doit avoir une identité forte et quand on appelle quelqu’un pour jouer, c’est parce qu’il a un certain style. La batterie est un instrument vaste, c’est une richesse, un toucher. Un batteur est déterminant pour un groupe. »
Pour Gautier, il n’existe plus de vraie définition du jazz, mais des bases qui se réinventent, se nourrissent d’autres musiques. Paradoxalement, le jazz les a nourries aussi. « Le jazz est le point de départ de la pop, du reggae, du rap… Tout part du jazz. » Gautier Garrigue est notamment fasciné par Keith Jarret, pianiste maître de l’improvisation.
Notre batteur compose depuis jeune, d’abord en s’enregistrant puis en écrivant la musique. Son projet de jazz moderne « La Traversée » est l’aboutissement de cette créativité. « Je suis allé chercher au fond de moi-même. Il y a des influences que j’ai depuis longtemps, la musique classique, contemporaine, folk. Le choix des musiciens pour ce projet était très important. On sait comment ça va sonner parce que ce sont eux qui jouent. »
Transmettre pour former la relève
Si Gautier pourrait vivre de sa musique, il enseigne néanmoins. Et après des masterclass et interventions dans des conservatoires, il a obtenu un poste dans la prestigieuse école normale de musique Alfred Cortot.
« La liste des profs est impressionnante, il y a des musiciens de renommée internationale. » Plutôt connue pour le classique, l’école vient d’ouvrir un département de jazz. « Ça démarre à peine, j’espère que dans les années qui arrivent la classe va s’agrandir. »
La jeunesse est loin de se désintéresser du jazz, contrairement à l’idée reçue. Gautier Garrigue en est la preuve vivante, et il évoque ces adolescents américains au talent exceptionnel. La relève est là.
En attendant, entre quelques retours sur Ille-sur-Têt pour retrouver ses terres natales, Gautier Garrigue travaille déjà à l’écriture du prochain album. « Il faut avant tout faire une musique qui nous plaît, je ne ferais pas un disque pour faire un disque. Il faut que j’en sois un peu content, que ce soit quelque chose d’abouti. »
Voir Gautier Garrigue en concert dans les Pyrénées-Orientales :
Gautier Garrigue quartet
Avec Federico Casagrande, Maxime Sanchez et Florent Nisse
Samedi 11 octobre 2025 à 18h30 au théâtre municipal de Perpignan, dans le cadre du festival Jazzèbre.
Entrées entre 7 et 18 euros.
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